C'est l'une des principales surprises de ces élections municipales. A Bordeaux, Pierre Hurmic est parvenu à faire basculer le fief d'Alain Juppé après plusieurs tentatives infructueuses. Le nouveau maire Europe Ecologie-Les Verts a remporté le scrutin du 28 juin à environ 46,5% des voix, contre 44,1% pour le maire sortant Nicolas Florian, dauphin d'Alain Juppé, soutenu par la République en marche.

 

Aménagement urbain : la maîtrise au programme

 

L'une de ses premières mesures concernera directement le secteur de la construction. Le nouveau maire de Bordeaux compte en effet repenser l'urbanisme dans la ville. Pour cela, il souhaite engager rapidement Bordeaux dans la zéro artificialisation nette, en poussant à construire sur des espaces déjà artificialisés et en augmentant la hauteur des constructions pour notamment favoriser les toitures végétalisées.

 

Pierre Hurmic entend également "maîtriser le rythme de la construction et marquer une pause dans les grands programmes" emblématiques de l'ère Juppé, tels Euratlantique, Bastide-Niel et Brazza. Ceux-ci devraient être revus au cas par cas, en tenant compte des équipements structurants prévus ou non. De façon générale, les programmes immobiliers en cours pourraient être gelés, tout comme les permis de construire non délivrés devraient être réexaminés. Il encourage également une révision du PLU.

 

Construction : encourager les acteurs dans une dynamique plus durable


Le nouveau maire de Bordeaux devrait aussi engager une politique pour inciter les acteurs du BTP à entrer dans une démarche plus verte. Pour cela, il entend tout d'abord favoriser les entreprises qui vont au-delà des normes en vigueur, ce qui serait un critère de choix différenciant en tant que tel dans les appels d'offres. Seraient ainsi préférées les "architectures qui emploient des matériaux bioclimatiques, ainsi que des matériaux à forte inertie". Ou encore les propositions qui "préconisent des combinaisons de matériaux, de surfaces, des choix d'implantation et d'orientation des bâtiments qui permettent d'améliorer à la fois les conditions de confort thermique à l'intérieur et à l'extérieur du bâtiment".

 

Pierre Hurmic compte par ailleurs travailler avec les entreprises de BTP pour promouvoir l'économie circulaire. Ce qui pourrait passer dans les appels d'offres, par une clause sur l'usage de matériaux recyclés pour la construction de bâtiments publics, ou par l'intégration d'un lot de déconstruction, en cas de démolition, avec récupération des matériaux, dans les appels d'offres. Ou encore par la création d'une ressourcerie ouverte aux particuliers comme aux professionnels.

 

Logement : des projets plus verts


En matière de logement, la nouvelle équipe municipale de Bordeaux a pour objectif de "mettre en œuvre une politique ambitieuse d'une offre nouvelle de logements à loyers modérés", en la rééquilibrant dans les quartiers. De manière générale, les projets de construction seront étudiés à la loupe. La volonté est d'intégrer dans chaque permis de construire de logements collectifs la création de projets d'espaces verts par exemple. L'obligation pour les propriétaires de respecter les mesures pour éviter/réduire/compenser devrait être étendue à l'ensemble des projets, alors qu'elle ne s'applique qu'à ceux de plus de 10.000 m2 actuellement.

 

La municipalité promet par ailleurs de lancer et d'accompagner les projets de baux réels solidaires. Elle souhaite également impliquer davantage les citoyens, afin qu'ils deviennent "acteurs" de leur logement. Pour cela, elle compte former à l'auto-réhabilitation, à l'auto-construction et à l'utilisation de matériaux écologiques. Les projets d'habitat partagé et participatif seront aussi encouragés.

 

En matière de rénovation énergétique, Pierre Hurmic évoque la mise en place d'une "exonération temporaire de la part communale de la taxe foncière pour les propriétaires-bailleurs et propriétaires occupants ayant réalisés des travaux significatifs de rénovations énergétiques des habitations (de 50% à 100% sur 5 ans)". Il s'agira aussi d'amplifier les programmes d'accompagnement et les aides aux travaux de rénovation, d'en améliorer la lisibilité pour le parc privé, et d'accélérer dans le parc social.

 

Mobilité : s'appuyer sur l'existant

 

Là encore, l'objectif est clair : Pierre Hurmic ne poussera aucun projet phare, et ne proposera pas de créer de "nouvelles infrastructures coûteuses". Il préfère à l'inverse s'appuyer sur l'existant, en cherchant à organiser et partager différemment les services et les espaces.

 

L'objectif affiché est aussi de faire de Bordeaux une ville plus "apaisée". Pour cela, il veut redonner de l'espace aux piétons notamment, en élargissant la zone piétonne du centre-ville de Bordeaux, et en "décourageant le trafic de transit" par une diminution de l'espace de voirie dans certains quartiers.

 

Les transports en commun pourraient aussi bénéficier de plus d'espace. Ce qui passerait par le réaménagement des boulevards, qui seraient complétés et reliés sur la rive droite en créant une liaison de transport en commun en site propre. Les voies réservées devraient être multipliées, pour améliorer la performance du réseau de transport.

 

Le vélo tient également une bonne place dans les projets de l'équipe de Pierre Hurmic. Partant du principe que les usages vont augmenter, elle entend mieux dimensionner et sécuriser les aménagements dédiés. Avec la métropole, il serait question de "réviser, compléter et achever le réseau express vélo en moins de deux ans", de multiplier le nombre de pistes en site propre et de prêter une attention particulière à l'entretien de ces voies. Investissement prévu sur la mandature : 350M€.

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