RENOUVELABLES. Les deux premières unités d'une ferme de panneaux solaires située en pleine mer, au large de Sète, viennent d'être installées. Cette première en France devrait rapidement faire des émules, une vingtaine d'autres projets du même type étant prévus d'ici la fin de l'année.

C'est une première en France : les deux premières unités d'une ferme flottante de panneaux photovoltaïques viennent d'être mises à l'eau, en pleine mer, au large de Sète (Hérault). Un projet qui s'inscrit dans le dynamisme porteur de la filière solaire : "Le photovoltaïque 'offshore' a énormément de potentiel puisque nous pouvons déployer des gigafermes, plus compétitives et moins onéreuses que le solaire sur terre ou l'éolien", a expliqué pour l'occasion Armand Thiberge, président et cofondateur de l'entreprise Solarinblue, à l'AFP.

 

 

"À Sète, nous occuperons une zone" qui correspondait jusqu'à présent à "l'ancien poste de déchargement des hydrocarbures en mer", a ajouté le responsable, en soulignant que cette installation avait été facilitée par la région Occitanie. Chaque unité composant la ferme flottante est implantée à 1,5 km de la digue, et se compose d'une structure d'acier soutenant des modules photovoltaïques à 3,5 m de hauteur au-dessus de la surface de l'eau.

 

300 kilowatts à horizon 2024

 

Grâce à un vérin électrique, les plateformes sont capables de suivre la course de l'astre solaire dans le ciel. Si chacune des unités repose sur des flotteurs, l'ensemble de la ferme est pour sa part arrimé au fond de l'eau par quatre points d'ancrage. Une technologie toutefois différente de celle déjà utilisée pour des fermes solaires à la surface de lacs français : "Nos structures peuvent résister à des houles de 10 mètres de creux et des vents de 200 km/h", a précisé Armand Thiberge.

 

Les deux premières unités ayant été mises en place, le reste de la centrale devrait être mis à l'eau au fur et à mesure, pour atteindre au final une superficie d'un demi-hectare d'ici la fin de l'année. En termes de production, Solarinblue vise 300 kilowatts à horizon 2024, afin d'alimenter, via un câble sous-marin, les infrastructures portuaires et notamment une usine de poissons, ainsi que les ferrys en transit.

 

Cohabiter avec les parcs éoliens maritimes

 

Déjà confortée par des chiffres de raccordements et de production en constante augmentation, la filière solaire confirme avec ce projet qu'elle fait feu de tout bois pour atteindre les objectifs nationaux de transition énergétique. "En France, le scénario maximisé de RTE (le gestionnaire du réseau électrique haute tension, NDLR) est de 200 gigawatts de solaire à installer d'ici 2050", a rappelé Armand Thiberge. "Nous n'atteindrons pas cet objectif si nous n'investissons pas les façades de la mer", a abondé le directeur régional de l'Ademe (Agence de la transition écologique), Camille Fabre.

 

 

Le coût total de la ferme flottante au large de Sète s'élève à 2,5 millions d'euros, la moitié de la somme étant avancée par des acteurs publics, en l'occurrence l'Ademe et l'association Evolen, spécialisée dans l'accompagnement des entreprises du secteur de l'énergie. Sur le plan environnemental, les conclusions d'une étude d'impact menée en amont ont affirmé que "les espèces marines présentes sur le site seront peu impactées" et que "le risque de dérangement [des oiseaux] peut être considéré comme faible".

 

Cette première en France devrait en outre faire rapidement des émules puisque 23 autres projets du même type sont prévus d'ici la fin de l'année. Par ailleurs, ces gigafermes photovoltaïques pourraient à terme cohabiter avec les parcs éoliens maritimes. "Une colocation serait pertinente, ne serait-ce que pour mutualiser les coûts du câble de transport de la production d'électricité", estime Armand Thiberge. En retard dans le développement de ses capacités de production d'énergies renouvelables (ENR), la France tente de passer à la vitesse supérieure dans ce domaine, comme en témoigne la promulgation récente d'une loi dédiée.

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