INTERNATIONAL. Si la crise du logement est une réalité en France, elle l'est encore davantage outre-Rhin, où les professionnels de la construction n'ont jamais été aussi pessimistes depuis les années 1990. Les causes sont à peu près les mêmes que dans l'Hexagone.
La crise de la construction neuve n'affecte pas que la France ; tous les pays européens se retrouvent simultanément confrontés aux mêmes problématiques. En décembre, les notaires de l'Hexagone avaient déjà alerté sur le recul des prix des biens, appartements comme maisons, partout sur le territoire et particulièrement dans les agglomérations. En ce début 2024, ce sont les professionnels de l'immobilier qui constatent que le marché de l'ancien se grippe.
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Si la crise du logement est donc devenue une réalité en France, elle l'est encore davantage outre-Rhin, où les entreprises de la construction résidentielle n'ont jamais été aussi pessimistes depuis les années 1990. Une enquête de l'institut économique allemand IFO, relayée par l'AFP, indique en effet que l'indice du climat des affaires pour la construction de logements s'est effondré à -56,8 points en décembre dernier. Un niveau historiquement faible pour ces séries statistiques mensuelles lancées en 1991.
Plus de la moitié des entreprises manquent de commandes
"Les attentes exceptionnellement faibles montrent que les entreprises n'ont actuellement aucun espoir", a commenté dans un communiqué Klaus Wohlrabe, directeur des enquêtes de l'IFO, basé à Munich. "Les perspectives pour 2024 sont sombres", a-t-il ajouté, en soulignant que plus de la moitié des professionnels interrogés (56,9%) sont confrontés à un manque de commandes. Et "bien que les taux d'intérêt du financement de la construction aient récemment baissé, aucune détente n'est en vue", s'est inquiété le spécialiste.
En Allemagne, les taux d'intérêt pour le secteur de la construction se sont dans un premier temps envolés en raison du durcissement monétaire de la Banque centrale européenne. Dans un contexte de ralentissement de l'inflation, ils sont toutefois repassés sous la barre des 3% début 2024, selon le portail comparatif Check24 cité par l'Agence France Presse. Malgré cela, l'immobilier neuf subit à la fois la forte baisse du pouvoir d'achat des acquéreurs ainsi que le renchérissement des coûts de construction.
Alléger et simplifier
Les causes sont donc à peu près les mêmes des deux côtés du Rhin. La hausse rapide des taux d'intérêt a exclu beaucoup de ménages du marché immobilier, et particulièrement les primo-accédants, dont les revenus sont par ailleurs rognés par l'inflation. Les constructeurs doivent qui plus est composer avec les crises mondiales successives (pandémie de Covid, guerre en Ukraine...), qui ont fait grimper les coûts des matériaux de construction. Le renforcement de la règlementation environnementale ajoute encore un surcoût à leurs opérations.
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Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le bilan est donc fort logiquement le même qu'en France. Sur un an, les demandes de permis de construire de nouveaux logements en Allemagne ont ainsi chuté de près de 27% entre janvier et octobre 2023, et les faillites de promoteurs se sont multipliées ces derniers mois.
Afin de réduire le coût de la construction, la fédération allemande de l'industrie du bâtiment a de nouveau appelé, ce 10 janvier, le gouvernement fédéral à alléger la règlementation et à simplifier les procédures administratives, à l'image de ce qui se prépare sous la houlette de Bercy, en France. "Abaisser les normes, y compris dans le domaine de l'efficacité énergétique, introduire la demande de permis de construire numérique et des processus administratifs numériques uniformes à l'échelle nationale, uniformiser les règlements de construction des 16 régions" seraient autant de mesures qui ne coûteraient "pas un centime", ont plaidé les industriels.