EN CHIFFRES. Presque la moitié des professionnels labellisés assurent que le manque de moyens financiers est la première raison invoquée par leurs clients pour refuser leurs devis, selon le baromètre Sofinco des habitudes de consommation. L'intérêt du RGE ne semble toutefois pas remis en cause aux yeux des artisans.
On le sait, massifier les travaux de rénovation énergétique passera par la sécurisation des financements. La dernière édition du baromètre Sofinscope des habitudes de consommation vient le confirmer.
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Pour cette nouvelle enquête d'opinion réalisée entre septembre et octobre 2024 pour le compte de Sofinco (groupe Crédit Agricole), l'institut OpinionWay a interrogé 400 artisans labellisés RGE sur l'objectif de réduction des passoires thermiques et les projets de rénovation de leurs clients.
Dans le détail, 65% des sondés étaient spécialisés en travaux d'efficacité énergétique, 35% en installation d'énergies renouvelables et moins de 1% en rénovation globale.
Pour 64% des artisans, la rénovation représente la moitié, voire plus, du carnet de commandes
Bilan : les professionnels du bâtiment ne semblent pas pouvoir répondre aux besoins des particuliers tant que les moyens financiers adéquats n'auront pas été débloqués. Pour 64% des entrepreneurs interrogés, les chantiers de rénovation énergétique sont d'autant plus prépondérants qu'ils représentent la moitié, voire plus, de leur carnet de commandes.
Et ils ne peuvent pas vraiment se substituer à un accompagnement spécifique : si 59% sont capables de guider leurs clients dans la préparation de leur demande d'aide type Ma prime rénov', 63% considèrent malgré tout que l'accès aux solutions de financement freine le lancement des chantiers.
Les Français sont prêts à consacrer 3.351€ en moyenne à la réhabilitation de leur logement
Selon une précédente étude de juin dernier, les Français se disent prêts à consacrer en moyenne 3.351€ à la réhabilitation de leur logement. Une enveloppe assez maigre qui explique que les aides publiques soient perçues comme la principale source de financement des particuliers (64%).
Du côté de Sofinco, on tente évidemment d'attirer l'attention sur des alternatives, comme le crédit amortissable classique (déjà utilisé par 51% des clients), le prêt vert (32%) ou encore le paiement en plusieurs fois (21%).
"En tant que financeur, nous devons être des facilitateurs de la rénovation énergétique en accompagnant les professionnels de l'habitat, faire preuve d'agilité pour répondre aux besoins d'un maximum de Français en matière de financement et d'accès aux aides gouvernementales", clame Franck Oniga, le directeur général de la filiale du Crédit Agricole.
À ses yeux, "le conseil et l'accompagnement pour la constitution des dossiers sont essentiels". Le financeur vient d'ailleurs de lancer une offre de financement intégrant un bouquet de services, avec l'ambition de financer plus de 3 milliards d'euros de travaux d'ici 2027.
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Un financement "clé en main" inciterait 62% des clients à accepter plus rapidement les devis
Toujours d'après le baromètre, presque la moitié (46%) des artisans RGE assurent que le manque de moyens financiers est la première raison invoquée par leurs clients pour justifier le refus de leurs devis. Endossant parfois le rôle de "conseillers", ils ont aussi tendance à proposer d'autres solutions de financement (pour 25% d'entre eux) ou à sous-traiter ce service (17%).
Un professionnel sur quatre (26%) souhaiterait même suggérer davantage de dispositifs à ses clients. D'après les personnes interrogées, une solution de financement "clé en main" (crédit, paiement différé ou en plusieurs fois...) inciterait 62% des clients à accepter plus rapidement les devis.
93% des artisans comptent renouveler leur label RGE à échéance
Les difficultés autour de MPR et du RGE sont toutefois loin d'arrêter ces professionnels puisque 93% d'entre eux ont l'intention de renouveler le label lorsqu'il arrivera à échéance. Parmi les 7% qui ne veulent pas le reconduire, 64% invoquent un montage du dossier trop complexe et chronophage, 58% un coût trop élevé et 36% le fait que l'obtention du label entraîne des audits sur chantiers qui génèrent des retards de livraison et des coûts supplémentaires.