A Benidorm, près d'Alicante en Espagne, se construit une double tour d'habitations bien singulière : haute de 200 mètres, ses ascenseurs ne desserviront que les 20 premiers étages. Pour atteindre le 47e et dernier niveau, il faudra donc muscler ses mollets… En cause ? La crise de 2008 qui aurait amené une modification des plans et l'oubli de ces équipements de "confort".
Cela aurait pu être une histoire belge, mais le complexe InTempo se situe en fait à Benidorm, sur la Costa Blanca. Les tours jumelles de 200 mètres de haut, audacieusement couronnées d'un cône renversé qui les relie, présentent une autre particularité : les ascenseurs s'arrêtent au 20e étage…
Un (léger) défaut de conception, révélé par le quotidien El País, qui aurait une explication assez simple : le projet initial ne comptait qu'une vingtaine de niveaux, pour lesquels les plans comprenaient évidemment des cages d'ascenseurs. Mais, en 2008, alors que le chantier avait été lancé depuis un an, la crise est intervenue : il est alors décidé de doubler la hauteur des tours pour en faire un véritable phare dans la ville et justifier sans doute le prix demandé de 6.000 €/m². Malencontreusement, l'entreprise de construction est placée en liquidation et les repreneurs du projet oublient de modifier les plans. Résultat, les tours aujourd'hui complétées à 95 %, sont trop avancées pour pouvoir intégrer des cabines d'ascenseur…
De Charybde en Scylla
Et cet avatar ne serait pas le premier qu'aurait rencontré ce chantier. Déjà, en 2011, un accident de monte-charge était survenu et treize ouvriers avaient été blessés : mais les ambulances n'avaient pas pu arriver rapidement, les accès d'urgence ayant été supprimés, par souci d'économie. Au mois de mai dernier, les architectes en charge, Pérez-Guerras Arquitectos, ont purement démissionné, laissant au passage une ardoise de 2,5 M€ auprès des fournisseurs.
Le bâtiment devrait être terminé au mois de décembre et sera alors le point culminant de la station balnéaire espagnole. Il détrônera le Gran Hotel Bali, de 52 étages et 186 mètres, qui était déjà un symbole de l'urbanisation galopante de cette ville de 71.000 habitants. Seul un peu plus d'un tiers des appartements de l'ensemble InTempo aurait trouvé preneur à l'heure actuelle. On imagine qu'il s'agit de ceux des étages inférieurs, desservis par les ascenseurs !
