INDÉPENDANTS. Alors que le statut d'auto-entrepreneur (rebaptisé micro-entrepreneur entre-temps) a célébré en 2019 son 10e anniversaire, le réseau des Unions de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale dresse un bilan de la situation des indépendants en France. Si les micro-entrepreneurs représentent aujourd'hui quasiment la moitié des indépendants tous secteurs d'activité confondus, le BTP affiche quelques subtilités. Détails.
L'année 2019 aura aussi été celle du 10e anniversaire du statut d'auto-entrepreneur, l'occasion pour l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss, qui chapeaute les Urssaf) de dresser un bilan de la situation des indépendants en France. On y apprend tout d'abord que les micro-entrepreneurs portent depuis une dizaine d'années maintenant la croissance des indépendants : alors que le nombre de travailleurs "classiques" s'est rétracté chaque année de 1,9% entre 2009 et 2019, les auto-entrepreneurs ont en revanche bondi de 26,5% sur la même période. Si bien que ces derniers représentent aujourd'hui 47,6% de l'ensemble des travailleurs indépendants, soit 1,7 million de micro-entrepreneurs sur 3,6 millions d'indépendants. En 2019, 575.775 nouveaux inscrits sont venus grossir les rangs des auto-entrepreneurs, portant à 1,71 million le nombre de personnes administrativement actives, dont 1,17 million économiquement actifs - c'est-à-dire générant un chiffre d'affaires positif.
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Concernant le bâtiment et les travaux publics, les travailleurs indépendants classiques y restent néanmoins très largement majoritaires, à hauteur de 220.000 personnes, contre environ 35.000 pour les micro-entrepreneurs. Dans le détail des segments d'activité délimités par les Urssaf, on note que le gros-œuvre compte 132.700 indépendants, les travaux d'installation 110.500 et les travaux de finition 169.400. Les indépendants classiques s'élèvent à 76.200 dans le gros-œuvre, 63.900 dans les travaux d'installation et 79.200 dans les travaux de finition. Les auto-entrepreneurs, eux, sont 56.500 à exercer dans le gros-œuvre (71,3% sont économiquement actifs), 46.600 dans les travaux d'installation (73,2% génèrent un chiffre d'affaires positif) et 90.200 dans les travaux de finition (74,4% économiquement actifs).
Sur le plan des salaires, les indépendants classiques gagnaient, en 2018, 30.900 € en moyenne dans le gros-œuvre, 31.550 € dans les travaux d'installation et 29.000 € dans les travaux de finition. Du côté des micro-entrepreneurs économiquement actifs, l'écart est pour le moins très significatif, puisqu'ils n'ont perçu en 2019 que 8.600 € dans le gros-œuvre (+4,2% entre 2011 et 2019), 9.650 € dans les travaux d'installation (+5,3%) et 8.870 € dans les travaux de finition (+4,1%). On retiendra enfin que les indépendants classiques et auto-entrepreneurs "non-polyactifs", autrement dit ne cumulant pas leur activité d'entrepreneur avec une autre activité salariée, sont deux fois plus nombreux que ceux dits polyactifs, et ce dans les 3 segments du BTP. Ce qui veut donc dire que la grande majorité des chefs d'entreprises de la construction exercent leur métier à temps plein.
Île-de-France, Corse et Aquitaine sont les régions comptant le plus d'auto-entrepreneurs
La conjoncture a donc été plutôt favorable aux auto-entrepreneurs et a bénéficié à tous les secteurs d'activité, dans des proportions diverses toutefois ; idem sur le plan géographique, avec une moyenne nationale de +3,3% entre 2009 et 2019 mais avec des disparités régionales, les métropoles attirant le plus d'entrepreneurs. Ainsi, d'après le réseau des Urssaf, les régions qui affichent les plus fortes augmentations d'indépendants sont la plupart du temps celles où se concentrent le plus de micro-entrepreneurs. L'Île-de-France enregistre par exemple une hausse de 5,3% pour une part d'auto-entrepreneurs de 57,7% dans le total des indépendants ; on notera également les moyennes de +3,6% pour l'Alsace (part de 45%), +3,7% pour Rhône-Alpes (part de 47,1%), +3,8% pour la Corse (part de 51,9%) et +4,1% pour l'Aquitaine (part de 49%).
L'Administration constate en outre que le statut de micro-entrepreneur vient souvent en complément d'une activité salariée : au 31 décembre 2019, 21,4% des auto-entrepreneurs actifs étaient aussi des salariés, contre 6,5% seulement pour les travailleurs indépendants classiques. Les revenus moyens engrangés par les micro-entrepreneurs sont également en hausse, même si l'écart avec ceux touchés par les autres indépendants reste encore gigantesque. En augmentation de 3,7% en moyenne chaque année, le revenu moyen des auto-entrepreneurs s'élève à 5.600 €, tandis que celui des indépendants classiques s'octroie +3,6% et s'établit à 41.900 €. Mais là encore, les revenus diffèrent selon les régions : en 2018, un travailleur indépendant gagnait 56.350 € en moyenne en région parisienne, contre 6.700 € pour un micro-entrepreneur en 2019 basé au même endroit. Globalement, les régions où les auto-entrepreneurs touchent les revenus les plus importants sont la Corse, l'Île-de-France, Rhône-Alpes, les Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Bretagne. D'autres données méritent d'être soulignées, comme le sexe - 58% des auto-entrepreneurs sont des hommes, 42% des femmes - ou encore l'âge - 16% ont moins de 30 ans, 12% plus de 60 ans, pour une moyenne d'âge de 42 ans.
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