GRAND TÉMOIN. Emmanuelle Cosse est la présidente de l'Union sociale pour l'habitat depuis novembre 2020. Femme engagée, elle a partagé avec Batiactu, en mai 2024, sa vision de notre secteur alors qu'une crise du logement sans précédent s'est installée et nous explique comment, malgré une inaction de l'État selon elle, les bailleurs sociaux tentent d'y faire face.


C'est à une Emmanuelle Cosse plus que jamais engagée et en colère que nous faisions face le 13 mai 2024, dans les locaux de l'Union sociale pour l'habitat (USH). L'objet de son courroux ? L'absence de réaction forte des pouvoirs publics, selon elle, face à une crise du logement qui secoue notre pays depuis plusieurs mois et ne cesse de s'amplifier. Pour cette femme politique - elle a été notamment elle-même ministre du Logement sous la mandature de François Hollande - et militante, difficile de comprendre pourquoi l'État ne s'engage pas plus pour relancer la production de logements dans un marché totalement bloqué, alors que tant de Français en cherchent.

 

La demande de logement social n'a en effet jamais été aussi forte et en progression qu'aujourd'hui. Plus largement, le parc privé atrophié ne répond pas, lui non plus, aux besoins actuels. Et pourtant l'habitat est au cœur de tant de politiques publiques ! Hébergement bien entendu, mais aussi emploi ou encore attractivité des territoires… La présidente de l'USH dresse ainsi la liste des nombreux enjeux qui découlent de cette question pour l'ensemble de la société. Et insiste sur le fait que la transition environnementale, quoique difficile à mener de front, reste plus que jamais nécessaire : les conséquences d'un pays qui ne loge pas ses citoyens dans des conditions dignes seront en effet pires à affronter demain. La représentante des bailleurs sociaux s'affiche enfin comme une des plus ferventes défenseures du modèle du logement social de notre pays, essentiel au vivre-ensemble et que "le monde entier nous envie".

 

Un plan de relance par le logement social

 

Pour elle, c'est d'ailleurs du logement social que doit partir le plan de relance de la production. Et s'il y a un trait de caractère qu'on ne peut lui enlever, c'est bien son engagement sans faille contre le fatalisme ambiant. Le combat n'est jamais fini. Même si tout s'effondre, il faut garder espoir, car il y aura toujours une solution à trouver, à débusquer, à provoquer, à porter au plus haut sommet de l'État s'il le faut… La politique de la chaise vide pour marquer un mécontentement ? N'y comptez pas ! S'il faut monter sur le ring, discuter et débattre, Emmanuelle Cosse ne se fera pas prier. Même si elle regrette l'absence inexplicable d'un véritable accompagnement de l'État…

 

Batiactu a rencontré la présidente de l'USH, pour échanger sur sa vision de notre secteur, mais aussi pour mieux la connaître et comprendre ce qui l'anime, à travers un portrait en cinq traits.

 

Avec ces entretiens Grands Témoins, Batiactu vous invite à mieux connaître des personnalités aux horizons divers, mais qui contribuent aujourd'hui, par leurs visions, leurs réflexions et leurs actions, à expliquer, anticiper, façonner, faire exister notre cadre de vie et donc, la société dans laquelle nous voulons vivre.

 

Un appel à une véritable mobilisation de l'État

Alors qu'une crise du logement sans précédent secoue notre pays, comment analysez-vous l'actualité des derniers mois et quel en a été l'impact sur le secteur, sur la vision que vous en avez ?

Ce qui est très troublant dans l'analyse que nous pouvons faire de l'actualité des derniers mois, c'est que cette crise, que tout le monde pourtant craignait et annonçait, ne crée aucune réaction politique des pouvoirs publics. Même s'il est vrai qu'elle s'est accélérée et accentuée, notamment du fait de la guerre en Ukraine, ce n'est pas la crise en elle-même qui est difficile à comprendre, nous en avons connu d'autres, mais c'est cette inaction. L'accession à la propriété est bloquée, des promoteurs font des plans sociaux, ce que l'on n'avait pas vu depuis fort longtemps, la demande HLM augmente de manière dingue, car il n'y a plus d'offre dans le parc locatif privé... Tout le monde est touché avec des impacts économiques plus ou moins durs en fonction des acteurs, et il ne se passe pas grand-chose…
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