La maquette numérique est en phase d'essor, avec une multiplication des acteurs et des compétences requises. Les besoins de normalisation des échanges de données ainsi que ceux de formation professionnelle sont donc deux thématiques au cœur du défi. Deux conférences, animées par Médiaconstruct, étaient dédiées à ces questions sur le salon BIM World.
IFC, IDM, IFT, MVD, BCF… les sigles abscons se multiplient dès que l'on creuse les questions de maquette numérique. Pour Souheil Soubra, directeur technologies de l'information au CSTB et animateur d'une conférence sur le salon BIM World, "la normalisation du BIM est un vrai sujet, avec des enjeux concrets et une réelle difficulté". Le spécialiste avertit : "L'enjeu est de fiabiliser les échanges autour du BIM. Les procédures doivent être industrialisées". Il distingue plusieurs niveaux pour ces échanges, tous structurés selon la norme ISO 19650 : "Tout d'abord, il y a l'étage IDM, pour information delivery material, qui rassemble tous les acteurs d'un projet souhaitant communiquer entre eux. En dessous, se situe l'étage machine, avec les IFC (Industry foundation classes) et les BCF (BIM collaboration formation). Ces derniers correspondent à des annotations, similaires à des post-it pour attirer l'attention. Enfin, encore plus bas, se trouve l'étage de la terminologie des objets BIM, qui rassemble dictionnaires et classifications".
Une architecture déjà complexe à appréhender à laquelle il ne faut pas ajouter une multiplicité des formats. Des commissions travaillent donc à la normalisation, notamment des IDM. Marie-Claire Coin, directrice de projet chez Vinci Construction France, détaille : "Pour décrire les IDM, il faut décrire les besoins en information entre les processus ; spécifier comment l'information doit être échangée entre les processus ; identifier les acteurs qui envoient et reçoivent de l'information ; définir, spécifier et décrire les informations échangées pour satisfaire les exigences à chaque point important du processus ; assurer que la définition, la spécification et la description des précédents éléments est utile et facilement compréhensible ; créer des spécifications détaillées de l'information saisie de manière à faciliter le développement des logiciels utilisant ces IDM ; veiller à ce que les spécifications soient cohérentes avec les pratiques locales". En d'autres termes, il faut que les échanges entre professionnels se fassent en langage naturel, qu'il sera plus aisé de manipuler.
Frédéric Grand, président de Quod Semantics, donne l'exemple d'un architecte utilisant le BIM et souhaitant appeler un objet BIM des plus simples, une fenêtre de dimensions X-Y. "Les dictionnaires d'objets doivent normaliser les propriétés, qu'il s'agisse d'identification - s'agit-il d'une fenêtre simple ou d'une fenêtre de toit ? - ou de dimensions". Car le clair de vitrage n'est évidemment pas égal aux dimensions hors tout… "Il faut un réseau de dictionnaires harmonisés, reposant sur une même méthodologie, décrivant de la même façon les objets et leurs propriétés. Nous avons donc besoin d'un langage commun", poursuit-il. La norme sera, cette fois, l'ISO 12006-3, une taxonomie qui servira de brique de base au stockage de toutes les données. Viendra ensuite la norme expérimentale française XP P07-150, "une méthodologie de définition des propriétés et de leur gestion", dévoile l'expert. Une expérimentation a notamment été lancée, suite à un appel d'offres du Plan de transition numérique du bâtiment : à ce jour, une trentaine d'objets et 300 propriétés ont été renseignés grâce au travail de 200 personnes mobilisées pendant 4 mois environ. Au niveau international, la France participe à une initiative commune avec la Norvège et le Royaume-Uni pour cette harmonisation transnationale des dictionnaires (CEN/TC 442/WG4). In fine, selon Ana Roxin, maître de conférences à l'université de Bourgogne, il sera possible d'extraire des visualisations particulières de la maquette numérique par simple requête du type "quelles sont les escaliers utilisables en cas d'alerte incendie dans ce bâtiment ?"
Avant d'en arriver à un tel degré de compréhension, une grande maîtrise de l'outil BIM sera toutefois nécessaire à tous les acteurs de la construction, qu'il s'agisse d'architectes, d'ingénieurs ou d'intervenants sur les chantiers. Une transition numérique se fait donc, de façon accélérée, dans tout le secteur. Christophe Fournier, du bureau d'études spécialisé en génie nucléaire Assystem, détaille : "La montée en compétence doit être rapide. Et cela revêt plusieurs aspects : financier, managérial, RH, technique et de culture d'entreprise". Pour lui, l'investissement sera absolument indispensable, tout comme la patience et l'empathie dans le management. Concernant la formation, il insiste sur l'attention portée au choix des solutions informatiques étudiées et rappelle l'existence de la clause du "dédit-formation", qui permet à un employeur de se faire rembourser les frais engagés par un employé qui quitterait ses fonctions juste après avoir acquis de nouvelles connaissances techniques. De son côté, le monde de l'enseignement, par la voix de Didier Magnier, inspecteur de l'Education nationale, précise : "Nous devons nous adresser à tous les publics, qu'il s'agisse de formation initiale ou continue. Il y a des attentes".
L'inspecteur souligne les efforts de décloisonnement dans les pratiques éducatives, afin que soient impliquées différentes filières (ingénieurs, architectes, artisans, etc.) et différents niveaux (BTS, Bac pro, formations supérieures). Des projets en démarche collaborative sont instaurés dans toutes les formations, de même que sont prises en compte les nouvelles compétences dans les référentiels et examens. Concernant le compte personnel de formation, Didier Magnier ajoute que l'offre de formation continue est en train de se mettre en place, même si elle ne répond pas encore à toute la demande. Quant à l'ordre national des architectes, il assure que, lui aussi, se montre attentif à ce que les architectes soient correctement formés au BIM, par la mise en place d'un corpus d'enseignements à destination des écoles nationales. Si la matière n'est pas obligatoire en soi, elle est cependant largement abordée au travers de multiples aspects comme l'économie de la construction ou la gestion de projets.
Utiliser un langage clair pour communiquer simplement
Une architecture déjà complexe à appréhender à laquelle il ne faut pas ajouter une multiplicité des formats. Des commissions travaillent donc à la normalisation, notamment des IDM. Marie-Claire Coin, directrice de projet chez Vinci Construction France, détaille : "Pour décrire les IDM, il faut décrire les besoins en information entre les processus ; spécifier comment l'information doit être échangée entre les processus ; identifier les acteurs qui envoient et reçoivent de l'information ; définir, spécifier et décrire les informations échangées pour satisfaire les exigences à chaque point important du processus ; assurer que la définition, la spécification et la description des précédents éléments est utile et facilement compréhensible ; créer des spécifications détaillées de l'information saisie de manière à faciliter le développement des logiciels utilisant ces IDM ; veiller à ce que les spécifications soient cohérentes avec les pratiques locales". En d'autres termes, il faut que les échanges entre professionnels se fassent en langage naturel, qu'il sera plus aisé de manipuler.
Frédéric Grand, président de Quod Semantics, donne l'exemple d'un architecte utilisant le BIM et souhaitant appeler un objet BIM des plus simples, une fenêtre de dimensions X-Y. "Les dictionnaires d'objets doivent normaliser les propriétés, qu'il s'agisse d'identification - s'agit-il d'une fenêtre simple ou d'une fenêtre de toit ? - ou de dimensions". Car le clair de vitrage n'est évidemment pas égal aux dimensions hors tout… "Il faut un réseau de dictionnaires harmonisés, reposant sur une même méthodologie, décrivant de la même façon les objets et leurs propriétés. Nous avons donc besoin d'un langage commun", poursuit-il. La norme sera, cette fois, l'ISO 12006-3, une taxonomie qui servira de brique de base au stockage de toutes les données. Viendra ensuite la norme expérimentale française XP P07-150, "une méthodologie de définition des propriétés et de leur gestion", dévoile l'expert. Une expérimentation a notamment été lancée, suite à un appel d'offres du Plan de transition numérique du bâtiment : à ce jour, une trentaine d'objets et 300 propriétés ont été renseignés grâce au travail de 200 personnes mobilisées pendant 4 mois environ. Au niveau international, la France participe à une initiative commune avec la Norvège et le Royaume-Uni pour cette harmonisation transnationale des dictionnaires (CEN/TC 442/WG4). In fine, selon Ana Roxin, maître de conférences à l'université de Bourgogne, il sera possible d'extraire des visualisations particulières de la maquette numérique par simple requête du type "quelles sont les escaliers utilisables en cas d'alerte incendie dans ce bâtiment ?"
D'énormes besoins en formation dans les années qui viennent
Avant d'en arriver à un tel degré de compréhension, une grande maîtrise de l'outil BIM sera toutefois nécessaire à tous les acteurs de la construction, qu'il s'agisse d'architectes, d'ingénieurs ou d'intervenants sur les chantiers. Une transition numérique se fait donc, de façon accélérée, dans tout le secteur. Christophe Fournier, du bureau d'études spécialisé en génie nucléaire Assystem, détaille : "La montée en compétence doit être rapide. Et cela revêt plusieurs aspects : financier, managérial, RH, technique et de culture d'entreprise". Pour lui, l'investissement sera absolument indispensable, tout comme la patience et l'empathie dans le management. Concernant la formation, il insiste sur l'attention portée au choix des solutions informatiques étudiées et rappelle l'existence de la clause du "dédit-formation", qui permet à un employeur de se faire rembourser les frais engagés par un employé qui quitterait ses fonctions juste après avoir acquis de nouvelles connaissances techniques. De son côté, le monde de l'enseignement, par la voix de Didier Magnier, inspecteur de l'Education nationale, précise : "Nous devons nous adresser à tous les publics, qu'il s'agisse de formation initiale ou continue. Il y a des attentes".
L'inspecteur souligne les efforts de décloisonnement dans les pratiques éducatives, afin que soient impliquées différentes filières (ingénieurs, architectes, artisans, etc.) et différents niveaux (BTS, Bac pro, formations supérieures). Des projets en démarche collaborative sont instaurés dans toutes les formations, de même que sont prises en compte les nouvelles compétences dans les référentiels et examens. Concernant le compte personnel de formation, Didier Magnier ajoute que l'offre de formation continue est en train de se mettre en place, même si elle ne répond pas encore à toute la demande. Quant à l'ordre national des architectes, il assure que, lui aussi, se montre attentif à ce que les architectes soient correctement formés au BIM, par la mise en place d'un corpus d'enseignements à destination des écoles nationales. Si la matière n'est pas obligatoire en soi, elle est cependant largement abordée au travers de multiples aspects comme l'économie de la construction ou la gestion de projets.