Bruno Lechevin, le président de l'Ademe a dressé un bilan de l'année 2013 et dessiné les perspectives pour 2014. L'agence, confortée dans le cadre du Programme des Investissements d'Avenir et de la future loi de programmation de la transition énergétique, compte s'impliquer toujours plus dans le déploiement des initiatives de rénovation de l'habitat.
Arrivé à la tête de l'Ademe il y a 10 mois, Bruno Lechevin a dressé, à l'occasion d'une conférence de presse, le bilan de l'année 2013 de l'agence. "En tant qu'opérateur de l'Etat, elle a été confortée dans ses missions et dans ses moyens d'intervention, malgré les contraintes budgétaires", se félicite-t-il en préambule. "Nous avons des perspectives nouvelles, notamment dans le cadre du Programme des Investissements d'Avenir (PIA) et de la future loi de programmation de la transition énergétique", précise le président de l'agence. Pour lui, l'année passée a été marquée par le débat sur cette thématique dans lequel l'Ademe a été impliquée, au niveau de son expertise technique et économique, et au niveau de l'organisation de débats dans les régions.
330.000 emplois à créer d'ici à 2030
"La vision énergétique 2030-2050, réalisée en interne, va guider notre action. Cet exercice prospectif ouvre la voie vers le facteur 4 de réduction des consommations et émissions grâce à des scénarios plausibles", poursuit Bruno Lechevin. Qui martèle : "Il faut faire de l'efficacité énergétique notre priorité absolue ! Car la transition énergétique est porteuse d'emploi et de croissance". L'agence estime qu'en 2030, environ 330.000 emplois pourraient être créés, pour atteindre entre 690.000 et 875.000 postes supplémentaires en 2050. Le bâtiment serait le secteur clé pour atteindre ces objectifs nationaux : "Il pourrait réduire sa consommation énergétique de moitié pour le résidentiel et du tiers pour le tertiaire si un programme ambitieux de construction neuve et de rénovation était effectivement suivi", prévoit le président de l'Ademe.
30.000 entreprises RGE fin 2014
Afin d'inciter les Français à passer à l'acte pour cette rénovation énergétique, 453 "Points Rénovation Info Service" (PRIS) ont été lancés depuis le mois de septembre dernier. Ils ont enregistré plus de 84.000 appels dont 62 % ont été réorientés vers les 261 "Espaces Info Energie" (EIE). Le dispositif a également été renforcé, du côté des professionnels, grâce au signe de qualité "RGE", que 15.000 entreprises arborent désormais. "L'objectif est d'atteindre les 30.000 entreprises à la fin de 2014", confie Bruno Lechevin.
Autre enjeu fort, celui des énergies renouvelables, où biomasse, photovoltaïque et éolien occupent des places essentielles. "Le Fonds Chaleur a permis la création de nombreuses installations, environ 2.900 depuis 2009, pour une production totale d'environ 1,53 MTep de chaleur par an. L'objectif de la première période a donc été atteint", se félicite le dirigeant de l'Ademe. "Mais il faudrait qu'il soit doublé pour tenir les objectifs futurs, les financements devront suivre", tempère-t-il, envisageant un élargissement du nombre d'installations éligibles par un assouplissement des règles. Dans le cadre du PIA, l'agence a géré une enveloppe de 1,125 Mrd € entre 2010 et 2014, pour le volet "Démonstrateurs et plateformes technologiques en EnR, énergies décarbonées et chimie verte". Seize appels à manifestations d'intérêts ont été lancés, menant au soutien de 52 projets concrets. "L'innovation nécessite de pouvoir expérimenter des solutions nouvelles, encadrées et limitées en nombre et dans le temps", déclare Bruno Lechevin, qui plaide pour un assouplissement de certaines réglementations, notamment vis-à-vis du statut des déchets. L'économie circulaire constitue d'ailleurs un thème récent mais prometteur, selon le président de l'Ademe. Tout comme le transport et la mobilité durables, où l'agence souhaite accompagner les territoires dans leurs politiques, le développement de mise en œuvre de l'économie circulaire passera par des stratégies territoriales.
Une année de préparation avant la conférence de Paris
Pour l'année à venir, le président de l'agence estime que la ligne est claire : "Elle sera celle de la préparation de la loi de programmation pour la transition énergétique, qui comportera des éléments essentiels pour les années à venir, et des objectifs partagés. Cette loi devra intégrer la problématique de la gouvernance et de la gestion des territoires car c'est en impliquant ces territoires que se gagnera la transition". Bruno Lechevin compte également poursuivre la politique de soutien et d'accompagnement des particuliers et des professionnels pour la rénovation de l'habitat, notamment en créant de nouveaux postes de conseillers dans les PRIS et le renforcement des EIE, avec la mobilisation espérée de "plusieurs centaines d'emplois d'avenir".
L'année 2014 sera également celle de la préparation de la conférence de Paris sur le climat, qui se tiendra en 2015 et sera "le seul événement international du quinquennat se déroulant sur notre territoire", précise Bruno Lechevin. L'occasion, pour l'Ademe, de discuter avec ses partenaires et homologues internationaux tout en communicant sur les enjeux auprès du public français. L'exercice de prospective, débuté avec la publication des scénarios 2030-2050, se poursuivra donc avec l'édition, à la fin du printemps, d'un fascicule pédagogique étudiant la consommation énergétique des ménages dans le futur. Concernant le Paquet Climat-Energie, le président de l'agence française s'est déclaré légèrement déçu des objectifs fixés, mais s'est réjoui du chemin parcouru et de la réaffirmation de la volonté de progrès dans une Europe en crise.