ART. Les architectes désignés pour réaliser les futures 68 gares du Grand Paris ont été invités à collaborer avec des artistes afin d'imaginer ensemble des projets artistiques spécifiques. Autant d'oeuvres singulières attachées à ces lieux, bientôt admirées par les millions de voyageurs qui emprunteront ces gares. Onze d'entre elles ont été dévoilées.
Insuffler un vent artistique au sein des 68 gares de métro automatique du Grand Paris Express, tel est le souhait de la Société du Grand Paris (SGP). Elle a dévoilé le 17 février au ministère de la Culture les onze premiers projets artistiques présentés par les tandems architecte/artiste, qui feront partie, comme l'espère la SGP, de "la plus grande collection d'œuvres d'art dans l'espace public".
La société chargée de la gestion du projet dans son ensemble a en effet réalisé une grande commande d'art public intégré à l'architecture des gares. Elle a, pour cela, fait appel à 41 artistes contemporains pour habiller d'œuvres originales ces gares prévues pour ouvrir entre 2024 et 2030. "Cette commande contribue à l'ambition esthétique, urbaine et sociale des futures gares", en permettant de "bâtir une grande collection d'art public, d'architecture et d'innovation urbaine à l'échelle de la métropole", assure la SGP dans un communiqué.
Assurer une diversité entre les projets
Chacune des 68 gares est conçue par une agence d'architecture différente, "avec un principe affirmé de diversité". Toutes ces agences ont "été choisies pour réaliser des gares sensibles, originales et singulières, tandis que le design intérieur des gares, confié à deux designers, a vocation à unifier le réseau."
Parmi les onze projets déjà présentés, on retrouve celui de la collaboration entre l'architecte Jean-Paul Viguier et l'artiste française Eva Jospin pour la gare du Kremlin-Bicêtre. L'œuvre se divise en deux parties, à l'extérieur et à l'intérieur de la gare. Un flanc de roche en béton, constitué de strates superposées devant lesquelles prolifèrent des lianes de bronze, tirées à partir de modèles en carton, matériau de prédilection de l'artiste, est créé sur la façade extérieure. "Ce qui est très intéressant dans cette collaboration, c'est de comprendre comment adapter une œuvre artistique à des temps de chantier, des usages. Il faut beaucoup anticiper sur la pérennité pour arriver à une harmonie de couleurs, une fusion entre l'architecture et l'œuvre d'art", a expliqué à l'AFP l'artiste diplômée de l'École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.
A la gare Clichy-Montfermeil, l'artiste français JR s'associe à l'architecte Benedetta Tagliabue pour présenter une fresque monumentale de 800 photographies d'habitants de la commune, imprimées sur des carreaux de céramique. Plus loin, à "Sevran - Livry, Daniel Buren s'empare des verrières pour habiller de couleurs la toiture pensée par l'architecte Jean-Marie Duthilleul", raconte la SGP. Au total, ce sont plus de 70 œuvres qui devront être présentées à l'horizon 2030 sur l'ensemble du réseau du Grand Paris Express.
Deux millions de voyageurs devraient visiter chaque jour "cette collection d'art public, d'architecture et d'innovation urbaine", estime la société. Olivier Klein, président du conseil de surveillance de la SGP et édile de Clichy-sous-Bois, a déclaré à l'AFP que le budget estimé de ces commandes artistiques est de 35 millions d'euros, sur un budget global de 35 milliards d'euros. À cette enveloppe "s'ajouteront des fonds privés de mécènes".
Relier les arts et le public
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"Ce projet va contribuer grandement à la démocratisation de la culture et au rayonnement de nos artistes auprès des visiteurs du monde entier", a affirmé la ministre de la Culture Roselyne Bachelot dans un communiqué. "Dans les gares, les œuvres d'art seront inédites d'un point de vue créatif, mais également relationnel avec le public : elles appartiennent toutes à un nouveau chapitre de l'histoire de Paris. Cette collection sera un précipité de l'art du XXIe siècle", a ajouté José-Manuel Gonçalvès, directeur artistique pour le Grand Paris Express et de l'établissement public culturel parisien Cent-Quatre. Ce dernier a pour mission de mener à bien cette "politique artistique et culturelle".
Du côté des chantiers des gares, certains travaux ont pris tant de retard que les gares ne pourront être mises en service avant les Jeux olympiques de Paris, qui doivent avoir lieu en 2024. Quatre nouvelles lignes de métro automatiques verront le jour sur le territoire, s'étalant sur 200 kilomètres.