L'énergéticien suédois Vattenfall a annoncé qu'il renonçait à ses recherches sur le captage et le stockage du gaz carbonique émis par ses centrales thermiques. Le coût et l'énergie dépensés dépasseraient le seuil de rentabilité de cette technologie qui devait permettre de lutter contre l'effet de serre.
L'entreprise publique suédoise Vattenfall, qui est un énergéticien important d'Europe du Nord, a décidé d'abandonner, au bout d'une dizaine d'années, ses recherches sur le captage et le stockage du CO2 (CCS). L'objectif initial, développer un démonstrateur technologique pour équiper une centrale thermique, ne sera donc pas atteint. Le but était de liquéfier puis d'enfouir dans des poches souterraines le dioxyde de carbone émis par la combustion du charbon afin de limiter les émissions atmosphériques de gaz à effet de serre et lutter ainsi contre le réchauffement climatique. Mais le coût de cette technique se serait avéré trop élevé.
L'écologie pas assez économique
En 2011 déjà, Vattenfall avait abandonné un projet pilote à Jänschwalde en Allemagne (photographie) entraînant la demande de remboursement, par l'Union européenne, de 45 M€ d'aides perçues pour soutenir les recherches sur la technologie. L'énergéticien suédois déclarait alors : "Nous n'avons pas perdu espoir. Nous nous préparons à construire une centrale au charbon équipée de CCS vers 2025". Mais même cet horizon lointain semble désormais inaccessible. Le groupe a simplement expliqué que le stockage de dioxyde de carbone ne faisait plus partie de ses priorités… "Nous évaluons nos domaines de recherche afin d'investir dans des projets qui peuvent contribuer plus rapidement au développement de notre activité", déclare froidement le directeur de la R&D, Karl Bergman.
Rappelons que le groupe scandinave, qui emploie 8.900 personnes en Suède, mais également 17.250 en Allemagne, 4.750 aux Pays-Bas et 560 au Danemark, s'appuie sur quatre grands types d'énergie. En 2013, 48 % de sa production électrique provenait de combustibles fossiles (charbon, lignite), 29 % de centrales nucléaires (Forsmark et Ringhals en Suède, Brunsbüttel et Krümmel en Allemagne), 20 % de barrages hydroélectriques et 3 % de sources renouvelables (éolien, biomasse). Vattenfall dispose d'importantes capacités thermiques, principalement en Allemagne (11,4 GW) et aux Pays-Bas (5 GW). Le groupe révèle que ses émissions annuelles de CO2 s'établissent aux alentours de 90 millions de tonnes (94 Mt en 2010, 89 Mt en 2011, 85 Mt en 2012 et 88 Mt en 2013). L'an passé, il a également enregistré une progression de son chiffre d'affaires de +2,6 % à 19,4 Mrds €.