CONJONCTURE. Avec une hausse de 9,5% de son activité, l'artisanat du bâtiment a repris des couleurs au 1er trimestre 2021. Un chiffre pas si surprenant qui pourrait correspondre à une forme de rattrapage de la chute de la croissance observée à la même époque en 2020. Les professionnels restent qui plus est prudents sur la suite au vu des très mauvais chiffres de la construction neuve et de la pénurie de matériaux.

L'artisanat du bâtiment ne connaît pas la crise, du moins pour l'instant. Le 1er trimestre 2021 a été marqué par un rebond de 9,5% de son activité, un chiffre évidemment très satisfaisant mais pas si surprenant, dans la mesure où il pourrait s'apparenter à un rattrapage de la chute de croissance (-12%) qui avait impacté la filière à la même époque en 2020. Toujours est-il que la tendance reste pour l'heure particulièrement positive, selon les chiffres de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) : la construction neuve a progressé de 10% sur les trois premiers mois de l'année, compensant en effet l'arrêt quasi-complet de l'activité observé il y a un an. Les professionnels mettent toutefois en garde sur la baisse importante du nombre de logements autorisés (377.000) et de mises en chantiers (351.900), qui accusent respectivement -17,4% et -9,5%. Dans l'ancien, l'activité est portée par les travaux d'entretien-rénovation qui augmentent de 9% et bénéficient du contexte particulièrement favorable aux chantiers de performance énergétique des logements, lesquels s'octroient +11,5%. Ce dynamisme, construction et rénovation confondues, se retrouve dans l'ensemble des régions, dont certaines enregistrent des croissances assez fortes : c'est le cas de la Bretagne et de Provence-Alpes-Côte d'Azur (+11,5% chacune), suivies par l'Auvergne-Rhône-Alpes et les Pays de la Loire (+8,5% chacun), l'Île-de-France (+8%) et les Hauts-de-France (+7,5%).

 

 

Emploi, trésorerie, carnets de commandes, projets d'investissements : tout est au vert

 

L'emploi se porte également bien, les effectifs ayant encore progressé de 3,3% sur un an, soit 18.000 postes créés par les 24.000 entreprises de moins de 20 salariés que compte la construction. Par corps de métiers, le volume d'activité est également en hausse, oscillant entre 7% et 12% selon les segments : électricité, menuiserie-serrurerie et aménagement-décoration-plâtrerie enregistrent ainsi une progression comprise entre 7 et 12%, tandis que la maçonnerie et la couverture-plomberie-chauffage affichent des augmentations un peu plus modestes, respectivement de 9% et 7%. D'une manière générale, la trésorerie des entreprises artisanales s'améliore, puisque 31% d'entre elles déclarent que leur situation financière s'est consolidée contre seulement 8% qui parlent d'une détérioration. Niveau carnets de commandes, l'activité s'élève pour l'heure à 102 jours, ce qui représente une progression de 35 jours en comparaison à la même période de l'année dernière. De même, la part d'entreprises souhaitant réaliser des investissements durant les 6 prochains mois bondit, passant de 1% au 1er trimestre 2020 à 12% au 1er trimestre 2021. Par ailleurs, 1% des artisans font part d'une baisse de leur activité réalisée en sous-traitance quand 28% constatent en revanche une progression - au final, la proportion d'entreprises effectuant des travaux en sous-traitance est de 18%.

 

Mais la Capeb appelle à la plus grande vigilance pour les prochains mois au vu des mauvais chiffres du neuf, couplés qui plus est à un autre phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur, à savoir la pénurie de matières premières. "Si les indicateurs d'activité de ce début d'année sont plutôt encourageants et optimistes pour nos entreprises artisanales du bâtiment en termes de croissance, d'intentions d'embauches et de trésorerie, la prudence reste tout de même de mise en raison de la crise sanitaire, mais aussi du risque d'aggravation des difficultés d'approvisionnement en matériels et matériaux pour les semaines et mois à venir", confirme le président de l'organisation, Jean-Christophe Repon. "Une situation difficile pour nos entreprises qui ont connu une importante perte de rentabilité depuis plus d'un an et est surtout lourde de conséquences pour les travaux liés à Ma prime rénov'. Cette période montre une fois de plus le rôle-clé des professionnels du bâtiment dans les travaux de rénovation énergétique, dans le contexte de consultation de la loi Climat et résilience."

 

 

Le cours du cuivre a doublé en un an

 

Ces difficultés d'approvisionnement, qui entraînent une hausse des prix, sont la résultante de la crise sanitaire et économique qui a arrêté ou fortement ralenti plusieurs industries de par le monde pendant un certain temps. À l'heure de la reprise d'activité, certains pays comme la Chine et les États-Unis affichent une demande colossale et concentrent les flux de marchandises. Ce qui engendre à son tour un allongement des délais d'approvisionnement et pénalise, en bout de chaîne, les entreprises du bâtiment. "Une situation qui pourrait être dommageable pour certaines catégories de travaux aidés dans le cadre de Ma prime rénov' dès lors que les financements sont basés sur des calculs de coût au mètre carré ; ce phénomène augmenterait donc mécaniquement le reste à charge des bénéficiaires", prévient la Capeb. D'après les données de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), le prix de vente des produits sidérurgiques de base et des ferroalliages a bondi de 15,4% entre février 2020 et février 2021. Sur la même période, les cours de plusieurs métaux se sont envolés : ainsi, la tonne d'aluminium atteint les 2.080 dollars (+23,4% en un an), celle de zinc les 2.700 dollars (+29,4%), et celle de cuivre les 8.500 dollars (+48,8%).

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