L'Allemagne et plusieurs autres pays d'Europe centrale ont fait face à des inondations sans précédent à la suite de pluies diluviennes qui se sont abattues sur le continent. Les dérives de l'urbanisme auraient aggravé l'impact de ces crues dont le bilan est d'au moins 111 morts.

Le bilan des crues du Danube, de l'Elbe et de la Mule est considérable. Outre un bilan humain lourd - 111 morts, des milliers de blessés et des centaines de millier de personnes évacuées de leurs habitations - de nombreuses infrastructures et habitations ont été endommagés en Allemagne, Autriche, République tchèque et Slovaquie. Le coût du nettoyage et de la reconstruction est estimé à plus de 20 milliards d'euros.

La construction excessive de résidences en montagne et la déforestation sont responsables, avec l'insuffisance des mesures de sécurité, des inondations du siècle en Europe, affirment des experts qui se sont intéressés au cas de l'Autriche.

"Les fortes crues qui se produisent une fois par siècle ont toujours des conséquences catastrophiques, mais l'homme a contribué à les rendre plus dangereuses", a déclaré à l'AFP Markus Schneidergruber, un spécialiste des rivières au Fonds mondial pour la nature (WWF).

Outre le changement climatique, les dérives de l'urbanisme et les mesures de sécurité insuffisantes sont pointées du doigt, mettant en cause l'action de responsables politiques locaux.

"La gestion des fleuves des dernières décennies, avec un aménagement massif (des rives) et une perte des espaces d'inondation, a joué un rôle décisif dans la catastrophe actuelle", avait accusé jeudi le directeur général du WWF, Claude Martin, venu constater les dégâts en Autriche.

La construction de centres touristiques et de résidences secondaires en montagne, et notamment en bordure de rivière, ont connu un essor spectaculaire depuis cinquante ans dans un pays où le tourisme est l'une des principales sources de revenu.

"Les cours des rivières sont détournés et creusés artificiellement, plus d'eau s'écoule plus vite, et n'est plus absorbée sur les rives", a expliqué Klement Tockner, ingénieur des eaux.

L'eau qui n'est pas retenue en altitude se déverse dans le Danube et ses affluents, contribuant à aggraver l'ampleur d'une crue centenaire.

"De nos rivières naturelles, nous avons fait des canaux dont l'eau ne peut plus s'échapper", explique Markus Schneidengruber, ajoutant que "l'érosion des sols et le recul des surfaces de forêt ont aggravé les choses".

Selon lui, "400.000 hectares d'espaces naturels d'inondation ont été confisqués aux rivières autrichiennes depuis 50 ans, soit 5% de la surface du pays, notamment par l'essor du tourisme et le développement d'une nouvelle agriculture". Aujourd'hui, il pense qu'il faudrait recréer ses zones naturelles et "rendre" 84.000 hectares aux rivières d'ici 2015.

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