Commandée en 1924 par le couturier parisien Paul Poiret au fameux architecte Robert Mallet-Stevens, la villa Poiret devait ouvrir ses portes exceptionnellement à l'occasion des journées du Patrimoine. Ces journées sont annulées, mais, à défaut, Batiactu.com vous propose une courte visite virtuelle.
La visite à Mézy-sur-Seine s'impose pour tous les amateurs de l'architecte Mallet-Stevens et les passionnés d'architecture " style international ", annonçant l'Art-Déco. En effet, l'ouverture de la superbe villa Poiret, typiquement années vingt est un évènement rare. Sur place, un guide présente au visiteur la presque totalité des pièces soit près de 800 m² de surface utiles. Il accompagne les promeneurs arpenter les 600 m² de terrasses ou contempler la vue qui s'étend jusqu'à Paris, du haut du " belvédère ". Par temps clair, il est possible d'apercevoir La Défense, la Tour Eiffel ou le Sacré Cœur, pourtant distants de plusieurs dizaines de kilomètres ! Le parc peuplé d'arbres rares s'étend sur près de 5 hectares. Le hall est bien sûr la pièce la plus impressionnante. Ouvert sur l'extérieur avec ces deux immenses baies vitrées, il dispose d'une hauteur sous plafond exceptionnelle (trois niveaux) et était prévu pour servir d'écrin aux défilés de mode du couturier. Toutes les pièces de réception donnent de plain-pied sur l'immense terrasse dominant le jardin.
Une histoire pleine de rebondissement
De dimensions assez exceptionnelles cette superbe maison a connu une histoire extraordinaire. Paul Poiret son commanditaire ne l'a jamais habitée. En effet, sa construction a du être stoppée avant terme, suite à la faillite de sa maison de couture qui intervient en 1925. Paul Poiret amoureux de sa villa séjourne dans le pavillon de gardien le seul achevé. La maison se présente alors comme un vaste sarcophage de béton, sans fenêtres, sans eau ni électricité et sans aucune finition intérieure ! " Je suis propriétaire des seules ruines modernes ", déclare le propriétaire non sans humour. En 1930 il vend la construction inachevée à l'actrice dramatique d'origine roumaine Elvire Popesco.
Elvire Popesco achève la construction de la villa à son idée
L'actrice reprend les travaux en vue d'y habiter. Elle appelle alors à ses côtés l'architecte Paul Boyer. Ce dernier n'a pas le talent de Mallet-Stevens et ne fait que suivre les directives d'Elvire Popesco. Celle-ci cède à la mode paquebot qui fait fureur à l'époque. La villa se voit parée de hublots et de rambarde style bastingage. La terrasse est achevée par un arrondi imitant la poupe d'un transatlantique. Mais l'essentiel du dessin de Mallet-Stevens est sauvegardé. Elle habite sur place jusqu'en 1985. Divers propriétaires se succèdent ensuite et la villa subit les outrages du temps. La technique de béton armée très moderne pour les années 20, vieillit mal. Le métal rouille et fait exploser le ciment.
Rachetée en 1999 par un industriel passionné
La maison est proposée aux enchères publiques en 1997, puis une seconde fois en 1999. Elle est acquise 3,8 millions de francs par un industriel fort riche et passionné d'art. Celui-ci séjourne régulièrement avec femme et enfants dans la villa… alors même qu'elle ne dispose ni d'eau ni d'électricité. Un vrai passionné ! Il se propose encore de réhabiliter la villa telle que l'avait imaginée Rob Mallet-Stevens. Des plans et des photos retouchées par le grand architecte permettent de procéder fidèlement à cette réhabilitation. Problème : la maison est classée dans l'inventaire supplémentaire de monuments historiques (ISMH), à l'initiative de Dominique Barré, maire de Mézy, depuis 1984. Mais, les monuments historiques, eux-mêmes, semblent d'accord pour revenir à la forme initiale. Les travaux pourraient commencer au printemps prochain. A l'avenir, le nouveau propriétaire souhaite louer sa demeure pour des réceptions, colloques ou séminaires.
Deux personnalités exceptionnelles
Robert Mallet-Stevens, architecte moderniste
Issu d'un milieu aisé, Rob Mallet-Stevens est à l'origine décorateur d'intérieur. Au début de sa carrière, il réalise également plusieurs décors pour des films dont notamment l'inhumaine de Marcel L'Herbier. Il fréquente l'aristocratie et la grande Bourgeoisie et obtient sa première commande importante en 1923. Il s'agit de la villa Noailles à Hyères (également visitable), dans le Var. Eclectique, il réalise par la suite un garage à Paris, des hôtels particuliers dans le XVIème arrondissement, des ateliers d'artistes, le casino de Saint-Jean-de-Luz, une caserne de pompiers... et même plusieurs magasins. Il est symbolique de l'architecture moderne ou " cubiste ". Robert Mallet-Stevens meurt en 1945.
Paul Poiret, dandy avant-gardiste
C'est le couturier qui libère la femme de ses vêtements. Paul Poiret révolutionne la mode de la belle époque. Il jette le corset aux oubliettes et raccourcit les jupes des élégantes fortunées. Esthète parmi les esthètes, il côtoie les artistes de tous poils, comédiens, décorateurs, architectes, peintres... Il est l'un des premiers à lancer sa propre marque de parfum : Rosine. La guerre de 1914 donne un premier coup de frein à ses affaires. Il relance son activité après la guerre et commande la villa de Mézy en 1924. Mais, accablé par les dettes, il est obligé de stopper le chantier. Le krach de 1929 achève de le ruiner. Il meurt dans la misère en 1944.
Une histoire pleine de rebondissement
De dimensions assez exceptionnelles cette superbe maison a connu une histoire extraordinaire. Paul Poiret son commanditaire ne l'a jamais habitée. En effet, sa construction a du être stoppée avant terme, suite à la faillite de sa maison de couture qui intervient en 1925. Paul Poiret amoureux de sa villa séjourne dans le pavillon de gardien le seul achevé. La maison se présente alors comme un vaste sarcophage de béton, sans fenêtres, sans eau ni électricité et sans aucune finition intérieure ! " Je suis propriétaire des seules ruines modernes ", déclare le propriétaire non sans humour. En 1930 il vend la construction inachevée à l'actrice dramatique d'origine roumaine Elvire Popesco.
Elvire Popesco achève la construction de la villa à son idée
L'actrice reprend les travaux en vue d'y habiter. Elle appelle alors à ses côtés l'architecte Paul Boyer. Ce dernier n'a pas le talent de Mallet-Stevens et ne fait que suivre les directives d'Elvire Popesco. Celle-ci cède à la mode paquebot qui fait fureur à l'époque. La villa se voit parée de hublots et de rambarde style bastingage. La terrasse est achevée par un arrondi imitant la poupe d'un transatlantique. Mais l'essentiel du dessin de Mallet-Stevens est sauvegardé. Elle habite sur place jusqu'en 1985. Divers propriétaires se succèdent ensuite et la villa subit les outrages du temps. La technique de béton armée très moderne pour les années 20, vieillit mal. Le métal rouille et fait exploser le ciment.
Rachetée en 1999 par un industriel passionné
La maison est proposée aux enchères publiques en 1997, puis une seconde fois en 1999. Elle est acquise 3,8 millions de francs par un industriel fort riche et passionné d'art. Celui-ci séjourne régulièrement avec femme et enfants dans la villa… alors même qu'elle ne dispose ni d'eau ni d'électricité. Un vrai passionné ! Il se propose encore de réhabiliter la villa telle que l'avait imaginée Rob Mallet-Stevens. Des plans et des photos retouchées par le grand architecte permettent de procéder fidèlement à cette réhabilitation. Problème : la maison est classée dans l'inventaire supplémentaire de monuments historiques (ISMH), à l'initiative de Dominique Barré, maire de Mézy, depuis 1984. Mais, les monuments historiques, eux-mêmes, semblent d'accord pour revenir à la forme initiale. Les travaux pourraient commencer au printemps prochain. A l'avenir, le nouveau propriétaire souhaite louer sa demeure pour des réceptions, colloques ou séminaires.
Deux personnalités exceptionnelles
Robert Mallet-Stevens, architecte moderniste
Issu d'un milieu aisé, Rob Mallet-Stevens est à l'origine décorateur d'intérieur. Au début de sa carrière, il réalise également plusieurs décors pour des films dont notamment l'inhumaine de Marcel L'Herbier. Il fréquente l'aristocratie et la grande Bourgeoisie et obtient sa première commande importante en 1923. Il s'agit de la villa Noailles à Hyères (également visitable), dans le Var. Eclectique, il réalise par la suite un garage à Paris, des hôtels particuliers dans le XVIème arrondissement, des ateliers d'artistes, le casino de Saint-Jean-de-Luz, une caserne de pompiers... et même plusieurs magasins. Il est symbolique de l'architecture moderne ou " cubiste ". Robert Mallet-Stevens meurt en 1945.
Paul Poiret, dandy avant-gardiste
C'est le couturier qui libère la femme de ses vêtements. Paul Poiret révolutionne la mode de la belle époque. Il jette le corset aux oubliettes et raccourcit les jupes des élégantes fortunées. Esthète parmi les esthètes, il côtoie les artistes de tous poils, comédiens, décorateurs, architectes, peintres... Il est l'un des premiers à lancer sa propre marque de parfum : Rosine. La guerre de 1914 donne un premier coup de frein à ses affaires. Il relance son activité après la guerre et commande la villa de Mézy en 1924. Mais, accablé par les dettes, il est obligé de stopper le chantier. Le krach de 1929 achève de le ruiner. Il meurt dans la misère en 1944.