Repli des ventes de logements, hausse des taux d'intérêt, restrictions des budgets des collectivités, fragilisation des PME/TPE, hausse des défaillances d'entreprises… le tableau que dresse l'assureur-crédit Coface France quant à l'avenir de la construction est des plus pessimistes. A l'échelle mondiale, la situation est plus mitigée, des disparités émergeant selon les zones et les secteurs d'activité. Explications.
D'un côté, les pays émergents qui profitent d'une activité florissante du fait de leur retard de développement et qui portent des secteurs tels que les travaux publics, la construction non-résidentielle privée et institutionnelle. De l'autre, des marchés avancés où l'activité reste modérée et stagnante et où des disparités fortes apparaissent dans des secteurs comme la construction résidentielle.
C'est le cas de la France, où les entreprises doivent faire face à une vive concurrence et se battent pour décrocher des contrats, au risque de réduire leurs marges et accuser l'augmentation du prix des matières premières. Tel est le constat de Coface France, spécialiste de l'assurance-crédit, qui publie ces jours-ci une étude sur l'impact des incidents de paiement sur les entreprises mondiales de la construction. Ainsi, elle explique que si le nombre de défaillances d'entreprises est en recul au 1er semestre 2011, en comparaison de la même période de l'année précédente, leur niveau demeure plus élevé qu'avant la crise. En détail, note le quotidien Les Echos, en 2008, sur 17.000 défaillances dans le BTP, plus de 10.000 concernaient des PME de moins de 5 ans et 2.700 celles entre 5 et 10 ans ; à fin novembre 2011, sur un total de 16.700 défaillances, on ne compte plus que 4.800 PME de moins de 5 ans, mais 8.200 entre 5 et 10 ans.
« Les TPE du bâtiment accèdent déjà difficilement aux marchés publics. S'ajoutent baisse de la commande publique, diminution des moyens financiers des collectivités locales, impact des intempéries sur la programmation des chantiers, désengagement de l'Etat de la maîtrise d'œuvre publique », égrène Eric Joffin, arbitre en charge du BTP chez Coface France. Résultat : les TPE du secteur voient leur trésorerie se dégrader et leurs perspectives inquiétantes. Sans compter que désormais les majors du BTP viennent jouer dans la cour des petits - au passage en cassant les prix - faute de grands chantiers à se mettre sous la dent.
Ailleurs, l'herbe est plus verte…
De façon générale, depuis octobre 2011, le nombre d'incidents de paiement est en hausse. Et si le cas de la France n'est pas encore désespéré, à l'instar du Royaume-Uni ou l'Italie, certains comme l'Espagne ou l'Irlande mettront du temps à retrouver un secteur de la construction assaini des excès de prix et d'offres qui ont engendré de nombreux incidents de paiement. D'autres, comme l'Allemagne, les pays scandinaves, l'Autriche et la Pologne sont passés à travers les mailles du filet de la crise.
Hors Europe, les Etats-Unis, le secteur de la construction reste fragilisé, les investissements ayant baissé de 2% de janvier à novembre 2011. Dans la zone Asie-Pacifique, la situation est plutôt favorable, avec une reprise de l'activité en ce début 2012 notamment au Japon et en Nouvelle-Zélande. Enfin, la Chine est toujours en plein essor en matière de construction, tant dans le gros-œuvre, les matériaux ou les engins de construction. S'ajoute le démarrage d'un plan public de construction de logements sociaux qui devrait encore dynamiser le secteur.