Deux hommes, dont un officier viennent d'être mis en examen dans l'enquête pour corruption autour de l'attribution à Bouygues Construction du chantier du futur siège du ministère de la Défense à Balard, a signalé une source judiciaire. Une information qui confirme une révélation du Canard enchaîné, parue ce mercredi 14 mai. Précisions.
Alors que le chantier du futur siège du ministère de la Défense à Balard, dans le 15ème arrondissement de Paris bat son plein, les affaires juridiques dédiées aux conditions de l'appel d'offres remporté par le groupe de BTP Bouygues refont surface. Deux quadragénaires ont été mis en examen par deux juges d'instruction du pôle financier de Paris, il y a environ deux semaines, a signalé une source judiciaire confirmant une information révélé, mercredi 14 mai par le Canard Enchaîné.
D'après le journal satirique, un capitaine, en poste au ministère de La Défense, est soupçonné d'avoir fourni des documents à un intermédiaire franco-tunisien.
"Pas au cœur du dispositif"
Le militaire, exerçant en 2010, un poste à la Direction de la mémoire du patrimoine et des archives (DMPA), n'était "pas au cœur du dispositif" d'attribution du marché, mais il est soupçonné d'être entré en possession de documents qu'il aurait pu transmettre. Une accusation que l'intéressé formellement.
Pour rappel : le procureur de la République de Paris avait ouvert le 21 février 2012 une information judiciaire a confié à deux juges d'instruction du pôle financier de Paris. Leurs investigations portaient déjà sur des faits présumés de corruption et de favoritisme et s'intéressaient au même intermédiaire (Ndlr : chargé d'opérations en 2012 des marchés publics et des constructions immobilières à France Télévisions). Un intermédiaire "important" d'après un rapport de synthèse des enquêteurs, qui le présente comme proche des groupes Bouygues et Vinci, rappelle une archive du Nouvel Observateur en mars 2012. Ils cherchaient à cette période quel rôle il avait pu bien jouer dans l'attribution de ce chantier réalisé sur près de 320.000 m².
L'enquête se poursuit nous confirme-t-on, notamment sur d'éventuels versements d'argent et sur le destinataire final des documents.
Par ailleurs, l'hebdomadaire satirique rappelle que Gérard Longuet, alors ministre de la Défense, et son cabinet, avaient "appris en janvier et février 2012 que des données secrètes ainsi que des propositions techniques et financières des candidats au 'Balardgone (Ndlr : surnom donné au site) avaient été diffusées à l'extérieur". Mais, ajoute le journal, "ils n'avaient rien fait".
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Silence au ministère de la Défense
De son côté, le groupe Bouygues constate que "cette enquête ne la vise toujours pas, ni de près ni de loin", a déclaré à l'AFP Me Antonin Lévy, avocat du groupe. Enfin, le maître d'ouvrage, le ministère de la Défense, nous a confié - par la voix de la Délégation de l'information et à la communication de la Défense (DICoD) et la Délégation pour le regroupement des états-majors et des services centraux de la Défense (Dresd) - n'avoir aucun commentaire à faire. "C'est le ressort total de la Justice, une longue enquête est en cours", signale-t-on. A suivre.
S'agissant du chantier, la DRESD nous a confirmé que "le futur siège du ministère de la défense prend forme après l'étape du gros œuvre achevée en décembre dernier. A l'heure actuelle, 1.200 ouvriers présents sur le chantier s'affairent aux aménagements intérieurs et à la mise en place des cloisonnements." La mise en service du bâtiment à une première partie du personnel (Ndlr : 9.300 personnes au total) est confirmée au premier trimestre 2015.