TERRITOIRES. A l'occasion des trente ans de l'association d'élus Villes de France, qui rassemble les maires de villes dites moyennes, le Premier ministre et de nombreux membres du Gouvernement, ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher, avaient fait le déplacement. Des prises de parole importantes, dans le contexte du mouvement des gilets jaunes, dont la plupart sont habitants de ces villes.

Un anniversaire, soit, mais dans un contexte très particulier. Et tous l'avaient en tête. D'abord, montrer l'unité et la solidarité pour Strasbourg, au lendemain de l'attaque qu'elle a subie, vers qui ils se sont tournés en premier lieu pour rendre hommage aux victimes. Puis, aborder les sujets de fonds : le contexte économique et social de la crise des gilets jaunes, qui secouent le pays.

 

"La France qui souffre et reste digne"

 

"Nous représentons la France des gilets jaunes, la France qui souffre et reste digne" a rappelé la présidente de l'association Villes de France, qui fêtait ses trente ans, ce mercredi 12 décembre. Et ils étaient nombreux du gouvernement à écouter Caroline Cayeux, dont le Premier ministre en personne, Édouard Philippe et bien sûr Jacqueline Gouraud, Sébastien Lecornu et Julien Denormandie, respectivement ministre et ministres auprès de la ministre à la Cohésion des territoires, mais aussi Olivier Dussopt, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics et Sophie Cluzel, secrétaire d'État auprès du Premier ministre.

 

 

Le thème central de la soirée aura été le dialogue, qui semble retrouvé entre le Gouvernement et les élus et celui à amorcer pour sortir de la crise. Jean-François Débat, président délégué de Villes de France et maire de Bourg en Bresse l'aura initié, en préférant l'anaphore pour évoquer les sujets qui fâchent - "s'il n'y avait pas ce contexte, nous aurions pu évoquer" : finances locales, taxe d'habitation, financement de la rénovation urbaine, efforts pour la transition écologiques... Les deux messages sont là : maires des Gilets Jaunes, ils sont disponibles pour travailler sur les réponses et solutions à apporter, ils sont un maillon qu'il ne faut pas négliger et qu'il faut tout aussi considérer.

 

Les élus, en première ligne

 

La présidente Caroline Cayeux et le président du Sénat Gérard Larcher, ont en effet rappelé à sa suite la position essentielle des maires : en première ligne. Pour leurs concitoyens, les maires et les présidents d'intercommunalités sont les premiers interlocuteurs de la puissance publique au sein des villages et des villes, ils sont la première oreille, le premier recours. Des "capteurs extrêmement sensibles des tensions sociales qui parcourent notre société mais également les premiers amortisseurs des difficultés ou des injustices sociales, ils sont les garants d'une réelle harmonie sociale dans notre territoire" pour Caroline Cayeux, "les premiers témoins des dérèglements de notre société, vers eux qu'on se tourne en cas de terribles épreuves" pour Gérard Larcher, qui ajoute : "Les élus locaux ne se dérobent jamais."

 

Des messages bien sûr entendus par le Premier ministre, qui reconnaît l'importance de la place de ces villes, agglomérations et élus pour maintenir l'équilibre des territoires et qui appelle à donner du temps au débat que le président de la République a lancé en réponse au mouvement des gilets jaunes. Un débat durant lequel il ne faudra pas oublier "nos enfants après nous", insiste-t-il, reprenant le titre d'un ouvrage. Un débat enfin, durant lequel les maires auront bien sûr un rôle essentiel à jouer pour faire remonter les contributions citoyennes sur les quatre axes ouverts par le Gouvernement : la transition écologique, la fiscalité, la démocratie et l'organisation de l'État.

 

Ouverture du grand débat national sur quatre axes

 

"J'ai été bien plus longtemps élu local que je ne serai premier ministre. Six ans et demie de mandat comme maire, y'a pas photo !", ironise le Premier ministre. "Mais comment faire en sorte que ce que nous réussissons à faire au niveau local puisse aller au niveau national ?" Comme rénover les quartiers ou engager la transition écologique. Et de reconnaître : "Honnêtement, c'est beaucoup plus difficile." L'exemple à suivre : le plan "Action cœurs de ville", qui permet d'encourager les initiatives locales. Nous pourrions oser le jeu de mots à la fin de la soirée : le dialogue, bien malmené ces derniers temps entre les collectivités et l'État, semble ainsi "en marche". Tous s'accordent à le dire. Mais vient maintenant le temps du débat… qui prendra du temps. "Il faut penser et mettre en œuvre les projets à long terme, avec cohérence et amour du pays", conclut le Premier ministre.

 

Et du côté de Villes de France dans son communiqué, on rappellera quand même enfin qu'il faut aller "au-delà du seul débat national et organiser un Grenelle du pouvoir d'achat, à l'issue de la phase de consultation, pour acter les décisions avec les maires et les élus locaux".

actionclactionfp