Le fournisseur d'électricité allemand E.On a inauguré une usine de transformation de l'électricité en gaz : grâce à l'énergie d'éoliennes, de l'eau est ainsi décomposée en hydrogène qui peut ensuite être stocké ou réutilisé. Une piste pour pallier l'intermittence des énergies renouvelables.
D'habitude le gaz sert à produire de la chaleur et de l'électricité. Mais le processus est réversible et l'énergéticien E.On le prouve à l'échelle industrielle. Il vient en effet d'inaugurer à Falkenhagen (Brandebourg, à l'ouest de Berlin) une unité de transformation de l'électricité en hydrogène. L'usine "power-to-gas" (P2G) utilise en fait l'énergie produite par des éoliennes pour alimenter une installation électrolytique qui décompose de l'eau (2 H2O) en hydrogène (2 H2) et dioxygène (O2). Le gaz produit à l'aide de cette énergie verte est ensuite injecté dans le réseau national où il pourra être employé dans des procédés industriels, dans la production de chaleur pour le chauffage domestique ou… d'électricité. La boucle est ainsi bouclée.
Mieux maîtriser l'intermittence des énergies renouvelables
L'usine d'E.On, d'une puissance de 2 MW, produit 360 m3 d'hydrogène par heure et démontre la capacité de stockage - sous forme de gaz - des surplus d'énergie éolienne. "Cette méthode de stockage de l'électricité est considérée comme une technologie clé pour la transformation du système énergétique en Allemagne", explique Ingo Luge, directeur d'E.On Deutschland. Une avancée d'importance pour un pays qui a décidé d'abandonner, dans les 10 ans, l'énergie nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima. "Elle va limiter la nécessité de débrancher des éoliennes lorsque le réseau électrique est saturé et nous permettra de mieux maîtriser l'énergie du vent", poursuit le responsable. Le ministre allemand de l'Economie, Philipp Rösler, a déclaré, lors de l'inauguration officielle : "Un des plus grands défis de la transformation énergétique de l'Allemagne est de trouver le moyen d'intégrer la part croissante des sources d'énergie intermittentes. Afin d'assurer que le système d'approvisionnement reste stable et que notre économie continue d'obtenir l'énergie dont elle a besoin, nous n'avons pas seulement à développer rapidement les réseaux de distribution. Nous avons également besoin de solutions innovantes comme l'usine P2G".
Conçue comme un démonstrateur, l'unité a injecté dans le réseau ses premiers 160 m3 d'hydrogène (à 2 % et à une pression de maximale de 55 bar) au mois de juin dernier. Elle fonctionnera jusqu'en décembre 2015.