Le président de la République a également évoqué de nombreux autres sujets durant son intervention, que Batiactu vous détaille un par un.
Compte pénibilité
Pour Emmanuel Macron, il s'agit d'une réforme de justice que de prendre en compte la difficulté du travail. Le dispositif, simplifié, disposera de ses textes d'applications avant la fin de l'année, pour que tout soit clair en 2018. Le président s'y est engagé devant les professionnels. "Le pragmatisme l'a enfin emporté sur l'idéologie", a affirmé Jacques Chanut lors de son discours de clôture. "Personne n'était en capacité d'appliquer cette vaste fumisterie. Personne, pas même dans la fonction publique - pourtant dotée de nombreux experts - où l'ex-ministre de tutelle avait pris le soin de publier un arrêté en vue d'exempter son propre personnel de cette prétendue avancée sociale."
Lutte contre la désertification des centres-bourgs
La suppression de la taxe d'habitation, qui pèse plus lourdement dans les petites villes que dans les grandes agglomérations, est, selon le président de la République, une bonne chose. Il précise que l'Etat compensera totalement le manque à gagner pour ces municipalités. Emmanuel Macron souhaite qu'une stratégie de revitalisation des centres-bourgs soit mise en place pour l'artisanat et le petit commerce, notamment en adaptant et modulant le Fisac (Fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce) et encourager ainsi l'activité. Il a notamment salué Action Logement pour l'accompagnement de cette action.
RSI
"Le RSI partait d'une bonne intention, demandée par les indépendants", note le président, "mais c'est devenu un accident industriel." L'Elysée reconnaît de nombreux problèmes de versements en retard, de suivi mal fait, d'huissiers saisis alors que les remboursements avaient été faits… et donc d'un véritable traumatisme chez les professionnels concernés. Il a donc persisité et signé : "Le RSI sera supprimé, et le régime des indépendants adossé au régime général, tout en conservant les allègements." Ces derniers seront de 3,1 points de charges salariales en moins en 2018, et de 6 points de charges patronales en moins en 2019, soit 9 points de diminution en deux ans.
Dans la vidéo ci-dessus, Emmanuel Macron évoque la suppression du RSI.
Simplification des normes
"En France, il y a 4.000 normes qui régissent le secteur de la construction", a déploré le chef de l'Etat qui a prévenu ses ministres d'observer une pause normative et même de tenter de supprimer celles qui ne sont pas appliquées ou dont les résultats ne sont pas atteignables. Emmanuel Macron a évoqué deux exemples : les normes sismiques tout d'abord, qui seraient trop sévères et trop extensives dans certaines zones critiques, entraînant de fait un surcoût de la construction. Autres normes dans le collimateur de l'Elysée, celles sur l'accessibilité. Le président souhaite que des discussions soient menées entre les pouvoirs publics, le monde du handicap et celui du bâtiment, pour trouver une solution. Il a signalé l'existence de "situations ubuesques où les parents se retrouvent avec des toilettes dont la surface est plus grande que celle de la chambre des enfants". Pour lui, 100% des logements ne doivent pas être accessibles mais "adaptables", au moyen de mesures simples comme des déplacements de cloisons. Emmanuel Macron souhaite plus de pragmatisme et miser sur l'accessibilité dans les transports en commun et les services publics plutôt que dans 100% des habitations. Il veut orienter les normes vers une logique de résultats et non de moyens, pour faire "plus efficace et plus simple".
Emmanuel Macron évoque dans la vidéo ci-dessus les mesures de simplification normative.
Logement social
Face au président Dumont de l'USH, le président de la République a déclaré rechercher l'apaisement. Il a déclaré vouloir recevoir tous les acteurs dans les prochaines semaines, tout en prévenant : "Nous ne sommes pas aujourd'hui dans une situation satisfaisante. Il faut baisser les dépenses publiques, où le logement est important, car jusqu'ici les mesures ont consisté à corriger l'inefficacité par des dépenses supplémentaires, en augmentant en parallèle les loyers et les APL." Emmanuel Macron estime même que la France est le pays le moins efficace d'Europe en termes de logement par rapport aux moyens mobilisés. Il souhaite donc aide à ce que davantage d'investissements soient faits dans la construction de logements accompagnés à destination des plus démunis, une population aujourd'hui souvent hébergée à grand frais dans des hôtels. Il entend également rendre de la mobilité aux occupants du parc. Enfin, le président a déclaré : "Il y a trop d'acteurs dans le monde du HLM, près de 800 en France ! Il faut des regroupements pour être plus efficaces, et il faut mieux faire circuler les fonds." Il ajoute : "Nous allons stimuler pour construire davantage mais il faut retrouver de la sérénité. Il n'y aura pas de couperet."
Des propos d'Emmanuel Macron que Jean-Louis Dumont, président de l'USH, estime "positifs". "Ils indiquent combien le président est attentif à ce que les moyens financiers du mouvement HLM puissent être mis à disposition pour qu'il réalise ses missions. Je souhaite comme lui que l'on puisse mutualiser les organismes. Sur le plan financier cela a déjà débuté. Ces propos sont encourageants au regard des mauvais coups que Bercy continue de nous porter. Il y a des groupes qui disposent de réserves de trésorerie ? Oui, ils ont les ratios économiques qui leur permettent de faire face à la mission de construire, de faire de l'accession sociale à la propriété, voire d'être aménageurs là où il n'y a pas d'aménageurs."
"L'apprentissage, ça marche !"
En rappelant sa visite à Egletons il y a quelques jours, à la rencontre des apprentis des travaux publics, Emmanuel Macron a plaidé pour la formation des jeunes, "pour les protéger, les aider à rebondir et à gagner leur autonomie". Il a souligné l'effort consenti, de 15 milliards d'euros sur le quinquennat, un montant jamais vu selon lui, et formulera ses propositions pour transformer le secteur le 12 octobre prochain. "L'apprentissage ça marche ! Il faut le valoriser, le développer dans l'enseignement général et supérieur, cela doit devenir une filière d'excellence", a notamment déclaré le chef de l'Etat. Là encore, il entend simplifier les choses et clarifier la gestion de ces formations. Comme pour l'habitat social, le président de la République estime que le nombre d'acteurs est trop élevé (75.000 dans l'Hexagone) et que ces derniers ne sont pas évalués. Il souhaite que la France passe à un système géré par la qualité et où l'Etat fixera des orientations. Sur la formation continue, Emmanuel Macron juge le compte personnel trop complexe et pas suffisant pour donner accès à des formations qualifiantes. Son but est de requalifier les personnes au chômage, plutôt que de les indemniser indéfiniment, afin qu'ils retrouvent un travail, y compris dans la construction où le chef de l'Etat a évoqué le BIM et la transition énergétique comme des bouleversements à accompagner.
L'annonce de ces mesures et orientations a été très bien accueillie par les professionnels présents qui ont applaudi le président à chacun des points.