Veolia et Suez Environnement n'ont qu'à bien se tenir. Désormais, ils vont devoir compter avec la présence de Seve Energie, nouvel acteur public dans le domaine du traitement et de la valorisation des déchets. Cette filiale franco-allemande entend se mettre au service des collectivités et se présente comme une alternative aux opérateurs privés classiques. Explications.
Branle-bas de combat dans le monde du recyclage des déchets. En effet, depuis le 6 mai dernier, à l'occasion du salon IFIAT de Munich, un nouvel acteur public est né, fililale entre la société d'économie mixte française SEMARDEL et l'allemand MVV-Umwelt.
Ces deux entités ont ainsi donné naissance à Seve Energie, détenue à 50/50 par des collectivités locales de l'Essonne réunies sous la SEMARDEL, et une entité équivalente outre-Rhin baptisée MVV-Umwelt. Sa particularité ? Etre un acteur public au service des collectivités locales françaises.
Quand le public s'attaque au privé
Exit donc le quasi-monopole des géants Veolia ou Suez Environnement ? Peut-être, d'autant que l'arrivée de Seve Energie tombe à pic dans le calendrier. Dans les années à venir, une cinquantaine de collectivités locales françaises devront renouveler leurs contrats d'exploitation d'unités de valorisation énergétique, soit un marché de 130 incinérateurs traitant quelque 6 millions de tonnes de déchets. Une aubaine donc pour ce nouveau, venu titiller les plates-bandes des mastodontes du privé. Un fait rare.
En outre, Seve Energie entend s'inscrire dans un autre calendrier, celui de la transition énergétique. La loi en préparation prévoit de promouvoir un nouveau modèle local plus modéré, grâce à un recours moindre aux énergies fossiles et nucléaires, via une utilisation massive des EnR. En outre, elle s'est elle-même inspirée de la révision de la directive européenne stockage qui fixe un objectif clair de diminution de 50% des déchets stockés d'ici à 2020. Une obligation qui doit inciter les collectivités à repenser leur gestion des déchets ainsi que leur valorisation.
Nul doute que cette nouvelle entreprise profitera à la filière du recyclage et de valorisation des déchets. En attendant, cette alliance franco-allemande, passée inaperçue au moment de son lancement, risque bien de faire bouger les curseurs…
Qui sont-ils ?
SEMARDEL est une société d'économie mixte française qui intervient depuis 30 ans dans le secteur de la valorisation des déchets du territoire de l'Essonne. Détenue à 72% par un actionnariat public, elle emploie 600 salariés, et a réalisé un chiffre d'affaires de 80.9 M€ en 2012, avec un taux de croissance de 30% en 4 ans.
MVV-Umwelt est un acteur européen majeur dans l'exploitation et l'installation d'unités de valorisation énergétique. Il gère 8 unités thermiques en Allemagne, 1 en Europe centrale et construit 2 nouvelles entités en Grande-Bretagne. Il est une filiale de MVV Energie AG, société anonyme cotée en bourse depuis 1999 et détenue à 50.1% par la ville de Mannheim. MVV-Umwelt a réalisé un chiffre d'affaires de 265 M€ en 2012, et emploie 460 salariés.
Eric Chevaillier : Tout simplement parce que SEMARDEL et MVV-Umwelt étaient intéressés tous deux. Nous pour répondre aux attentes des collectivités locales, eux parce qu'ils souhaitaient rentrer sur le marché hexagonal. On s'est rendu compte qu'il était compliqué de répondre aux appels d'offres lorsqu'on est une Société d'économie mixte (SEM). D'où l'idée de créer une véritable entreprise, une structure solide et crédible pour rassurer les collectivités. Et surtout de nature à faire le poids face aux géants de la concurrence.
E. C. : Notre volonté est de proposer aux collectivités des solutions techniques innovantes. On voit bien que depuis quelques années, il y a peu d'investissements dans le secteur de la gestion des déchets. Nous voulions donc profiter de ce qui se fait en Allemagne et dans d'autres pays du Nord de l'Europe en la matière, et le proposer en France au juste prix. Notre objectif est donc bien de rendre le marché plus concurrentiel. On veut aussi montrer que l'on peut être créatif dans le domaine de la valorisation des déchets, que nous sommes bien ancrés dans la réalité du marché et pas en décalage, mais aussi que notre savoir-faire a fait ses preuves et qu'il peut profiter à d'autres.