TRANSITION. Face à l'urgence climatique, comment les promoteurs organisent-ils la résilience des villes qu'ils édifient ? Au deuxième jour du Salon de l'immobilier d'entreprise (Simi), cette thématique a déjà fait l'objet de plusieurs débats.
Accélération, financement, résilience… L'urgence climatique se décline sur tous les volets, lors du Simi qui se tient du 11 au 13 décembre à Paris. Derrière l'ambiance festive des stands consacrés aux Jeux olympiques, au Grand Paris express ou aux appels à projets innovants, la question environnementale s'est bien installée dans les débats, amenant les promoteurs à s'interroger sur le sens à donner à leur action pour des villes plus résilientes.
Au premier jour du salon, la plateforme data Iread réunissait plusieurs dirigeants de foncières ou promoteurs, de Nexity à Gecina en passant par Altarea Cogedim et GA Smart Building, pour les interroger sur leur nouveau rôle sociétal, au regard des évolutions climatiques, sociales, urbaines. "Nos impacts environnementaux sont extrêmement lourds, beaucoup trop lourds", concède Sébastien Matty, président de GA Smart Building.
Dans cette reconfiguration des métiers, la finalité est bien entendu de "construire la ville vivable et accessible" , affirme Alain Taravella, président fondateur d'Altarea Cogedim. Mais sur le chemin de la transition écologique et énergétique, au regard de l'urgence climatique, faut-il encadrer les promoteurs ou les laisser prendre les devants ?
Penser la finalité d'une réglementation et pas son emboîtement dans une autre
Soumis à cette problématique, les intervenants ne tardent pas à brandir le chiffon rouge de la réglementation. "Nous avons un métier où les contraintes sont partout et s'aggravent plutôt que s'améliorent. Il faut plutôt penser la finalité des règles que l'on invente, et non pas la façon dont on les accumule", théorise la directrice générale de Gecina, Méka Brunel. "Les normes, il y en a peut être trop, mais cela nous fait avancer", nuance Alain Taravella.
Du délicat équilibre entre liberté d'initiative et réglementation. Sébastien Matty estime tout du moins que les promoteurs peuvent se sentir bridés dans leurs évolutions par les atermoiements administratifs, citant l'arbitrage le plus actuel de la réglementation environnementale 2020 "censée entrer en vigueur au 1er janvier 2020, et dont nous avons besoin pour avancer".
Pour qu'il y ait accélération des pratiques, il faut déjà expérimenter et développer sur des supports disponibles, à commencer par "les communs", nouveau mot pour qualifier une forme de réappropriation de l'espace public, dans l'objectif d'en faire un bouclier contre les îlots de chaleur.
Repenser la constitution des sols
A l'occasion d'une table-ronde organisée par le Conseil international biodiversité et immobilier (Cibi) et l'organisation Val'Hor (qui réunit horticulteurs, paysagistes et fleuristes), il a été rappelé que la végétalisation n'était qu'un levier dans la lutte contre les îlots de chaleur, et que le combat devait aussi être mené sur les sols, à l'instar d'une politique de lutte contre leur imperméabilisation. Alors que les potagers, serres et forêts urbains sont souvent présentés comme de premières solutions, "il va falloir trancher le débat entre patrimoine et nature en ville", prévient Pierre Darmet, secrétaire du Cibi.
Cette question du travail des sols imprègne déjà le projet du village des athlètes du côté de Saint-Ouen, ou de la Porte de Montreuil, tous deux remportés par Nexity Villes et projets. Dans le futur site olympique, le choix a été fait de consacrer 30% de la surface totale à de la pleine terre, avec la conception de "technosols", "mélange de remblais, de déchets et compost", énumère Flore Gaignard, directrice de projets chez Nexity Villes et projets. Et de réfléchir à l'idée d'une nature en tant que "service au coeur du quartier. Reste à savoir quel sera son coût.