A proximité de Nantes, une maison datant du XIXe siècle s'élève entre les eaux tumultueuses de la Loire. S'inspirant de l'imaginaire des contes pour enfants, son concepteur a imaginé une œuvre unique au monde, endormie, comme un vestige poétique du passé industriel et culturel de la région.
Les marins et pêcheurs de Loire ont l'habitude de croiser des embarcations ou des voiliers, descendus de l'estuaire de Saint-Nazaire. Sans doute moins une maison à moitié immergée.
A quelques kilomètres de Nantes, au beau milieu du lit du fleuve royal, se dresse une œuvre étonnante, une maison ancienne légèrement penchée. Rassurez-vous, elle n'est pas habitée et elle ne l'a jamais été !
Il s'agit d'une reproduction de la "maison du Port", une ancienne auberge de Lavau-sur-Loire, petite commune de 729 âmes connue localement pour son port très actif à l'époque où transitaient le bois et le granit bleu pour construire les chantiers navals de Saint-Nazaire. Cette bâtisse de deux étages qui semble échouée est l'œuvre de Jean-Luc Courcoult, le fondateur de la célèbre compagnie de théâtre de rue nantaise Royal de Luxe.
Témoin de l'histoire
En 2007, dans le cadre de la biennale d'art contemporain Estuaire, l'artiste tente d'installer une première création dans la Loire, aux abords du village de Lavau-sur-Loire. Mais l'opération est un échec : les courants du fleuve ont raison des fondations. Comme un navire échoué au fond de l'eau, l'habitation est récupérée par une barge et déposée à terre pour subir de multiples réparations. C'est d'ailleurs une entreprise spécialisée en renflouement d'épaves qui s'est chargée de la restauration. Lors des travaux, Jean-Luc Courcoult décide de réaliser une réplique parfaite, en béton moulé de l'ancienne auberge.En 2012, la maison est déménagée, à l'aide d'un pousseur de barges d'une compagnie de transport, 25 kilomètres plus loin, en face de la ville de Couëron. Désormais, elle ne bouge plus. Selon son concepteur, sa structure est solidement arrimée au sol et semble flotter entre rêve et réalité. "C'est une maison dont les fondations capturées par la vase penchent légèrement, volets fermés, comme une épave inhabitée, décrit Jean-Luc Courcoult. Image réaliste et poétique, concrète, secrète, silencieuse, cette maison endormie sur la Loire pourrait être un tableau, une peinture en trois dimensions déposée dans le temps". Construite sur pilotis, elle se présente comme un ancien relais abandonné, un repère tel une sculpture témoignant de la gloire du passé.