Alors que le chef de l'Etat a salué, ce jeudi, "la volonté de dialogue des artisans" lors du congrès annuel "Lab UPA", l'organisation patronale a dévoilé ses "13 priorités" pour le prochain quinquennat : apprentissage, concurrence loyale, droit du travail, et annoncé son rapprochement avec les libéraux de l'UNAPL.
Dans un climat d'activité artisanale redevenu morose cet automne, le chef de l'Etat, a tenu à saluer la "volonté de dialogue" des artisans, jeudi 27 octobre, au Palais Brongniart à Paris, au cours du congrès annuel de l'UPA, baptisé le "Lab UPA". "Vous avez toujours été dans une volonté de dialogue et vous avez des résultats", a signalé François Hollande en clôture de discours,
Contrairement au dernier événement organisé, mardi, par la Fédération française du bâtiment (FFB), les candidats à la primaire de la droite à l'élection présidentielle n'ont pas présenté leur programme aux artisans. Le seul dirigeant politique reçu est François Hollande, qui a dressé un bilan des mesures prises par l'Etat au cours de sa mandature. En effet, le dernier discours d'un président de la République devant les artisans remontait en 2000 avec Jacques Chirac, à l'occasion des 25 ans de l'UPA.
Sur le sujet épineux de la lutte contre
le travail détaché
, le chef de l'Etat s'est montré déterminé dans son discours affirmant que "nous allons rapprocher la situation des travailleurs détachés de celle des salariés français."Quant à la
"concurrence déloyale",
"nous allons faire en sorte qu'une carte d'identification professionnelle soit sur tous les chantiers", a-t-il ajouté.S'agissant de la
simplification,
"nous irons jusqu'au bout, a-t-il promis. La simplification pour les TPE, les marchés publics : c'est ce qui coûte le moins cher et rapporte le plus à nous tous", a déclaré le chef de l'Etat.Par ailleurs, François Hollande a évoqué la réforme controversée du
RSI
: "Elle a alimenté beaucoup de discussions et créée beaucoup de frustration (…). Je remercie les responsables du RSI qui s'y sont engagés et les médiateurs qui sont aujourd'hui installés."
" "Les gouvernements ne légifèrent pas assez en direction des TPE-PME", Jean-Pierre Crouzet à François Hollande
A quelques mois de l'élection présidentielle, le président de l'organisation patronale, Jean-Pierre Crouzet, a d'ores et déjà interpellé les candidats à la présidentielle en dressant ses treize priorités pour le "quinquennat à venir." Avant de l'épingler : "Les gouvernements ne légifèrent pas assez en direction des TPE-PME".
Pour la première priorité,
l'UPA demande concrètement"la création d'un service public de l'orientation ad hoc",
pour orienter les jeunes en fonction des besoins économiques. Partant du constat qu'une orientation scolaire "s'effectue trop souvent par l'échec, l'orientation doit être gérée avec tous les acteurs concernés : Education nationale, Région, partenaires sociaux.""Il faut aussi empêcher
la sortie du système éducatif sans diplôme ni qualification
, a insisté Jean-Pierre Crouzet. Le risque est de devenir un poids à vie pour la société, chaque jeune doit le savoir et prendre ses responsabilités." C'est pourquoi, l'UPA propose de"renforcer la qualification"
pour ses métiers.Seconde priorité :
"Créer une culture économique précoce et forte".
L'organisation patronale suggère de "mener des campagnes de valorisation des métiers de l'artisanat et du commerce de proximité et des formations techniques qui y mènent en s'appuyant sur le témoignage de professionnels et de jeunes."De plus, "les entrées en
apprentissage
doivent s'effectuer en cours d'année et pas seulement en septembre, pour éviter l'arrêt complet de l'apprentissage par le jeune." Sans compter que "l'accompagnement financier des entreprises qui forment des apprentis devrait être conforté."Autres actions prioritaires : l
a baisse du coût du travail ainsi qu'un accès facilité aux financements.
"La nouvelle baisse du coût du travail annoncée pour 2017 va se concrétiser, qu'il s'agisse du CICE avec une réduction prévue de 7 % de la masse salariale ou de la mesure d'allégement pour les travailleurs indépendants qui ne bénéficent pas du crédit d'impôt", poursuit Jean-Pierre Crouzet.L'UPA aimerait donc voir créer "
un fonds de financement de l'artisanat
dédié à la création, la reprise et à la modernisation des entreprises." L'organisation souligne également la nécessité "d'exonérer de charges sociales et fiscales les bénéfices réinvestis dans l'entreprise. Ils sont générateurs d'activité et d'emploi et constituent des fonds propres de nature à rassurer les banques."Par ailleurs, pour lutter contre le
compte pénibilité
, auquel l'UPA reste toujours fermement opposé, elle réclame de la prévention. "Nous recommandons donc la concertation avec les partenaires sociaux, étude d'impact sur les TPE-PME et expérimentation sur le terrain pour valider la faisabilité", signale l'UPA.Autre réforme fortement suggérée :
le statut du travailleur détaché
. "Il faut imposer une règle simple : le droit social et fiscal applicable est celui du pays où le travail est effectué, et ce quel que soit le pays d'origine du salarié et quelle que soit la durée du détachement", estime à son tour Patrick Liébus, vice-président de l'UPA. Tout en estimant que l'application des règles est trop souvent dévoyées.Enfin, l'UPA voudrait redonner du pouvoir aux branches professionnelles : "98 % des entreprises françaises ont moins de 50 salariés et ne disposent pas de service de ressources humaines : la négociation au niveau des branches doit conserver un rôle central."
"Un rapprochement" l'UPA avec l'Union nationale des professions libérales (UNAPL) pour mieux représenter les TPE
L'Union nationale des professions libérales (UNAPL), forte de 100.000 adhérents comptant notamment les architectes, les économistes de la construction, maîtres d'œuvres et ingénieurs conseils, se rapprochera dès le 17 novembre prochain de l'UPA, pour défendre "plus fortement les intérêts communs de ces deux organisations patronales et surtout mieux représenter les intérêts des TPE", ont annoncé le président de l'UPA, Jean-Pierre Crouzet et Michel Chastang, président de l'UNAPL.
Un nouveau nom de l'organisation patronale sera acté lors de l'AG du 17 novembre 2016