Le Premier ministre a lancé, vendredi 19 juillet, le projet du "Nouveau Grand Paris des transports", qui verra l'Etat investir, d'ici à 2017, six milliards d'euros pour étendre et rénover le réseau ferroviaire et de bus d'Ile-de-France. Explications et réactions.
Alors que le drame de Brétigny-sur-Orge (Essonne) du 12 juillet 2013 a mis en lumière la vétusté des réseaux de transport ferrés en Ile-de-France, l'Etat et la région Ile-de-France vont consacrer 6 milliards d'euros à la rénovation et au renforcement du réseau de transports franciliens existant d'ici 2017. En effet, ces derniers ont souligné la priorité donnée à la rénovation du rail, depuis l'audit alarmant sur la vétusté du réseau, réalisé par l'Ecole polytechnique de Lausanne en 2005.
Six milliards d'euros d'investissement
Le Premier ministre a donc qualifié vendredi d'"étape très importante" la signature avec la région Ile-de-France d'un protocole de financement de 6 milliards d'euros d'ici à 2017 pour améliorer les transports du quotidien, un des deux piliers du Grand Paris des transports, l'autre portant sur la réalisation à horizon 2030 du réseau de métro automatique Grand Paris Express, dont l'enquête publique doit débuter à la fin de l'année.
"Il faut aujourd'hui donner à cette signature toute sa portée : il n'était pas facile de concilier l'ambition du Grand Paris Express (futur métro automatique) avec le Plan de mobilisation (pour les RER, métros existants) et je me félicite que nous ayons réussi, a déclaré Jean-Marc Ayrault. Le Nouveau Grand Paris s'inscrit dans le nouveau modèle français, celui qui regarde en face les problèmes."
Il a également replacé cette convention dans une "stratégie à l'échelle nationale", développée le 9 juillet 2013 au cours de son plan d'investissement avenir (lien) et qui donne "la priorité aux transports du quotidien qui concernent chaque mois 80 millions de passagers dans des trains" qui sillonnent la France.
Si le premier objectif est de "remettre en état [nos] réseaux", le deuxième est de "remplacer tous les trains Intercités". Toutefois, il a tenu à rassurer : "Ce n'est pas la fin des grands projets TGV, (...) ça n'aurait pas de sens." Et d'ajouter : "Il s'agira de traiter en priorité les points de blocage, c'est-à-dire les grands noeuds ferroviaires", dont un certain nombre sont en Ile-de-France… L'Etat a aussi décidé que la SGP (Société du Grand Paris) contribuerait à hauteur de 2 milliards d'euros pour 6 milliards d'euros de travaux à engager, ce qui aboutira à la rénovation de 42 chantiers.
Alors que le Gouvernement entend relancer "à la rentrée" les négociations de contrats de plan Etat-régions, consigne a été donnée aux préfets "d'aller vite sur le volet mobilités, pour conclure si possible (ce chapitre) avant la fin de l'année", a conclu Jean-Marc Ayrault.
57.000 emplois d'ici à cinq ans par les seuls chantiers du plan
Son déplacement au conseil régional d'Ile-de-France est une "première", a souligné de son côté son président, Jean-Paul Huchon (PS). "Ce nouvel acte de Décentralisation prévoit la création de 57.000 emplois dans les cinq prochaines années par les seuls chantiers du plan de mobilisation", a-t-il déclaré. Jean-Paul Huchon a aussi reconnu que les incidents quotidiens sur les lignes de métro et de RER posaient des vrais problèmes pour les usagers et estimé que "ces 42 chantiers sont précisément une réponse qui va changer la vie des gens."
La métropole du Grand Paris votée à l'Assemblée nationale
Malgré l'opposition, les députés ont approuvé vendredi 19 juillet la création d'une métropole du Grand Paris sous la forme d'un établissement public de coopération intercommunale (EPCI), qui regroupera la capitale, les communes des départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) et les communes franciliennes.
La métropole sera donc administrée par un conseil composée pour un quart de représentants du Conseil de Paris et pour trois quarts de ceux des conseils municipaux de la petite couronne. La création de cette nouvelle métropole, qui n'était pas prévue sous cette forme dans le texte initial du gouvernement, fait suite à un accord intervenu entre les parlementaires socialistes d'Ile-de-France, Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris Bertrand Delanoë et candidate à sa succession, Jean-Paul Huchon, président de la région, et Claude Bartolone, président de l'Assemblée et élu de Seine-Saint-Denis.
Le projet de loi défendu par la ministre de la Réforme de l'État Marylise Lebranchu, qui fera l'objet d'un vote global mardi prochain, est le premier volet des lois de Décentralisation du Gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il avait déjà été voté en juin au Sénat, où il a été largement vidé de sa substance. La reprise de la navette entre les deux chambres n'aura lieu qu'à la rentrée.
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Frédéric Cuvillier, ministre des Transports : "Ce plan de mobilisation 2013-2017 de 6 milliards d'euros, a été élaboré bien avant la catastrophe, nous confirme-t-il à l'issue de la signature du protocole. C'est une concrétisation de travail qui a permis dès le premier jour comme l'a dit le Premier ministre une satisfaction tant attendue par les Franciliens. Et au-delà c'est le signe de ce que nous souhaitons imprimer en matière de politique du transport : modernisation de l'existant, régularité, qualité, transport, cela rend que plus nécessaire cette mise en place rapide. Comme les budgets ont été réservés aux grandes infrastructures, sur le transport du quotidien, un certain nombre de chantiers sont prêts mais faute de financement, ils n'étaient pas engagés. On va désormais pouvoir les lancer très vite dès qu'on aura signé avec les Régions, les Départements, les agglomérations, car on veut le faire avec la hiérarchisation des territoires."