LOGEMENT. Représentant 8% du parc privé total, la vacance est la bête noire des élus de villes moyennes, parfois désemparés devant leur territoire "siphonné" par la métropolisation.
Le phénomène représenterait à l'échelle nationale 3 millions de logements privés. La vacance suit une courbe ascendante qui croise celle de la demande de logements. Conscients de l'enjeu pour la cohésion des territoires, le Réseau national des collectivités mobilisées contre le logement vacant (RNCLV) et l'Anah avaient présenté en début d'année un guide de résorption de la vacance.
"Avec la rénovation énergétique des bâtiments, la vacance va être l'un des enjeux des dix années à venir", opine Christophe Demerson, président de l'Union nationale des propriétaires immobiliers. Face à des "propriétaires complètement démunis", les élus peinent encore à mobiliser sur la question de la remise en location.
Et pour cause, "les gens sont dans l'expectative", poursuit Christophe Demerson pour qui "les propriétaires ne veulent pas s'engager dans des travaux, une remise en location ou une vente quand on leur parle de réformer les droits de succession, d'instaurer une taxe sur la plus-value immobilière ou une hausse des droits de mutation", peste-t-il.
"Là où il y a le plus de législation, Airbnb trouve sa place"
Face à l'immobilisme de certains propriétaires, des élus tentent de donner un premier élan. Dans un département où la vacance progresse chaque année (8,8% en 2013 selon l'Adil 68), Colmar parvient à se stabiliser, comme le confirme son édile Gilbert Meyer, contacté par Batiactu.
"La ville accompagne fortement la réhabilitation des logements", résume celui qui porte l'écharpe de maire depuis 1995. Gilbert Meyer assure avoir divisé "par 10" le nombre de logements vacants, en associant une Opération programmée d'amélioration de l'habitat (Opah) et "des incitations assez fortes pour faire franchir le pas de la rénovation aux propriétaires".
La ville de Colmar a également instauré la taxe sur la vacance, un outil plus coercitif dont des plateformes de location saisonnière pourraient faire leur miel, selon certains observateurs. "Là où il y a le plus de législation, Airbnb trouve sa place", assure le président de l'UNPI. Mais les villes moyennes pourraient-elles connaître le même sort que les métropoles ? Où, comme l'admet Christophe Demerson, les biens s'amortissent plus vite avec la location saisonnière qu'un bail classique ?
A Vichy, ville thermale réputée du Massif central, l'invasion d'Airbnb n'a pas encore eu lieu même si "on commence à avoir un stock de logements qui n'est pas neutre", soutient son maire Frédéric Aguilhera à Batiactu. Devant un taux de vacance qui atteint les 14% du parc locatif vichyssois, la plateforme de location saisonnière serait même la bienvenue, à condition de savoir dire stop.
Associer rénovation énergétique et restructuration de l'existant
"Il est vrai que ce type de location permet de rénover un certain nombre de logements, et pour certaines copropriétés de retrouver une certaine attractivité économique. Pour l'instant, l'intérêt est plutôt positif", affirme le maire de Vichy. Prônant la "vigilance", il nuance : "Compte tenu de notre stock de logements vacants, et de la demande, il a y a de la marge avant qu'Airbnb fasse concurrence à la location de longue durée."
Mais faut-il attendre des miracles d'un des géants des Gafa ? Pour l'heure, les élus de villes moyennes s'en remettent surtout à l'État, au programme Action Cœur de Ville et le dispositif Denormandie dans l'ancien dont certains attendent beaucoup.
Si Christophe Demerson estime que "le métropolisation joue beaucoup" dans la désertification de territoires périphériques, la vacance laisse transparaître un important besoin de rénovation, que le phénomène a lui-même créé.
"Dans les 10 prochaines années, nous allons devoir accélérer ce travail sur le parc ancien avec des rénovations lourdes si l'on juge que la structure le mérite, et envisager des déconstructions-reconstructions lorsque cela est nécessaire", synthétise de son côté Fréderic Aguilhera.
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