ANALYSE. La filière de la construction fait état d'une progression d'environ 5% des élèves suivant un de ses cursus en apprentissage à la rentrée 2022-2023. Les effectifs franchissent ainsi la barre symbolique des 100.000.

Si le nombre d'apprentis, tous secteurs et toutes régions confondus, a battu un record, les effectifs d'alternants dans le BTP sont aussi en passe de le faire. Les élèves préparant un métier du bâtiment ou des travaux publics ont progressé de 4,7% entre la rentrée 2021-2022 et celle de 2022-2023, franchissant ainsi la barre symbolique des 100.000.

 

 

C'est plus précisément 102.900 jeunes qui suivent désormais un cursus en apprentissage au sein de la filière construction, d'après les chiffres du CCCA-BTP (Comité de concertation et de coordination de l'apprentissage du BTP). Soit 50% de plus que les effectifs enregistrés lors de la rentrée scolaire 2016-2017 !

 

Cumul des transitions

 

Indéniablement, les dispositifs d'aide mis en place dans la foulée du premier confinement sanitaire pour aider les entreprises à embaucher, ont joué un rôle incontournable dans cette hausse. Afin de se relever plus rapidement des conséquences économiques de la pandémie, tout en contribuant à baisser le chômage des jeunes, les professionnels ont accepté de recruter des alternants.

 

Et malgré l'augmentation des coûts et des prix, la crise énergétique et le contexte économique toujours très incertain, l'apprentissage semble avoir le vent en poupe. Cette tendance devrait se poursuivre, le Gouvernement ayant décidé de prolonger l'aide unique actuelle, d'un montant de 6.000 € pour l'embauche d'un alternant de moins de 30 ans, jusqu'en 2027.

 

Dans le cas du BTP, d'autres enjeux expliquent toutefois cette volonté de former ceux qui deviendront les salariés de demain. Déjà, le secteur manque de bras car souffrant toujours d'un déficit d'attractivité et d'une dévalorisation des métiers manuels. Ensuite, il doit prendre le train de la modernité en marche, au moment où les transitions écologique, énergétique, technologique et numérique se cumulent.

 

1 apprenti sur 5 dans les formations du supérieur

 

Les chiffres du CCCA-BTP se basent sur les résultats d'une enquête menée auprès de 200 organismes de formation, qui concentrent les trois quarts des élèves inscrits au 31 décembre 2022. On note par exemple que les recrutements en niveau 3 (CAP, certificat d'aptitude professionnelle, et BEP, brevet d'études professionnelles) ont bondi pour leur part de 5,7%. "Même si le niveau 3, composé à plus de 90% de CAP en 2022-2023, reste majoritaire dans l'effectif d'apprentis qui se forment aux métiers du BTP, sa part enregistre une tendance à la baisse", précise le CCCA-BTP.

 

Pour le reste, "le niveau 4, composé de près de 60% de BP (brevet professionnel) et 36% de Baccalauréat professionnel en 2022-2023, est quasiment stable. Les formations du supérieur ont progressé au point de concerner près d'1 apprenti sur 5 en 2022-2023, dont près de la moitié préparent un BTS (brevet de technicien supérieur)". Les effectifs suivant un autre cursus de niveau 6-7 se répartissent entre les diplômes d'ingénieur (21,5%), les licences (dont les professionnelles, 15,8%), les BUT (Bachelors universitaires de technologie, 3,9%) et les masters (2%).

 

La filière met en avant la progression "particulièrement nette depuis 2019-2020" des titres, professionnels ou privés, qu'elle essaie de développer par la voie de l'apprentissage. Bien que ces formations demeurent marginales, les élèves qui les suivent et la part qu'elles représentent dans l'effectif global des apprentis du BTP sont malgré tout en augmentation.

 

Davantage d'élèves dans les études et l'encadrement

 

 

Dans tous les cas, l'ensemble des champs professionnels de la construction ont vu davantage de jeunes rejoindre leurs rangs entre 2020-2021 et 2021-2022. Les métiers de la finition s'étaient démarqués sur cette période en enregistrant +16%. Entre les rentrées 2021-2022 et 2022-2023, les résultats détaillés sont un peu plus mitigés.

 

Le segment des études et de l'encadrement accueille par exemple 12,5% d'apprentis supplémentaires, alors que les effectifs en métallerie chutent de 2,7%. La maçonnerie et le gros-oeuvre augmentent de 2,9%, tandis que les travaux publics se portent plutôt bien (+5,4%) et que l'électricité fait encore mieux (+7,9%). Portés par la tendance actuelle, les segments des équipements et techniques en lien avec les fluides et les énergies, et de la menuiserie et construction bois enregistrent respectivement +5,7% et +3,3%.

 

Par ailleurs, la répartition des apprentis par niveau de diplôme diffère d'un champ professionnel à un autre. Comme le souligne le CCCA-BTP, "le niveau 3 regroupe moins de la moitié des apprentis formés aux métiers de l'électricité et des TP, mais près de 8 apprentis sur 10 formés aux métiers de la finition et de la couverture".

 

De même, "le niveau 4 est proportionnellement important chez les apprentis électriciens. Concernant le supérieur, exception faite des spécialités des études et de l'encadrement, sa part varie de 2% des apprentis formés dans le secteur de la finition à 13% des apprentis formés aux métiers de l'électricien, et 24% aux métiers des TP".

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