Les vertus du cuivre et de ses alliages ont été avérées via les retours d'expérience dans deux établissements hospitaliers français. Reconnu pour avoir eu un impact positif sur les transmissions de bactéries et les maladies nosocomiales, il est désormais adopté pour une nouvelle expérimentation dans cinq établissements médicaux-sociaux (Ephad) en Champagne-Ardenne.

Lorsqu'ils sont en cuivre ou alliage de cuivre, poignées de porte, rampes d'accès, robinetterie, interrupteurs et autres plaques de propreté se révèlent efficaces contre les bactéries et in fine contre les maladies nosocomiales qui se propagent dans les hôpitaux. C'est ce que dévoilent les résultats de deux à trois ans d'expérimentation d'utilisation de ce métal dans le Centre hospitalier de Rambouillet et au CHU d'Amiens.

 

Piste sérieuse
Les résultats sont "très positifs" dans les deux établissements, révélant un "impact positif des surfaces de contact en cuivre pour luttre contre la transmission des bactéries multi-réistantes", précise un communiqué du Centre d'information du Cuivre. "Les résultats prometteurs que nous avons obtenus à Rambouillet plaident en faveur de l'utilisation du cuivre, associé aux mesures ayant déjà fait leurs preuves telles que les solutions hydro-alcooliques. Nous tenons avec le cuivre une piste sérieuse de prévention de la diffusion des bactéries multi-résistantes. Il faut poursuivre dans ce sens et intensifier les recherches", a souligné le Dr Patrick Pina, responsable de l'équipe opérationnelle d'hygiène du Centre Hospitalier de Rambouillet, le premier à se lancer dans cette expérimentation.

 

Ainsi, le service de réanimation de l'hôpital a été équipé, en septembre 2011, de rampes, poignées et autres interrupteurs, et pendant deux ans, les patients ont été testés à leur admission et à leur sortie pour mesurer l'acquisition de bactéries multi-résistantes. Il en ressort qu'à l'issue, ce taux d'acquisition a diminué par rapport aux prélèvements témoins effectués en 2010.

 

Le laiton bat l'inox
A Amiens, l'étude a été menée dans deux services pédiatriques : là encore, les résultats sont concluants. Durant cinq mois, 14 poignées de porte témoin en inox et 14 poignées en laiton ont été testées régulièrement : avantage au laiton !

 

Du coup, ces conclusions ont convaincu cinq établissements hospitaliers pour personnes âgées et dépendantes (Ehpad) de Champagne-Ardenne, qui ont décidé de mettre en place le plus grand programme-test jamais conduit sur le sujet. Ce sont donc 1.000 poignées de porte et 1.000 m de rampes en alliage de cuivre qui vont y être installés. Le premier Ehpad à démarrer l'expérience sera celui l'Ehpad Wilson du CHU de Reims où les travaux s'achèveront cet été. Durant trois ans maximum, avec la mobilisation de 600 résidents, les tests auront lieu dans 300 chambres témoins et 300 chambres équipées de cuivre.
"Selon l'OMS, on s'achemine vers une ère post-antibiotiques, et les infections courantes pourraient devenir de plus en plus dangereuses pour les populations à risque comme les malades ou les personnes âgées (…)", a expliqué le Dr Vincent Stoeckel, pilote du Comité scientifique qui supervisera l'expérimentation dans les Ehpad.

 


Quelques chiffres
- Dans les pays occidentaux, au moins 7 personnes hospitalisées sur 100 contractent une infection nosocomiale et jusqu'à 30% des patients dans les unités de soins intensifs. (Source : OMS)
- En France, le nombre de décès liés à ces maladies est estimée à 3.500 par an (ministère de la Santé), un chiffre supérieur au nombre de tués sur la route (ministère de l'Intérieur). La facture pour la sécurité sociale a récemment été estimée entre 3 et 4 Md€. (Infections nosocomiales et trou de la sécu, (Dr) Philippe Garnier (épidémiologiste et biostatiticien), l'Harmattan, 2013).

actionclactionfp