A l'heure où le débat sur les risques sanitaires des antennes-relais fait rage, le député Alain Gest, chargé d'enquêter sur le sujet, a proposé lundi une audition publique regroupant des scientifiques, des opérateurs et des associations. Bilan de la rencontre.
«Il y a un décalage gigantesque entre l'opinion publique et l'avis des autorités sanitaires» a déclaré le délégué général de l'Association française des opérateurs de mobile, Jean-Marie Danjou. En cause, selon les scientifiques, un grand nombre d'études contradictoires et bien souvent non répliquées qui s'avèrent parfois fort inquiétantes. Dernière en date : celle du professeur Jean-François Viel, qui déclare qu'il ne suffit pas de s'éloigner de l'antenne pour être hors de sa portée. Le taux d'exposition aux ondes serait en effet plus fort à environ 280 mètres de distance en zone urbaine et à un kilomètre en zone périurbaine, que lorsque l'on est situé en dessous. En outre, les décisions de justice qui ont contraints deux opérateurs à démonter leurs antennes laissent à penser qu'il existerait un réel danger.
Devant l'ampleur de la polémique, le député Alain Gest, désigné par l'OPECTS (Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques) pour réaliser une étude sur « les conséquences éventuelles sur la santé de la téléphonie mobile », a décidé de confronter l'avis de l'ensemble des parties concernées lors d'une journée d'audition parlementaire.
Quels risques pour la santé ?
La principale préoccupation des associations concerne les risques sanitaires. Alors que le docteur Eric Van Rongen, membre du Conseil de la santé des Pays-Bas, affirme qu'au jour d'aujourd'hui «on ne peut pas conclure à un effet négatif des antennes-relais sur le bien-être», le docteur Pierre Souvet et président de l'Asep (Association Santé Environnement de Provence) déclare recevoir un nombre grandissant de malades habitant à proximité d'antennes et victimes de maux de tête, d'insomnies, de dépressions ou encore de troubles cardiaques.
Une inquiétude à laquelle la majorité des scientifiques présents lors du débat ont répondu d'une seule voix. Selon André Aurengo, conseiller scientifique chez Bouygues, et Denis Zmirou-Navier, professeur à la faculté de Médecine de Paris, les maux contractés sont des affections «psychosomatiques». En d'autres termes, elles sont considérées comme étant du ressort «du ressenti et non du biologique réel» stipule Eric Van Rongen.
Les mesures proposées
Toutefois, ces propos ne suffisent pas à rassurer les associations telles que l'Asep ou «Agir pour l'environnement» qui réclament, au nom du «principe de précaution», un abaissement de la norme à 0,6 volts par mètres (au lieu des 41 volts/ mètre actuels). Une revendication également reprise par le Conseil de Paris, en début de semaine, qui demande au gouvernement «que les normes nationales d'exposition soient reconsidérées, notamment en zone dense», selon nos confrères de Libération.
Pourtant, du côté de l'Union européenne, ces demandes restent sans effet. Le Chef d'unité à la Direction générale de la santé et de la consommation de la Commission européenne, Bernardo Delogu, présent lors des tables rondes, a maintenu sa position. Selon lui, «aucune base scientifique ne justifie, pour l'heure, de réviser la recommandation des valeurs limites soumises aux états membres».
Mais cette situation pourrait être appelée à évoluer dans l'Hexagone. Le 23 avril prochain, le Gouvernement français a programmé un «Grenelle» des antennes-relais et de la santé. Une démarche qui devrait permettre de faire un nouveau point sur «les connaissances scientifiques ainsi que sur les règlementations en vigueur», précise le Ministère de la santé.
L'exemple belge
Alors que l'Etat fédéral belge avait légiféré pour un seuil à 20,6 volts par mètre, le Parlement de Bruxelles est parvenu à réduire la norme à 3 volts par mètres à 900 Méga Hertz, au nom du «principe de précaution». Pour la mise en place de chaque nouvelle antenne relais, les opérateurs doivent désormais obtenir un «permis d'environnement» délivré à la suite d'une enquête publique. Toutefois, aucun contrôle a posteriori n'a encore été mis en place.