SANTÉ/SÉCURITÉ. Les chiffres 2019 de l'Assurance maladie - Risques professionnels montrent une légère diminution des accidents du travail l'année dernière, contre-balancée par une faible augmentation des maladies professionnelles. Le BTP s'inscrit notamment dans cette tendance.
Les statistiques de l'Assurance maladie - Risques professionnels pour l'année 2019 sont en demie-teinte : si le nombre d'accidents du travail enregistre factuellement une hausse de 0,6% par rapport à 2018, ce phénomène s'explique en réalité par l'augmentation quasi-proportionnelle de 2% du nombre de salariés dans le même laps de temps. Avec 655.715 "sinistres" comptabilisés par les autorités l'année dernière, la fréquence des accidents du travail est toutefois en légère baisse en comparaison à son niveau de 2018, atteignant maintenant 33,5 pour 1.000 salariés. "Elle reste à un niveau stable depuis plusieurs années et toujours historiquement bas", commente l'Assurance maladie. "La sinistralité par secteur d'activité présente la même tendance légèrement baissière, sauf dans le secteur tertiaire."
99.000 accidents de trajets en 2019, le niveau "le plus haut jamais atteint depuis l'année 2000"
Le bâtiment et les travaux publics affichent notamment une faible baisse des accidents du travail, de l'ordre de 0,3%, à l'image d'ailleurs du secteur du bois. Parmi les principales causes : les manutentions manuelles à hauteur de 50%, les chutes (de hauteur comme de plain-pied) à 28%, l'outillage à main à 8%. En revanche, les sinistres ont progressé de 1,3% dans le domaine du travail temporaire. D'autres secteurs d'activité ont également constaté une légère reprise du nombre d'accidents, comme la métallurgie (+0,6%) ou encore le transport et l'énergie (+0,3%). De même, les sinistres ayant lieu sur le trajet entre le domicile et le lieu de travail ont augmenté de moins de 1% en 2019, dans la foulée d'une année 2018 où ils s'étaient envolés à cause des conditions climatiques et des nombreuses intempéries. Pour autant, l'Assurance maladie totalise tout de même 99.000 accidents de trajets pour l'année dernière, en soulignant qu'il s'agit "du niveau le plus haut jamais atteint depuis l'année 2000".
A contrario des accidents du travail, et pour la deuxième année consécutive, les maladies professionnelles ont progressé de 1,7% en 2019, avec 50.392 cas reconnus comme tel. Signe des temps, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont à l'origine de 88% (44.492) de ces maladies. En outre, les autorités ont observé que les maladies liées à l'amiante avaient tendance à se stabiliser (2.881), alors que les affections causées par la silice cristalline et les troubles psychiques liées au travail engrangent respectivement 13,9% et 6%. Les pathologies dites fréquentes, et englobant des problèmes de surdités, d'allergies, d'asthme ou encore d'eczéma, se chiffrent à 1.205.
Des recommandations de prévention des chutes sur 1.200 chantiers
L'Assurance maladie, qui mise entre autres sur de nouvelles procédures dématérialisées plus rapides (comme le service de notification en ligne du taux de cotisation, bientôt obligatoire pour les entreprises d'au moins 10 salariés), lance aussi des actions de prévention ciblées sur les sociétés et les salariés des secteurs d'activité les plus à risque. En 2019, trois programmes prioritaires ont ainsi été menés autour des TMS, des risques chimiques et des chutes dans le BTP. Au bout du compte, environ 6.500 entreprises accompagnées ont mis en place un plan d'actions contre les TMS, après qu'une majorité d'entre elles se soient elles-même évaluées ; du côté de la construction, les caisses régionales de l'Assurance maladie ont formulé des recommandations de prévention des chutes sur 1.200 chantiers de maisons individuelles, de sites industriels ou de bâtiments commerciaux.
La branche Risques professionnels de la Sécurité sociale a par ailleurs proposé aux entreprises de moins de 50 salariés un dispositif d'aide pour prévenir les risques d'accidents les plus fréquents. Des "Subventions prévention TPE" qui ont pu être utilisées pour acheter des matériels dédiés, financer des formations ou élaborer des solutions de sécurité. Dans le même style, les "Contrats de prévention" accompagnent les sociétés de moins de 200 salariés dans la mise en place de projets de santé et sécurité au travail. L'année dernière, les aides financières engagées par la branche se sont ainsi élevées à près de 90 millions d'euros, avec plus de 6.000 demandes de Subventions prévention TPE et un millier de Contrats prévention signés. Niveau formations, 1,25 million de stagiaires en formation continue et plus d'un million d'apprentis en formation initiale s'en sont vu dispenser par des organismes habilités, et plus de 8 millions de contenus consacrés à la prévention ont été téléchargés sur le site de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), une structure financée notamment par l'Assurance maladie.
Des subventions "Prévention Covid" pour aider les PME et indépendants à financer leurs protections anti-Covid
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Evidemment, la crise sanitaire et économique du coronavirus a aussi nécessité d'autres actions, qui se sont traduites par un accompagnement dédié durant le confinement et lors du déconfinement, une aide à la prise en charge des victimes du Covid-19 et une prévention spécifique contre cette pandémie. Quelque 80 fiches-métiers ont été rédigées pour assurer la protection des salariés sur leur lieu de travail tout en définissant un plan de reprise à destination d'une quinzaine de secteurs d'activité. Le site www.ameli.fr/entreprise propose d'ailleurs une prévention en ligne contre le coronavirus ainsi que, bien sûr, l'ensemble des autres risques professionnels.
En mai dernier, la branche Risques professionnels de l'Assurance maladie a également lancé une subvention baptisée "Prévention Covid" et dotée de 50 millions d'euros, pour aider les structures de moins de 50 salariés et les travailleurs indépendants à financer jusqu'à la moitié de leurs investissements en équipements de protection contre le coronavirus. D'après les chiffres officiels, 40.000 demandes de cette subvention avaient été adressées aux caisses régionales au 31 juillet 2020.