La Turquie souhaite valoriser les coques de pistache, dont elle est une grande productrice, en les utilisant comme carburant dans une chaufferie pour un futur éco-quartier. Une société française d'ingénierie participe au projet.
L'exploitation de ressources naturelles abondantes, peu chères et renouvelables annuellement, est un des axes privilégiés du développement durable. La Turquie, troisième producteur mondial de pistaches (derrière l'Iran et les Etats-Unis), a logiquement choisi de valoriser un trésor de son agriculture, jusqu'ici inexploité : la coque des précieuses graines vertes. En 2010, le pays a produit 110.000 tonnes de ces "amandes de Perse", principalement pour son marché intérieur, n'en exportant que moins de 10 % (58 M€ de revenus). La municipalité de Gaziantep, dans le sud-est de l'Anatolie, a choisi de lancer un projet original pour son premier éco-quartier : chauffer tous les bâtiments de l'ensemble à construire, aussi bien publics que privés, grâce aux coques de pistache.
La ville durable à la française exportée en Asie mineure
Conçu pour accueillir 200.000 personnes, le projet doit être réalisé à 11 km de la ville, qui compte déjà plus de 1,2 million d'habitants. C'est la société française Burgeap, spécialisée dans l'ingénierie environnementale, qui a été consultée. "Dans le cadre de la mise en œuvre de son plan climat, la ville de Gaziantep a lancé une étude pilote (…) d'un éco-quartier s'intégrant à une éco-zone de près de 3.000 hectares. Burgeap pilote l'ensemble des études de faisabilité techniques, eau et énergie associées à ce projet", précise l'entreprise qui serait à l'origine de l'idée d'utilisation des coques de pistache, abondantes dans la région. La première phase portera sur une zone restreinte de 55 hectares à Sahinbey. Selon l'AFP, "les études préliminaires de la société française se sont jusqu'à présent révélées satisfaisantes à 60 % mais les autorités locales doivent poursuivre leur examen avant de donner leur feu vert définitif".
L'entreprise d'ingénierie française souhaite se rapprocher au maximum de l'autonomie énergétique pour la zone concernée dans les usages thermiques liés au parc de bâtiments. En tout, une dizaine d'édifices publics et près de 300 logements à haute performance énergétique seront donc reliés à un réseau de chaleur alimenté par une centrale biomasse valorisant les résidus de l'activité agroalimentaire locale. D'autres sources d'énergies renouvelables seront utilisées, comme le solaire photovoltaïque et le solaire thermique. Les eaux grises seront également valorisées afin de faire de l'éco-quartier, une vitrine turque. Une prouesse dans un contexte de croissance urbaine forte et de contraintes climatiques marquées, dans une zone continentale où règne un fort contraste thermique et hydrique entre l'été et l'hiver. Burgeap a notamment travaillé avec d'autres partenaires français sur ce projet, dont MPO Energy, CFG Services, Viessmann, GDF-Suez Cofely, Soprema, France GBC et le CSTB, dans le cadre de la marque "Vivapolis - la ville durable à la française".