Dans un contexte de crise économique mondiale, de tensions géopolitiques et de dérèglement climatique, la facture énergétique de la France pèse de plus en plus lourd, malgré une consommation relativement stable. Et contrairement à une idée reçue, le mix des énergies évoluerait finalement peu depuis le début des années 2000, révèle le dernier bilan du CGDD.

L'année 2011 a été marquée par une crise économique mondiale, d'une ampleur sans précédent : la croissance de la production et le commerce mondial ont nettement ralenti, affectant particulièrement les pays développés de la zone Euro. Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient notamment font, de plus, grimper encore les prix des matières premières, pétrole en tête : l'or noir a coûté plus de 61 Mrds € à la France, représentant à lui seul 88 % du déficit commercial du pays. La facture pétrolière, qui représentait 1 % du produit intérieur brut (PIB) dans les années 1990, dépasse aujourd'hui les 3 % du PIB.

 

Les énergies renouvelables ne compensent pas tout
Mais la météo est venue au secours du pays ! L'année 2011 a été la plus chaude jamais enregistrée depuis plus d'un siècle, avec une température moyenne supérieure de 1,3 °C à la référence (calculée entre 1981 et 2010). Les besoins énergétiques pour le chauffage ont dont été moindres, permettant d'économiser 6,6 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole). Autre effet du réchauffement climatique, la progression plus lente que prévu des énergies renouvelables : entre 2005 et 2011, la consommation de ces EnR aurait dû progresser de 6 Mtep mais elle n'a en réalité atteint que 4,6 Mtep. La production hydraulique notamment a énormément souffert de la sécheresse que subit la France : elle a atteint un seuil historiquement bas à moins de 4 Mtep (-25 %). Les énergies thermiques renouvelables ont également pâti de la douceur du climat : le bois et les pompes à chaleur ont ainsi été sous-exploités. Les productions éolienne (+25 %) et photovoltaïque électrique (+226 %) ont fortement progressé mais elles ne compensent pas la chute des autres énergies renouvelables (valorisation thermique des déchets -9,3 %). Au final, les EnR n'atteignent pas les objectifs d'étape fixés par le plan d'action national ; elles doivent représenter 23 % des sources énergétiques en 2020 (13,1 % en 2011, soit 57 % de l'objectif final). La production énergétique nationale totale a légèrement augmenté (+0,6 %), atteignant la valeur record de 139 Mtep. L'énergie nucléaire a notamment accru sa production de 3,6 Mtep, car comme le dit le slogan « En France, on n'a pas de pétrole… » (moins de 2 Mtep).

 

Stabilisation de la consommation
La consommation finale énergétique reste globalement stable (+0,1 %). Certains secteurs se démarquent, malgré la hausse des tarifs de l'énergie, comme le transport (+1,5 %), le tertiaire et le résidentiel. En revanche la consommation d'énergie diminue dans l'agriculture (-1,1 %) et dans l'industrie (-3,4 %) bien que la production industrielle soit en hausse. Par habitant, la consommation d'énergie finale est en baisse de 0,5 %. L'intensité énergétique finale diminue donc de 1,6 % en 2011, un bon résultat, un peu en deçà des 2 % fixés par les orientations de la politique énergétique. Les émissions de gaz carbonique ont même diminué de 6,7 %, fortement impactées par les conditions climatiques. Une baisse interprétée comme un signe favorable par le Commissariat général au développement durable dans son « Bilan énergétique de la France ».

actionclactionfp