PROJET VERT. Dans les Pyrénées-Atlantiques, un particulier a réussi à convaincre des professionnels de l'aider à construire sa maison passive de 140 m² pour un budget très serré. Découvrez les obstacles de ce défi et leurs solutions dans notre reportage.
Réaliser une maison passive avec le budget d'une construction standard : un véritable défi, lancé en 2012 par un particulier des Pyrénées-Atlantiques, aux entreprises de la région. Une seule le relève, la société Maisons Dulap. "J'ai accepté pour prouver que le béton cellulaire, le matériau que nous utilisons pour toutes nos réalisations, était compatible avec la construction passive à un coût raisonnable", nous explique Johnny Dulap, le maître d'oeuvre qui a effectué le suivi du chantier.
Sensibilisé au concept de l'architecture passive, le client rêvait d'une maison dans laquelle le poste chauffage serait réduit à son strict minimum. Pour ne pas dépasser son budget, il a choisi de réaliser une grande partie de l'aménagement intérieur en autoconstruction : isolation, cloisons, revêtements et finitions.
En pages suivantes, découvrez les étapes du chantier et les photos de la construction.
Fiche technique :
Maîtrise d'ouvrage : privé
Maîtrise d'œuvre : Johnny Dulap - Maisons Dulap
Architecte : Jean-Michel Pupille - Agence Voyelles
Matériau de maçonnerie : béton cellulaire Cellumat
Surface : 140 m²
Coût : 158.000 € HT
Date de fin du chantier : novembre 2013
En cours de certification PassivHaus
Maîtrise d'ouvrage : privé
Maîtrise d'œuvre : Johnny Dulap - Maisons Dulap
Architecte : Jean-Michel Pupille - Agence Voyelles
Matériau de maçonnerie : béton cellulaire Cellumat
Surface : 140 m²
Coût : 158.000 € HT
Date de fin du chantier : novembre 2013
En cours de certification PassivHaus
Des étapes clefs laissées aux mains des professionnels
La maçonnerie et la pose des menuiseries sont tout de même laissées aux professionnels. Il s'agit, en effet, de deux étapes cruciales, en particulier pour la réalisation d'une maison passive, car elles peuvent être sources de création de ponts thermiques.
"Les deux points clefs restent le coulage de la dalle et le montage des murs, qui doivent se faire dans les règles de l'art", précise Johnny Dulap. L'entreprise s'est également chargée de réaliser le hérisson (couche qui sert d'assise à la dalle, et qui remplace le vide sanitaire).
Une maison de plain-pied, une difficulté supplémentaire
Le client souhaitait absolument que la maison soit de plain-pied, et d'une surface de 140 m², ce qui constitue une difficulté supplémentaire pour les maîtres d'œuvre. "Plus la surface au sol est grande, plus le risque de ponts thermiques, c'est-à-dire de fuite d'air, au niveau de la dalle est élevé", explique Johnny Dulap.
Du béton cellulaire pour une isolation naturelle
Pour la maçonnerie, Johnny Dulap a utilisé le même matériau qu'à son habitude : le béton cellulaire du fabricant Cellumat. Il s'agit de blocs de béton dans lesquels des microbulles d'air sont intégrées. Au final, le bloc contient près de 80% d'air, qui constitue une isolation naturelle, et présente une valeur isolante λ de 0,09 W/mK.
Ensuite, les murs sont montés comme ceux en parpaing ou en brique.
Une maison passive avec isolation thermique par l'intérieur
Autre difficulté de ce chantier, le choix par les propriétaires d'une isolation thermique par l'intérieur, pour des raisons budgétaires. "La plupart du temps, les constructions passives sont isolées par l'extérieur, ce qui permet d'éviter les déperditions", souligne Johnny Dulap.
Dans cette maison, c'est le propriétaire qui a souhaité poser lui-même l'isolation en panneaux de laine rigides, toujours pour limiter les coûts de construction.
Une toiture isolée en laine soufflée
Au niveau des combles, les maîtres d'ouvrage ont opté pour une isolation en laine soufflée. Au plafond, une membrane vient compléter l'isolation.
Des menuiseries haute performance nombreuses
L'habitation est équipée de quatre baies vitrées orientées sud-est, ce qui contribue à atteindre les 20% de surfaces vitrées imposés dans la construction passive. "Il s'agit d'ouvrants, et non de baies coulissantes, avec des châssis fixes, pour limiter les ponts thermiques", nous indique Johnny Dulap.
Le maître d'œuvre a opté pour des ouvertures à double et triple vitrage, pour une isolation optimale.
Pas de coffres en linteaux pour les volets roulants
Pour éviter, là encore, de créer des déperditions d'air, les propriétaires n'ont pas installé de volets roulants en coffres en linteaux (qui sont intégrés dans le mur et peuvent créer des ponts thermiques), mais des coffres installés contre le mur extérieur, pour seulement deux des baies.
Un débord de toiture pour protéger du soleil
Quid, alors? des autres ouvertures ? Sans volet, comment protéger la maison du soleil qui tape parfois très fort dans le Sud-Ouest ? "Les propriétaires ont tout simplement posé des rideaux devant la plupart des fenêtres", s'amuse Johnny Dulap.
Côté terrasse, en revanche, un débord de toiture d'1,40 m a été créé. Il a été conçu de manière à laisser entrer les rayons du soleil l'hiver, pour réchauffer le salon, et à faire de l'ombre l'été, quand le soleil est plus haut. Un brise-soleil pour le moins astucieux puisqu'il protège également la terrasse.
Chauffage et eau-chaude grâce à un appareil unique
Côté chauffage, le défi lancé est relevé. Les 140 m² de la maison sont chauffés par un appareil unique, compatible avec la RT2020. Il s'agit d'une pompe qui combine VMC double flux, permettant de recycler les calories de l'air renouvelé pour réchauffer la maison, mais aussi de la rafraîchir l'été, et chauffe-eau thermodynamique, qui fournit l'eau chaude sanitaire de la famille.
Le seul chauffage d'appoint prévu est un sèche-serviette dans la salle de bains. "L'isolation est tellement efficace, qu'avec une température extérieure de 5°C, mon client a observé 21°C dans son logement, témoigne Johnny Dulap. Il a même dû augmenter le débit de la VMC pour rafraîchir la maison, un jour de redoux".
18 m² de panneaux photovoltaïques sur le toit
Enfin, pour compléter sa démarche, le propriétaire a fait installer 18 m² de panneaux solaires photovoltaïques sur la toiture de l'habitation, qui fournissent 9 kWc. "Au final, on se retrouve donc avec une maison qui consomme très peu d'énergie, et qui en produit même" conclue Johnny Dulap.