MÉTIERS. Quasiment 203.600 jeunes ont été embauchés en apprentissage dans des entreprises artisanales au cours de l'année scolaire 2022-2023, un chiffre en hausse de 5%. La féminisation a cependant encore du mal à progresser dans le BTP.

La morosité économique et le brouillard politique ne découragent pas les jeunes à s'orienter vers les métiers du bâtiment. Au cours de l'année scolaire 2022-2023, 203.570 jeunes ont été embauchés en apprentissage dans des entreprises artisanales de moins de 20 salariés, un chiffre en hausse de 5% sur un an et même de 36% depuis la rentrée 2018-2019.

 

 

La preuve que l'artisanat continue à attirer, capitalisant notamment sur certaines mesures de la réforme de 2018 (loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel") qui permettent aux professionnels de diversifier les profils d'apprentis qu'ils recrutent.

 

"Depuis 2018, un public de plus en plus varié se tourne vers l'apprentissage : jeunes en reconversion, reprise d'études... Les femmes sont d'ailleurs de plus en plus présentes parmi les apprentis. Cette diversité apporte une richesse nouvelle à l'apprentissage de l'artisanat, qui conserve une place centrale dans la formation et l'emploi des jeunes", explique Antoine Ermeneux, directeur général de Maaf.

 

Les électriciens ont la cote

 

En ce début septembre, l'assureur publie, en partenariat avec l'Institut supérieur des métiers (ISM), son traditionnel baromètre de l'apprentissage dans l'artisanat, qui confirme aussi cette tendance positive pour le secteur du bâtiment.

 

Bien que l'augmentation globale du nombre d'apprentis est essentiellement due à l'artisanat des services et de la fabrication, la construction conserve une place dans le top 5 des activités artisanales formant le plus grand nombre d'apprentis. En 2022-2023, les travaux d'installation électrique ont recruté 10.850 jeunes, soit 2% de plus qu'un an plus tôt.

 

La plus grande diversité des parcours et l'élévation du niveau de diplôme orientent davantage d'effectifs vers les métiers artisanaux. D'après le baromètre Maaf-ISM, le nombre d'apprentis de l'artisanat préparant un diplôme de l'enseignement supérieur a plus que doublé (+126%) depuis 2018-2019 et près d'un apprenti sur cinq (18%) prépare désormais un diplôme post-Bac.

 

Le bâtiment attire les profils en reconversion

 

Les filières se retrouvent donc à former des apprentis plus âgés, souvent en réorientation ou en reconversion, et donc entrés en apprentissage sur le tard. Toujours depuis 2018, on estime que la part des apprentis de plus de 25 ans a doublé suite à la réforme de l'ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

 

"En accueillant de plus en plus d'apprentis aux parcours moins linéaires (élèves ou étudiants en réorientation, demandeurs d'emploi ou salariés en reconversion), l'artisanat se distingue par une grande inclusivité et l'apprentissage s'impose comme une filière d'excellence pour les reconversions des jeunes adultes. Des enjeux qui sont cruciaux pour les entreprises artisanales dont les besoins de recrutement sont énormes", analyse Catherine Élie, directrice des études de l'ISM.

 

On retrouve notamment de nombreux métiers du bâtiment dans le palmarès des diplômes les plus attractifs pour les parcours de reconversion. Le BP Charpentier, le TP Menuisier et le TP Peintre en bâtiment comptent respectivement 50%, 33% et 21% d'apprentis de plus de 25 ans. Le baromètre a aussi relevé que le CAP Menuisier totalisait 180 reconversions après des études supérieures, quand les CAP Menuisier et Charpentier représentaient 180 et 160 reprises d'études depuis l'emploi.

 

 

Les effectifs d'apprentis baissent en outre-mer

 

Si globalement la féminisation des métiers progresse dans l'artisanat, le BTP a encore du mal à accorder une plus grande place aux femmes. Le secteur ne parvient pas à se hisser dans le palmarès des secteurs les plus en pointe sur ce sujet, largement devancé par l'alimentation (où 36% des apprentis sont des femmes) et la fabrication (26%).

 

Pour le reste, la bonne dynamique de l'apprentissage est assez homogène sur l'ensemble du territoire métropolitain. La Nouvelle-Aquitaine et la Bourgogne-Franche-Comté enregistrent chacune une croissance de 7% de leur nombre d'apprentis. À l'inverse, l'Île-de-France et le Centre-Val de Loire n'ont bénéficié que d'une timide hausse, inférieure à 3%. Les collectivités ultramarines, elles, voient leurs effectifs baisser.

 

7 apprentis sur 10 décrochent un poste six mois après avoir été diplômés

 

Maaf et l'ISM se sont aussi penchés sur l'insertion des apprentis sur le marché de l'emploi. Ces derniers sont, en moyenne et tous secteurs confondus, 70% à décrocher un poste dans les six mois suivant leur sortie de l'école. Toutes les formations sont concernées par cette tendance, particulièrement marquée pour les diplômés de brevets professionnels et de BTS, qui sont pour leur part assurés de trouver un emploi à hauteur de 78% et 79%.

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