Si la splendeur impériale du temps passé est visible à chaque coin de rue à Vienne, la ville des Habsbourg ne sait toujours pas quoi faire de ses six tours de défense anti-aérienne qu'ont construites les Nazis et qui enlaidissent la ville, telle une verrue sur le nez de Sissi.
C'est durant l'hiver 42/43, alors que Vienne était régulièrement bombardée par les Anglais, que les Nazis ont décidé de construire en pleine ville des tours destinées à abriter les batteries de DCA.
Forts de leur expérience acquise en construisant des tours de DCA à Berlin, des blockhaus tout au long du Mur de l'Atlantique et de redoutables abris pour leurs sous-marins comme à Saint-Nazaire ou à Bordeaux, les Nazis n'ont pas fait dans la dentelle et ont coulé du béton armé capable de durer des siècles.
Clin d'oeil de l'histoire, les tours de DCA n'ont pas rempli leur fonction car dès 1943 les bombardiers qui délivraient leurs chargements sur Vienne volaient à une altitude qui les mettait à l'abri des tirs de la FLAK.
Les six tours aux murs épais de plusieurs mètres ont en fait surtout servi de refuges à la population civile.
Durant l'après-guerre, Vienne s'est davantage consacrée à panser ses plaies qu'à se prendre la tête au sujet de ces maudites tours mais une fois le redressement achevé - on est alors à la fin des années 50 - les réminiscences architecturales et stratégiques nazies ont posé problème. Qu'en faire ? Etant entendu qu'il était déjà impossible de les détruire: les explosifs eurent détruit toutes les constructions avoisinantes et la manière douce --les marteaux piqueurs-- eût coûté les yeux de la tête. Soixante ans après leur érection, les tours et les problèmes qu'elles posent n'ont donc pas changé.
A une exception près toutefois. La tour du parc Esterhazy abrite depuis plusieurs années un aquarium municipal pompeusement appelé "la maison de la mer" qui fait la joie des enfants mais ne constitue pour autant qu'un pis-aller car le colosse de béton de 45 mètres de haut n'en finit pas de rompre la belle harmonie de ce hâvre de verdure.
Une fois encore, mais aucun Viennois ne saurait dire de la quantième il s'agit, la question est revenue sur le tapis. A l'initiative de la municipalité et du quotidien populaire Kronenzeitung, un concours a été lancé où chacun pouvait donner son avis sur les tours de DCA.
En dehors des suggestions anecdotiques (y enfermer Saddam Hussein quand il sera fait prisonnier, faire de l'élevage intensif de chauve-souris, créer un centre fantastique dédié à Harry Potter ou encore laisser les plantes grimpantes les recouvrir), les quelque 500 propositions reçues illustrent en gros deux didactiques de l'histoire de l'architecture: conserver les monuments pour montrer aux générations à venir un aspect du nazisme ou bien les transformer dans la forme et leur fonction pour illustrer la défaite du nazisme.
Le musée d'histoire de Vienne a décidé d'exposer les projets des Viennois mais le commissaire de l'exposition, Reinhard Pohanka, admet ne pas savoir ce qu'il adviendra par la suite: "C'est à la ville de prendre ses responsabilités".
Le béton nazi a résisté à tant d'assauts qu'il ne doit pas vraiment se sentir menacé. Délaissé, tout au plus, car les tours de DCA ne figurent sur aucun des parcours touristiques de la ville. Sissi n'exhibe que ses charmes.
Forts de leur expérience acquise en construisant des tours de DCA à Berlin, des blockhaus tout au long du Mur de l'Atlantique et de redoutables abris pour leurs sous-marins comme à Saint-Nazaire ou à Bordeaux, les Nazis n'ont pas fait dans la dentelle et ont coulé du béton armé capable de durer des siècles.
Clin d'oeil de l'histoire, les tours de DCA n'ont pas rempli leur fonction car dès 1943 les bombardiers qui délivraient leurs chargements sur Vienne volaient à une altitude qui les mettait à l'abri des tirs de la FLAK.
Les six tours aux murs épais de plusieurs mètres ont en fait surtout servi de refuges à la population civile.
Durant l'après-guerre, Vienne s'est davantage consacrée à panser ses plaies qu'à se prendre la tête au sujet de ces maudites tours mais une fois le redressement achevé - on est alors à la fin des années 50 - les réminiscences architecturales et stratégiques nazies ont posé problème. Qu'en faire ? Etant entendu qu'il était déjà impossible de les détruire: les explosifs eurent détruit toutes les constructions avoisinantes et la manière douce --les marteaux piqueurs-- eût coûté les yeux de la tête. Soixante ans après leur érection, les tours et les problèmes qu'elles posent n'ont donc pas changé.
A une exception près toutefois. La tour du parc Esterhazy abrite depuis plusieurs années un aquarium municipal pompeusement appelé "la maison de la mer" qui fait la joie des enfants mais ne constitue pour autant qu'un pis-aller car le colosse de béton de 45 mètres de haut n'en finit pas de rompre la belle harmonie de ce hâvre de verdure.
Une fois encore, mais aucun Viennois ne saurait dire de la quantième il s'agit, la question est revenue sur le tapis. A l'initiative de la municipalité et du quotidien populaire Kronenzeitung, un concours a été lancé où chacun pouvait donner son avis sur les tours de DCA.
En dehors des suggestions anecdotiques (y enfermer Saddam Hussein quand il sera fait prisonnier, faire de l'élevage intensif de chauve-souris, créer un centre fantastique dédié à Harry Potter ou encore laisser les plantes grimpantes les recouvrir), les quelque 500 propositions reçues illustrent en gros deux didactiques de l'histoire de l'architecture: conserver les monuments pour montrer aux générations à venir un aspect du nazisme ou bien les transformer dans la forme et leur fonction pour illustrer la défaite du nazisme.
Le musée d'histoire de Vienne a décidé d'exposer les projets des Viennois mais le commissaire de l'exposition, Reinhard Pohanka, admet ne pas savoir ce qu'il adviendra par la suite: "C'est à la ville de prendre ses responsabilités".
Le béton nazi a résisté à tant d'assauts qu'il ne doit pas vraiment se sentir menacé. Délaissé, tout au plus, car les tours de DCA ne figurent sur aucun des parcours touristiques de la ville. Sissi n'exhibe que ses charmes.