UN PROJET/ UNE PARTICULARITE. En érigeant une extension d'une centaine de mètres carrés sur une bande de terre large de seulement quatre mètres, les architectes Béatrice Laville et David Cardinal ont relevé un défi. Retour sur cette réalisation hautement technique qui a permis d'agrandir une modeste maison datant des années 40.
La demande était pour le moins atypique. Réaliser une extension sur une parcelle ne mesurant que quatre mètres de large et près de vingt de long. Avec de telles dimensions inutile de dire qu'il ne s'agissait pas à proprement parler d'une parcelle mais, plutôt , d'un bout de terrain ayant abrité un ancien entrepôt.
Les propriétaires d'une modeste maison située près de Nancy avaient réussi à le "récupérer" - en toute légalité, bien sûr - à leurs voisins afin d'agrandir leur lieu de vie. "L'habitation devait passer du statut de maison secondaire à celui de maison principale, il fallait donc améliorer son niveau de confort et, surtout, l'agrandir afin de permettre aux propriétaires à la fois d'y vivre et d'y recevoir du monde", indique David Cardinal, l'un des deux architectes chargés du projet.
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Un bout de terrain à disposition...
Agrandir une maison avec un "bout de terrain" à disposition... La mission confiée à Béatrice Laville et David Cardinal n'était pas simple mais les architectes ont tout de même accepté de relever le défi. "C'est sûr qu'une démolition de la maison existante aurait considérablement simplifié les choses car nous serions repartis à zéro mais les propriétaires étaient tellement attachés sentimentalement à elle qu'ils ont toujours refusé cette solution", explique David Cardinal.
Création d'une extension
Les architectes n'ont donc pas eu d'autre choix que de composer avec l'existant, à savoir une maison datant des années 40 d'environ 150 m2 et ce fameux "bout de terrain" étroit et long accolé à la parcelle d'origine. Comme les propriétaires l'avaient envisagé, ce dernier a pu être récupéré et mis à profit pour la création d'une extension.
Le choix constructif : de l'ossature bois
Pour faciliter la réalisation des travaux et limiter les coûts, Béatrice Laville et David Cardinal ont opté pour une ossature bois complétée par quelques ouvrages maçonnés, utilisés principalement en renfort.
Une extension dans un interstice
L'extension vient prendre place dans l'interstice laissé entre la maison et le mur d'enceinte de la propriété voisine. Toute la surface habitable a été exploitée, ce qui a abouti à la création d'un volume tout en longueur mais aussi, gros inconvénient, à la présence d'un grand mur aveugle à l'intérieur du logement.
De "menus arrangements" pour "attraper" la lumière
Pour pallier cette absence d'ouvertures sur le côté gauche de l'extension, David Cardinal a été obligé d'avoir recours à, comme il aime à dire, de "menus arrangements".
Fenêtre de toit grand format au niveau de l'entrée, triptyque vitré dans la cuisine, patio intérieur, terrasse semi-ouverte, escalier à claire-voie... Un important dispositif a été déployé pour récupérer non seulement de la lumière dans toutes les pièces, même les plus reculées du logement, mais aussi des vues.
Châssis fixe dans le salon
L'architecte est notamment allé attraper la lumière en fond de parcelle grâce à un système de châssis fixe installé dans le salon.
Eviter l'effet "cul de sac"
Le châssis fixe dessine en quelque sorte les contours d'un tableau ouvert sur le paysage. "L'idée était d'éviter l'effet 'cul de sac' de la pièce de vie en longueur en l'ouvrant sur la façade arrière", commente-t-il. Et d'ajouter : "Ce dispositif permet de créer une mise à distance par rapport aux voisins tout en bénéficiant pleinement de la lumière naturelle".
Un sas en bordure de propriété
Cette mise à distance est rendue possible grâce au vide laissé volontairement au-dessus du patio et à la deuxième fenêtre installée en limite de propriété, face à celle qui délimite le salon.
Un cadre sur le paysage...
L'extension se termine ainsi par une sorte de sas qui garantit l'intimité des occupants et ouvre le logement.
Une extension tournée vers l'extérieur
Malgré sa position très engoncée, l'extension se veut en effet très ouverte et tournée vers l'extérieur. D'ailleurs, elle regorge d'aménagements qui renforcent ce rapport privilégié : balcon qui court le long de la façade, loggia, patio, préau au rez-de-jardin... Autant d'éléments que l'on ne s'attend pas du tout à trouver en regardant la maison depuis la rue.
Des vues transversales
Le côté amusant, c'est que "depuis sa maison, on voit sa maison", dixit David Cardinal. L'extension étant implantée de manière perpendiculaire à la maison, l'on peut voir l'extension depuis la maison.
Ici, une vue depuis le côté salon de l'extension. Le balcon est agrémenté d'un garde-corps façon filet en inox.
Trois niveaux
Au final, l'extension se déploie sur trois niveaux : un rez-de-jardin, un rez-de-chaussée où se concentrent les pièces à vivre et un étage occupé par deux chambres et une salle de bains.
Une maison plus intime
La maison, quant à elle, est réservée à des pièces plus intimes. Elle abrite un bureau, la chambre parentale et un garage, construit en lieu en place de l'ancienne cuisine. "L'ajout de l'extension a entrainé quelques changements à l'intérieur de la maison existante. Nous en avons également profité pour changer les menuiseries, refaire l'isolation et la façade", indique David Cardinal.
L'extension abritant le salon, la salle à manger et la cuisine, la vie des occupants s'y concentre désormais.
Une jonction au rez-de-chaussée
La jonction entre les deux bâtiments - extension et maison existante -se fait au niveau du rez-de-chaussée par une ouverture créée dans l'entrée. "Un grand trou a été fait dans le mur de la maison de manière à assurer la liaison entre les deux bâtiments, commente l'architecte. Cela a d'ailleurs suscité une vive émotion de la part des propriétaires : voir leur maison éventrée, même si ce n'était que provisoire, a été difficile à vivre", se rappelle-t-il.
Une enveloppe en zinc
Si la liaison entre les deux bâtiments est très fluide à l'intérieur en revanche, à l'extérieur, le contraste est marqué. Alors que la maison offre une apparence traditionnelle, David Cardinal a choisi de donner à l'extension un look beaucoup plus moderne. Elle est ainsi entièrement habillée de zinc. Un choix audacieux qui a permis de "réveiller" complètement la maison existante. D'un modeste pavillon de ville, elle s'est transformée en "vraie" maison contemporaine.
Fiche technique
Fiche technique :
Lieu : Maxville (54)
Maîtres d'œuvre : Béatrice Laville et David Cardinal
Programme : projet d'extension et rénovation d'une maison datant des années 40
Surface avant rénovation : 158 m2 (maison existante)
Surface après rénovation : 379 m2 soit 221 m2 d'extension
Dimensions parcelle de l'extension : 4 m de large x 20 m