Une résidence intergénérationnelle, entourée de jardins et qui favorise l'échange entre les voisins, telle est l'idée de l'ingénieur Patrick Rheinert à travers «Récipro-Cité». Ce projet s'appuie sur des installations modernes visant à réduire les coûts de fonctionnement de l'habitat, tout en réintégrant un vieux concept, celui de l'entraide entre voisins. Présentation.
«Ramener le logement collectif au niveau de l'humain» : c'est à partir de cette idée que l'architecte Patrick Rheinert a développé le concept de «Récipro-Cité», une résidence conçue pour favoriser l'échange entre les voisins de différentes générations, avec un attachement particulier à l'environnement et aux économies d'énergie. Une innovation architecturale par les produits mis en œuvre (isolation, toiture végétale…), mais surtout par son aspect social. «Ce sont les facteurs du développement durable», fait remarquer Patrick Rheinert.
Récipro-Cité a été pensé pour les centres périurbains autour de 3.500 habitants, souffrant de l'exode des jeunes ménages vers les villes et, par conséquent, du vieillissement de ces zones qui perdent peu à peu des commerces et dont les cœurs de villages disparaissent. La résidence s'ouvre sur des jardins partagés, et ne comporte ni cage d'escalier ni partie commune fermées. L'un des objectifs est de connaitre ses voisins pour s'entraider dans les tâches courantes, du petit bricolage à la garde d'enfants. «Il existe un tas d'exemples qui montrent que ce type de système fonctionne, comme la collocation intergénérationnelle, mais il s'agit souvent d'initiatives privées», explique Patrick Rheinert, allemand installé à Vaulx-en-Velin (69) depuis de nombreuses années.
Les gardiens, «animateurs» des résidences
Et lorsqu'il entend que «ça ne marchera pas en France», l'architecte répond qu'il «suffit d'aller dans un club de vacances pour voir comment les animateurs arrivent à fédérer même les plus grincheux !» Selon son concept, le gardien d'une résidence Récipro-Cité aurait aussi ce rôle de stimuler et créer un lien entre les habitants, une responsabilité financée par les habitants de l'immeuble mais qui pourrait être partagée avec la collectivité. Cette personne aurait pour mission de créer du lien entre les habitants, mais aussi d'engendrer des économies, en plus de celles réalisées grâce aux différentes installations allant dans le sens du développement durable. Patrick Rheinert donne souvent l'exemple de l'ampoule : «entre le coup de fil chez le syndic, la commande d'intervention, le déplacement de l'électricien et le matériel, dans un immeuble classique, le coût global pour remplacer une ampoule dans les parties communes peut atteindre 100 euros». Avec son concept, il milite au contraire «pour que les habitants se prennent en main» en devenant responsables et en prenant possession de leur résidence. «D'ailleurs, ce n'est pas une question de propriétaire ou de locataire : une fois responsabilisés, les gens sont plutôt contents d'être acteurs dans leur résidence. Ensuite, ils feront en sorte que les lieux ne se dégradent pas et l'on peut faire ainsi de sacrées économies d'échelle».
Logement social
Ces résidences proposant de 40 à 70 logements peuvent être destinées à de l'accession à la propriété ou à du locatif social. Le coût de construction est environ 10% supérieur à une résidence ordinaire, principalement pour englober les coûts «d'installations de qualité» telles que les toitures végétales ou encore les serres de jardinage. Les maires de trois communes de la région Rhône-Alpes seraient déjà intéressés par ce concept, qui est également en phase opérationnelle avec un maître d'ouvrage sur l'île de la Réunion. «Les traditions de vivre ensemble, et vivre un peu plus à l'extérieur y sont très présentes», indique Patrick Rheinert. «L'habitat n'est pas seulement la superposition de boîtes, c'est surtout l'habitant qui y vit».
Réduire les dépenses
La conception de cette résidence s'appuie sur la communication entre les voisins mais aussi l'utilisation de techniques et de matériaux performants, visant à réduire au maximum les dépenses courantes.
Petites villes
Récipro-Cité est adapté aux petites villes périurbaines, souffrant souvent de l'exode des jeunes ménages, de la disparition des commerces et entrainant l'isolation des habitants.
Mutualiser les services
Chaque résidence comprent entre 40 et 70 logements. Cette taille permet une mutualisation des services, via le gardien qui tient un rôle d'animateur et de trait d'union entre les habitants.