La démarche a donc été transposée au bâtiment, et des essais ont été menés avec Saint-Gobain, "une entreprise très consciente de l'incidence de ces technologies sur ses métiers", nous confie Souheil Soubra. Seule condition requise : l'ambiance lumineuse du local doit être faible, afin que l'image projetée reste bien visible. Le système pourra donc être utilisé pour l'installation ou la vérification de pose d'équipements. "Pour une application en extérieur, on fera plutôt appel à des faisceaux laser mais ce sera moins générique comme utilisation", explique Jean-Louis Dautin. Souheil Soubra prévoit, pour sa part, plusieurs niveaux d'application : "Une à l'échelle urbaine, en combinant des images de caméras ou de smartphones avec la visualisation d'objets virtuels afin, par exemple, d'insérer un projet (immeuble ou tramway) dans son contexte. Et une à l'échelle du bâtiment, afin de visualiser des composants cachés (réseaux, couches de parois) dans une construction existante". Dans les deux cas, la technologie de réalité augmentée a la capacité de montrer des phénomènes normalement invisibles à l'œil nu : écoulement de l'air autour d'une structure, dispersion de polluants dans un quartier ou perception visuelle de phénomènes sonores.
Vers une généralisation de la technologie ?
De telles applications auraient en outre l'avantage de permettre de se dispenser de carottages puisque tout devient visible. "Il est très intéressant d'accéder à l'information en temps utile afin de préparer une opération de maintenance ou de rénovation", fait remarquer Souheil Soubra. Pour l'heure, les dispositifs existants fonctionnent en stationnaire, mais pas encore en "dynamique", c'est-à-dire si l'utilisateur se déplace. Mais, pour Souheil Soubra et pour Jean-Louis Dautin, cette évolution est inéluctable : "La réalité augmentée projective est mature mais elle fera une percée importante grâce aux lunettes semi-transparentes type Google Glass ou Laster Technologies", scandent-ils. Pour le responsable du CSTB, l'intérêt des personnes intervenant sur les chantiers passera par d'autres supports : "Il faut viser les smartphones et les tablettes, qu'ils utilisent déjà, pour qu'ils s'approprient la technologie de réalité virtuelle". Cette technologie opérera d'ailleurs une convergence avec le BIM. "Il faudra faire le lien avec des applications de type Product Lifecycle Management", anticipe Souheil Soubra. Sur les chantiers, outre la visualisation de l'information, il faudra également faire circuler l'information produite en faisant remonter les problèmes constatés et les annotations aux autres acteurs du projet, dans une approche collaborative. "Il ne faut pas que la technologie se borne à de la visualisation, ce serait trop limité", estime le responsable du CSTB.
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