Après la plainte déposée en mars dernier par l'ONG Sherpa, le parquet de Nanterre vient d'ouvrir une enquête préliminaire contre Vinci Construction pour "travail forcé", "réduction en servitude" et "recel" à l'encontre des migrants employés sur ses chantiers au Qatar en vue du Mondial de football prévu en 2022.
Un mois après la plainte déposée par l'association Sherpa contre le groupe de BTP Vinci pour "travail forcé" dans le cadre des chantiers de la future Coupe du Monde 2022 au Qatar, une enquête préliminaire contre Vinci Construction a été ouverte il y a quinze jours par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), là où Vinci a son siège social.
Plusieurs auditions seront menées en France, a expliqué la procureure des Hauts-de-Seine, Catherine Denis, ce samedi 25 avril, dans l'optique de "vérifier les allégations" de l'association Sherpa, qui accuse notamment Vinci Construction Grands Projets (VCGP) de recourir au travail forcé de travailleurs migrants sur ses chantiers au Qatar. Les sites visés concernent notamment le projet de tramway de Lusail, du métro de Doha et celui du tronçon d'autoroute de 47 km, la New orbital Highway.
Vers des investigations au Qatar après l'été ?
Une information judiciaire, qui conduirait à mener des investigations au Qatar, pourrait être ouverte "après l'été" en fonction des résultats de cette enquête, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, les enquêtes réalisées sur place par l'ONG "concluent à l'utilisation" par Vinci Construction et sa filiale qatarie QDVC "de menaces diverses pour contraindre une population vulnérable à des conditions de travail et d'hébergement indignes et à une rémunération dérisoire." Justement, Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux dans le pôle Globalisation et Droits humains de l'association Sherpa nous précisait en mars dernier que "les passeports sont confisqués par l'entreprise et les travailleurs subissent des menaces s'ils revendiquent leur droit à de meilleures conditions de travail ou de logement, s'ils désirent démissionner ou changer d'employeur."
à lire aussi
Diffamation pour le groupe Vinci
De son côté, le groupe Vinci a déposé plainte pour diffamation, mi-avril à Paris, contre l'association, à laquelle il réclame ainsi qu'à ses dirigeants, 300.000 euros de dommages et intérêts. Pour Vinci, "l'annonce du dépôt de plainte a été soigneusement orchestrée, afin de donner aux graves accusations portées contre le groupe Vinci la plus grande publicité", nous avait confié le porte-parole de Vinci en mars dernier.