Comment ventiler une véranda construite comme une pièce à vivre, en îlot jardin, sans utiliser les techniques traditionnelles (store, aérateur, protection solaire, etc.) par souci d'esthétique et d'intégration paysagère ?

Assurer la bonne ventilation d'une véranda passe souvent par l'utilisation d'accessoires spécifiques à intégrer à la structure de l'ouvrage. Qu'ils soient statiques ou mécaniques, ces éléments résolvent souvent le problème de la condensation, en hiver. Par contre, en été, pour éviter l'effet de serres, on utilise surtout les protections solaires. Mais, dans tous les cas, ces ajouts surchargent souvent la structure : les ventilations ont besoin d'insert, la VMC d'une tuyauterie, et les stores d'un coffre et d'une tringlerie.

Alors comment tempérer et réguler une véranda de 16 m2, entièrement vitrée, sans utiliser tous ces artifices ? C'est la gageure qu'a entrepris le paysagiste, Philippe Sekely, en demandant à M. Bisetti, de l'entreprise Deu et Forgeneuf, de lui construire une extension de sa maison comme une pièce à vivre dans le jardin. Ce dernier, entièrement paysagé, est marqué d'un soin qu'il désirait retrouver dans la serre. La solution retenue réside dans une mise en oeuvre soignée de techniques traditionnelles tout en utilisant les dernières innovations du marché.

En effet, la ventilation se fait simplement par des impostes basculantes ou par l'ouverture complète des baies coulissantes. En dehors de ces deux solutions directes, d'autres moyens détournés permettent de tempérer l'atmosphère et, ainsi, de minimiser le renouvellement d'air : le chauffage par le sol en créant une convection ; les vitrages de toitures à traitement peu émissif ; l'implantation choisie avec un soin d'orfèvre auprès d'un arbre caduque ; enfin les éléments proprement constructifs, les profilés aluminium à rupture de pont thermique, choisis pour les châssis avec brosse d'étanchéité et double vitrage feuilleté.

E. Vicarini (photos : P. E. Sauvaget)

Eléments techniques de ventilation d'une véranda en îlot jardin

Système de véranda Jade
Pour construire l'ossature de la véranda, il a été utilisé le système Jade de chez Technal. Ce système s'adapte parfaitement à la configuration désirée par le paysagiste : toiture pyramidale inscrite dans un carré. Les quatre poteaux d'angles (dia. : 100 mm) supportent une toiture en verre où chaque retombée de chevrons reprend un montant de l'imposte. En effet, par rapport aux modèles de base, une imposte vitrée a été ajoutée, haute de 50 cm. Ce qui donne une hauteur sous cheneau inhabituelle de 2,70 m et au faîtage de 3,40 m.

Double vitrage peu émissif
L'intégration de vitrage faible émissivité (Stadip 442/16/4) en toiture permet d'éviter l'usage de store et autres protections solaires. Avantage : donner un clair de jour le plus important possible et dégager le ciel. Surtout que le rythme des chevrons permettait difficilement d'intégrer un châssis ouvrant en raison des verres trapézoïdaux. Philippe Sekely a préféré privilégier l'aspect des retombées et la continuité des huisseries plutôt que d'alourdir la toiture par un ouvrant. Ces verres ont l'avantage de garder la chaleur intérieure et de minimiser l'apport de la chaleur extérieure.

Impostes basculantes
A chaque angle des bandeaux d'impostes, des ouvrants à soufflet sont intégrés. La convection naturelle est créée en ouvrant une des deux portes de la véranda avec l'imposte diamétralement opposée.

Fenêtre coulissante à coupure thermique
L'habillage des baies de la véranda se fait avec le profilé saphir de chez Technal. Deux côtés sont fermés par des portes fenêtres trois vantaux. Le troisième côté reçoit des fenêtres coulissantes sur une allège en serpentine. Les 2/3 de la véranda peuvent donc s'ouvrir sur trois côtés directement sur le jardin et permettre ainsi un renouvellement total de l'air. Chaque coulissant est monté sur galet pour favoriser une ouverture aisée malgré le poids du double vitrage feuilleté. Les montants sont renforcés à l'intérieur par un profil galbé pour augmenter leur inertie. L'ensemble des menuiseries à rupture de pont thermique sont laquées vert cendré afin de s'intégrer au jardin. Pour conserver la stabilité de la baie, un vantail reste semi-fixe permettant aussi de recevoir les deux autres vantaux ouverts.

Sol et fondation
La qualité des fondations est essentielle pour la stabilité de la véranda. C'est par elles que se font les éventuelles remontées capillaires ainsi que les éventuelles condensations sur un sol froid.
Ici, le dallage de quartzite (pierre d'Italie), taillé en opus romain avec bord marteliné, est collé sur un mortier de 2 cm. Le sol est chauffé par un serpentin électrique (1 700 W) qui repose sur une couche de polystyrène expansé de 7 cm. Le tout est posé sur une chape de béton fondée à 60 cm permettant la mise hors gel. Un polyane est interposé pour assurer l'étanchéité. Pour réguler ponctuellement et accélérer les convections, des convecteurs radians (2 000 W) sont implantés sur le muret du mur d'entrée qui viennent compléter le chauffage d'ambiance du sol.

Implantation et plantation
L'implantation est primordiale, surtout en région parisienne. Ici, la véranda exposée plein sud, s'intègre près de la maison au niveau du jardin arrière. A l'angle, un orme nain, aux branchages travaillés à la manière d'un bonzaï, aménage un ombrage qui filtre la lumière sans l'opacifier. En effet, ces feuilles sont de très petites dimensions (1 cm2) permettant à la lumière de la traverser comme à travers un sous-bois. A feuille caduque, cet arbre constitue un masque, l'été, qui évite l'intégration de protection solaire rapportée. A l'intérieur, des palmiers nains résistant à d'importants chocs thermiques (de 8 °C à 60 °C), ne demandent pas un arrosage journalier. Ceci a l'avantage de limiter l'apport d'humidité dû à cette opération.

Circulation et relation à la maison
Conçues comme une extension de la maison, les anciennes portes et volets sont, a priori, toujours ouverts. Ils sont conservés dans un souci de sécurité. La véranda joue ainsi le rôle de tampon entre l'extérieur et la maison en réchauffant l'air avant qu'il ne pénètre dans la maison. Cette ouverture assure par ailleurs un échange d'air entre les deux ouvrages créant une petite dépression. D'où une ventilation naturelle avec la cheminée du salon.

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