ENTRETIEN. Pour le directeur du programme national Action Coeur de Ville, Rollon Mouchel-Blaisot, "la crise ne fait que renforcer ses fondamentaux". Le programme va par ailleurs être amplifié, pour renforcer notamment les actions de requalification des îlots anciens dégradés.
Batiactu : Juste avant la crise, où en était le programme Action cœur de ville ?
Rollon Mouchel-Blaisot : Nous avions arrêté les comptes juste avant les élections municipales. Nous sommes à 1.2 milliard d'engagements financiers de l'Etat et des trois partenaires du programme, Anah, Action Logement et la Caisse des dépôts. C'est une trajectoire très supérieure à nos prévisions. Les projets commencent à sortir. Cela se traduit notamment par près de 30.000 réhabilitations de logements financées par l'Anah et 5.600 réhabilités ou construits par Action Logement. La Banque des territoires s'est engagée dans 84 opérations de co-investissement dans les sociétés locales pour financer du développement, qu'il s'agisse de Sem, de SPL ou de sociétés privées et l'Etat a déjà affecté 250 millions d'euros pour accompagner les investissements publics locaux.
122 villes sur les 222 avaient signé ou finalisé, avant les élections, leur convention définitive. Quant aux opérations de revitalisation de territoire (ORT), qui ouvrent droit notamment au dispositif Denormandie dans l'ancien, à des subventions de l'Anah, à une régulation plus poussée de l'urbanisme commercial, nous en dénombrions, au début de l'année, 174 signées par 246 villes (puisque les conventions peuvent être pluri-communales). 143 d'entre elles sont des villes du programme Action cœur de ville. Au passage, je précise que nous devrions dépasser les 200 ORT signées d'ici la fin de l'année.
"Les centres urbains, qui ont été négligés ces dernières décennies, démontrent tout leur intérêt"
Quel est l'impact de la crise du covid sur le programme ACV ?
R. M-B : Cette crise ne fait que renforcer les fondamentaux du programme, qui a trois idées forces : premièrement, notre pays a tout intérêt à s'appuyer sur l'armature des villes moyennes. C'est dans ces villes que le tissu industriel existe. C'est aussi là que se trouvent des écosystèmes locaux liant enseignement, formation, entrepreneuriat et savoir-faire industriel, qui permettent un développement économique dans un cadre de vie préservé et attractif. Cette crise confirme la chance que nous avons d'avoir des villes moyennes. Deuxièmement, la crise montre aussi l'importance d'avoir des centres-villes vivants, en termes d'inclusion, de vivre-ensemble, d'accès aux services et d'accès au patrimoine et à la culture. Les centres urbains, qui ont été négligés ces dernières décennies, démontrent tout leur intérêt. Enfin, le programme vise à stopper l'étalement urbain, qui est un modèle complètement dépassé, insoutenable socialement, économiquement et écologiquement. L'étalement isole, le centre-ville rassemble. La crise confirme donc la pertinence de cette démarche et son impérieuse nécessité. Elle arrive à un moment où nous avons déjà bien engagé la réflexion au niveau national, les modalités de mise en œuvre sont fixées et les réflexions locales également sont lancées sur la nature en ville, les nouvelles mobilités, les tiers-lieux, le télétravail sans oublier la requalification voire la reconversion de certaines zones périphériques… La crise en accélère les réponses.
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