Le futur de la France sera décarboné pour Anne Hidalgo. La candidate socialiste à la présidentielle et maire de Paris a dévoilé son programme face à un parterre de professionnels du secteur des travaux publics. Sans surprise, elle imagine son quinquennat sous le signe de la transition écologique. Son but, atteindre l'objectif de zéro émission nette en 2050.

 

Pour cela, elle considère qu'une mobilisation générale est nécessaire, appuyée par une volonté politique et entraîné par le monde économique, syndical et citoyen. Son idée ? Mener des "odyssées industrielles" pour avoir un autre modèle d'économie, toujours "créateur de valeur" mais moins "impactant pour la planète". Elle table sur une croissance aiguë des énergies renouvelables, sans tourner le dos au nucléaire, et veut accélérer les mobilités douces et électriques.

 

Des propositions qui ne pourront pas se faire sans investissements publics, conçoit-elle. "Les cinq dernières années ont été en panne dans la construction de logements et ont été marquées par la difficulté de porter des plans d'investissements pour les infrastructures", a-t-elle critiqué. Elle appelle à insuffler une "impulsion publique" en liant la question des infrastructures à celle de l'aménagement du territoire et au rôle de la puissance publique, dont les collectivités territoriales.

 

"Pragmatisme" sur le nucléaire

 

Elle s'appuie sur le scénario de la RTE pour imaginer un objectif de 100% d'énergies renouvelables en France, "le plus rapidement possible". "Nous passerons à côté du mouvement du siècle si nous ne le faisons pas", a-t-elle clamé, devant la foule de professionnels du forum FNTP. L'édile souhaite accroître le part des énergies renouvelables et du mix énergétique, en maintenant le nucléaire "jusqu'à ce qu'on puisse s'en passer".

 

Se décrivant comme une femme "pragmatique", elle a concédé que la France a encore besoin de l'énergie nucléaire pour maintenir son économie. "Notre parc nucléaire est vieillissant, il faut remettre des investissements dans ce secteur sans pour autant financer de nouveaux EPR", a-t-elle continué.

 

Parlement et consultations citoyennes

 

Selon elle, le sujet de l'énergie doit être débattu par le Parlement, tout en prenant en compte les consultations citoyennes. C'est notamment le cas des éoliennes. Un dialogue et une participation citoyenne à l'échelle locale sont "importants" dans le débat démocratique, juge la socialiste, affirmant toutefois qu'un décideur public aura par la suite pour mission de trancher.

 

Pas question pour autant de reproduire ce qui a été fait sous le quinquennat d'Emmanuel Macron. "Il faut que les consultations citoyennes soient suivies de faits, pas comme avec la convention citoyenne pour le climat, où des propositions n'avaient pas été reprises par le gouvernement."

Pour l'éolien offshore

 

Toujours sur la question des énergies renouvelables, elle voit les territoires d'outre-mer comme des lieux propices au déploiement et à la massification des ENR. Ces énergies permettraient à ces territoires d'assurer une forme d'autonomie et d'indépendance énergétique. Elle a aussi pris l'exemple des habitants de Montdidier, dans la Somme, qui payeraient une facture moins élevée en résidant près d'un parc éolien. Les avantages se matérialisent notamment sous la forme de chèques-cadeaux, distribués à la population qui pourra ensuite les dépenser dans les commerces des environs. "L'initiative est utile pour le climat et l'économie locale", a-t-elle avancé.

 

Elle a affirmé également "être pour l'éolien offshore" et vouloir donner plus de moyens aux collectivités d'investir, sans apporter de chiffres précis. "Je suis en faveur d'une refonte de la fiscalité locale, afin que les collectivités bénéficient de la richesse créée dans leurs territoires à partir d'investissements faits pour les infrastructures."

 

50 milliards d'euros

 

Sur l'ingénierie, elle souhaite une décentralisation de l'Etat. "Les vrais ministres du bâtiment et de l'industrie sont les présidents de région", a-t-elle affirmé, ajoutant que 50 milliards d'euros seront allouées à ses mesures.

 

Quant à la thématique de l'éducation, Anne Hidalgo a profité de la présence de centaines de jeunes dans la salle plénière du forum de la FNTP pour prôner la généralisation des formations en alternance à partir du bac.

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