LOGISTIQUE. Après des recours contre le projet de construction d'un bâtiment de stockage, le géant américain renonce à son entrepôt. La municipalité qui devait accueillir l'édifice regrette cette décision.

Amazon jette l'éponge. Le géant du e-commerce renonce à son vaste projet d'entrepôt de stockage à Petit-Couronne, dans l'agglomération de Rouen, a annoncé le 25 mars Joël Bigot, maire PS de la petite commune favorable au projet. Ce dernier portait sur la construction d'un bâtiment logistique d'une surface de 160.961 m². La mairie a appris la nouvelle par une lettre de la société Gazeley, qui devait louer à Amazon, déclarant que le projet "ne sera finalement pas réalisé". L'AFP a tenté de joindre l'entreprise américaine pour obtenir une réaction, sans résultat. "La perte d'emplois se situe entre 1.000 et 1.800 en fonction des périodes de l'année. Les recettes fiscales pour la commune étaient évaluées à environ 600.000 euros", a regretté l'édile. "Ce projet dérangeait tellement de gens", a-t-il toutefois admis. En effet, de nombreux recours contre le permis de construire ont été déposés, et l'autorisation environnementale a également ralenti le projet, selon l'élu. Bien qu'elle n'ait pas saisi la justice, la métropole de Rouen avait voté contre ce projet en octobre 2020, suite aux inquiétudes du service départemental d'incendie et de secours (SDIS).

 

 

"Une victoire locale"


Les pompiers pointaient dans un rapport leur crainte d'être confrontés à une "impossibilité opérationnelle" et estimaient qu'un incendie de grande ampleur pourrait produire "un volume de fumée supérieur à celui produit lors de l'incendie du 26 septembre 2019" sur le site Seveso de Lubrizol à Rouen. Deux arrêtés autorisant le projet avaient été signés en mars 2021 par le préfet de Seine-Maritime, estimant que l'exploitant avait entre-temps "intégr(é) les recommandations du SDIS". Or, une enquête en février dernier du média normand Le Poulpe, relayée par Mediapart, avait montré que la dépollution du site, que devait en partie occuper Amazon, soulevait "de lourdes interrogations sur la réalité du travail effectué". L'entreprise Valgo était en charge de la dépollution de ce site où la raffinerie Petroplus a fermé en 2013. Pour son article, Le Poulpe a affirmé avoir collecté le témoignage de 30 salariés et sous-traitants de Valgo ayant travaillé sur cette dépollution. Des informations que réfute Joël Bigot, qu'il qualifie "d'articles déformés", "qui mélangent tout". "Certes, il y a eu un problème de terres polluées sur le site de Valgo mais j'ai pris le soin de recevoir la Dreal (Direction régionale de l'environnement) il y a quelque temps et tout était sous contrôle", a assuré le maire.

 

Sans surprise, l'association Stop Amazon 76, créée en novembre 2020 pour stopper l'implantation du géant américain, s'est "réjoui de cette victoire locale qui fait écho à d'autres projets de construction abandonnés par le géant américain à Montbert (Loire-Atlantique) et Fournès (Gard)". En 2017, "seules trois régions françaises comptaient un entrepôt Amazon sur leur territoire. Aujourd'hui, aucune d'entre elles n'est épargnée", écrit l'association, dans un communiqué. Interrogé par un correspondant de l'AFP, Cyrille Moreau, vice-président EELV de la métropole, a déclaré être "content que ce projet nocif pour l'environnement ne se réalise pas à Rouena". Mais "le problème est loin d'être réglé (...) Amazon va le construire ailleurs", a-t-il ajouté. Si Amazon avance avoir créé plus de 10.000 emplois en CDI en France ces cinq dernières années, un rapport du cabinet Progexa redoute une volonté du groupe de "ne conserver à terme que des postes" pénibles.

 

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