L'Etat a désigné les vainqueurs des appels d'offres pour la privatisation partielle des aéroports de Lyon et Nice : il s'agit d'un consortium français emmené par Vinci pour le premier, et d'un consortium franco-italien pour le second. Montant des bénéfices issus de ces transactions : plus de 1,75 milliard d'euros. Détails.
Le Gouvernement a sélectionné les repreneurs de deux de ses aéroports de province, à Lyon et Nice. A l'issue de procédures d'appels d'offres "ouvertes, transparentes et non discriminatoires" ce sont deux consortiums différents qui ont été retenus : Vinci Airports/Caisse des Dépôts/Predica pour reprendre ses 60 % du capital de la société Aéroports de Lyon (*), et Atlantia/Aeroporti di Roma/EDF pour reprendre la même proportion de la société Aéroports de la Côte d'Azur (**). Les opérations s'inscrivent dans le cadre de la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques qui transfère vers le secteur privé la majorité du capital de ce type de sociétés. L'Etat retirera une belle somme de ces cessions : 535 M€ pour l'aéroport de Lyon et 1,22 Mrds € pour celui de Nice, le plus fréquenté de France après ceux de Paris.
Le ministre des Finances et celui de l'Economie précisent, dans un communiqué conjoint : "L'arrivée au capital de la société de gestion de l'aéroport d'un investisseur privé expérimenté et s'engageant sur le long terme, doit permettre d'offrir des perspectives solides pour le développement de l'aéroport et de son territoire, et ainsi contribuer à l'attractivité et au dynamisme de toute l'économie régionale, comme cela a été le cas en Europe lors d'opérations antérieures, notamment en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie".
Déjà un recours en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Les deux consortiums choisis présentent des profils légèrement différents. Pour Aéroports de Lyon, il est emmené par Vinci Airports (51 %), la Caisse des Dépôts et Consignations (24,5 %) et Predica (24,5 %). Le premier dispose d'une expérience aéroportuaire certaine, et le consortium a présenté l'offre la plus élevée. Gérard Collomb (maire de Lyon) et Laurent Wauquiez (président de la grande région Auvergne-Rhône-Alpes) ont avancé que l'offre était supérieure de 25 à 30 % par rapport aux autres candidats, excepté celle de l'australien Macquarie, elle aussi très élevée. Pour Aéroports de la Côte d'Azur, le consortium "Azzurra" est constitué d'Atlantia (société italienne de gestion des autoroutes, qui fait partie du groupe Benetton) qui représente 65,01 %, Aeroporti di Roma (10 %) et EDF (24,99 %). Dans les deux cas, les repreneurs devront s'engager à développer l'activité des plateformes aéroportuaires, à préserver l'emploi et les intérêts patrimoniaux de l'Etat tout en limitant leur impact environnemental.
A noter toutefois que des critiques ont été formulées en région lyonnaise par les actionnaires actuels. Laurent Wauquiez notamment avait déploré que tous les candidats n'aient pas été retenus à la phase finale de la procédure. La CCI, la région et le département s'étaient retirés du processus, afin de marquer leur désaccord avec l'Etat. Il est même possible que ces actionnaires engagent un référé devant le tribunal administratif de Paris afin de relancer la consultation. Un porte-parole de la région a déclaré : "Il ne s'agit pas de contester le choix de Vinci mais de dénoncer une procédure viciée, non conforme au cahier des charges". Ce à quoi Emmanuel Macron a simplement répondu : "Ce cahier des charges, nous l'avons respecté". La privatisation en sera-t-elle retardée ?
(*) les autres actionnaires demeureront la Chambre de commerce et d'industrie Lyon Métropole (25 %), Métropole de Lyon (7 %), région Auvergne-Rhône-Alpes (5 %) et département du Rhône (5 %)
(**) les autres actionnaires sont la Chambre de commerce et d'industrie de Nice-Côte d'Azur (25 %), la région PACA (5 %), le département des Alpes-Maritimes (5 %) et la Métropole Nice-Côte d'Azur (5 %)