DIAPORAMA. Ricardo Bofill, Jean Nouvel, Zaha Hadid, Paul Chemetov… Montpellier collectionne les grands noms de l'architecture et affiche sa singularité. Visite et interview exclusive de la maire, Hélène Mandroux.
Aspergés par les jets d'eau de la principale place du quartier Antigone à Montpellier, les enfants sont heureux de pouvoir s'amuser sur cette esplanade piétonne. Un succès et un plébiscite qui s'étendent jusqu'aux riverains, contents de pouvoir se détendre aux terrasses des cafés situées aux pieds des immeubles.
Une synergie qui n'était pourtant pas gagnée d'avance. Car Antigone, projet mené par le Catalan Ricardo Bofill à la fin des années 70, est un ovni en matière d'urbanisme. Un véritable parti pris impertinent. Avec ses bâtiments inspirés de la Grèce antique, ce surprenant programme a néanmoins su s'imposer au fur et à mesure comme une figure de proue du renouveau de la ville. Il a même donné le coup d'envoi à la vaste ambition architecturale portée par l'ancien maire Georges Frêche. Du polygone (NDLR : centre commercial) aux rives du Lez, la métamorphose est aujourd'hui considérable. Et pour accompagner ces changements, la ville a choisi de faire appel à des pointures de l'architecture. Rien que dans le petit périmètre d'Antigone, se côtoient la bibliothèque de Paul Chemetov, la piscine de Ricardo Bofill et, à quelques centaines de mètres, a été inauguré en 2011 l'imposant hôtel de ville signé notamment par la star française de l'architecture, Jean Nouvel. Et des stars, Montpellier n'en manque pas. Elles rivalisent même de créativité et d'ingéniosité.
Des audaces architecturales
Parmi les réalisations symboliques, on peut citer le Corum, palais des congrès de la ville érigé en 1990 par Claude Vasconi. Loin de faire l'unanimité au départ, notamment en raison de son coût, il est aujourd'hui un lieu incontournable accueillant des opéras, des ballets ou des concerts lyriques. Plus récemment, l'anglo-irakienne Zaha Hadid a livré les Archives municipales situées dans un quartier populaire de la ville à la jonction de la Pailade, Alco, Malbosc et Celleneuve. Ce bâtiment au design futuriste intègre le projet d'un éco-quartier de 10 hectares. Dans la zone récente de Port-Marianne, c'est l'architecte italien Massimiliano Fuksas qui s'est illustré avec la construction du lycée hôtelier Georges Frêche : "Le bâtiment devait être une vedette pour la région et un lycée haut de gamme avec une architecture très technique", soulignait lors de la présentation de l'édifice, Damon Belusco, architecte en chef pour Fuksas.
Une ville design plébiscitée
Autre projet, autre star. Cette fois, c'est une des figures les plus emblématiques du design français qui s'est lancée dans la création d'un bâtiment tertiaire baptisé "Le nuage" installé entre le parc Georges Charpak (ex-parc Marianne) et l'avenue Raymond Dugrand. Avec sa façade en membrane transparente en ETFE (éthylène tétrafluoroéthylène), il devrait surprendre les riverains dès 2014. Et cet esprit audacieux, Montpellier le traduit au-delà même des frontières du bâti puisque l'habillage certaines lignes de tramways ont été griffées par le couturier Christian Lacroix. Dans un autre style, la place du 20ème siècle met en scène dix statues de personnalités politiques parmi lesquels Winston Churchill, Mohandas Gandhi, Charles de Gaulle ou encore Lénine dont l'intégration a été fortement critiquée. Malgré tout, ces choix semblent porter leurs fruits. Ainsi, le New York Times a classé la ville parmi les 45 sites à visiter absolument en 2012. Un titre dont elle peut se targuer puisqu'elle était la seule commune de l'Hexagone à figurer au palmarès. Sur le territoire, elle se hisse au quatrième rang des villes préférées des métropolitains, selon un sondage publié par BVA-Presse en février 2013. Montpellier devrait donc poursuivre sa route et rien ne semble l'arrêter. Pour preuve, l'opération "Folies du 21e siècle" vise à impulser la conception et la réalisation de 12 nouvelles 'Folies' du XXIème siècle tout droit issu de la tradition des "Folies" montpelliéraines du 18e siècle*. Avec ses bizarreries, ses disparités, son centre historique, sa modernité, Montpellier espère une chose : séduire. Reste à savoir si c'est un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie !
* Au XVIIIe siècle, à Montpellier et en périphérie de la ville sont apparues d'élégantes demeures conçues par des architectes locaux, pour des aristocrates ou de grands bourgeois : château de Flaugergues, château de la Mogère, château d'Ô ou encore de la Mosson... Par une architecture et une organisation qui leurs sont propres, ces bâtisses appelées Folies Montpelliéraines ont marqué l'histoire architecturale de la ville et contribuent encore aujourd'hui à son identité. Source : Ville de Montpellier