DIAPORAMA. Dans le couloir de la chimie, au sud de Lyon, la ville de Feyzin a choisi de construire sa nouvelle école selon les préconisations du plan de prévention des risques technologiques afin qu'elle puisse résister à une éventuelle catastrophe industrielle au sein de la raffinerie voisine. Le bâtiment a donc été conçu dès l'origine pour faire face au souffle d'une explosion et à un nuage toxique. Explications avec Régis Gachon, l'architecte du projet.
Pour beaucoup, le nom de Feyzin (Rhône) rappelle la terrible explosion de la raffinerie qui a eu lieu le 4 janvier 1966. Une catastrophe industrielle qui avait endommagé tout le quartier avoisinant et fait 18 morts. Dans le cadre de la construction d'une nouvelle école, destinée à remplacer l'établissement Georges Brassens, qui datait précisément de cette période et se trouvait à proximité de l'installation pétrolière et de l'autoroute A7, la municipalité a choisi une approche radicale : édifier un nouveau bâtiment, plus éloigné de la raffinerie, et qui prendra en compte les contraintes liées aux risques industriels. "L'école devait évidemment rester dans le quartier des Razes", nous explique Régis Gachon, architecte. "Un compromis a donc été trouvé avec la DREAL qui a communiqué un plan prévisionnel des risques technologiques, car ce PPRT n'est pas encore acté". Le plan devrait en effet n'être adopté définitivement qu'en 2015.
"Une fois le terrain choisi, un concours d'architecture a été lancé à la fin de 2010. Trois équipes étaient en lice et devaient prendre en compte les préconisations. Nous avons été lauréats de cette consultation avec notre proposition", poursuit l'architecte. Ces recommandations portaient principalement sur la résistance des constructions à une surpression de 50 MPa (correspondant au souffle d'une explosion) et à leur étanchéité face au risque chimique. "Notre réflexion portait sur le fait que le bâtiment ne soit pas ouvert vers le risque", explique Régis Gachon. Afin de répondre au risque, le bâtiment est donc implanté de sorte à former une protection vis-à-vis des salles de classes et des cours de récréation qui sont ouvertes à l'opposé (vers l'Est). "Afin de mieux répondre à la problématique du souffle, l'édifice est en béton avec isolation par l'intérieur", précise-t-il, même si la thermie n'était pas prioritaire.
Présenter peu d'ouvertures côté rue
D'un point de vue architectural et urbanistique, les architectes ont proposé une façade sur rue peu ouverte mais non opaque. "Des cours et des patios à l'étage font que le bâtiment est découpé tout en présentant peu d'ouvertures". Les fenêtres sont très verticales et relativement étroites afin d'offrir moins de prise à la pression, et elles sont toutes équipées de vitrage de sécurité anti-effraction classique, avec une capacité de résistance supérieure. "Pour la ventilation, il s'agit nécessairement d'une VMC double-flux ne présentant pas de prises d'air naturelles à l'extérieur mais des prises d'air mécaniques asservies à une commande d'urgence confiée au chef d'établissement ce qui permet de rendre le bâtiment étanche en cas d'alerte", évoque l'architecte.
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Un surcoût "raisonnable"
Prévue pour être livrée au mois de juillet 2013, après 16 mois de travaux, l'école verra ses premiers élèves faire leur rentrée au mois de septembre prochain. Quant au surcoût estimé de cette construction "durcie", il serait d'environ 10 % selon Régis Gachon, pour un budget de travaux de 2,8 M€ HT. Le financement, en partie assuré par le Conseil général du Rhône, a également été indirectement apporté par le groupe Total qui s'est engagé à racheter le terrain de l'ancien établissement scolaire.
Plan masse
Le bâtiment présente une façade côté rue qui sert d'écran de protection pour les salles de classe, orientées vers l'Est. Cette façade, que l'architecte ne souhaitait pas monobloc, a été découpée et dotée de patios.
Rez-de-chaussée
Les trois salles de classes de maternelles sont disposées le long de la cours de récréation et orientées vers l'Est, dos à la menace.
R+1
De la même manière, les cinq classes de l'école primaire donnent sur la cour.
Vue d'artiste
Les ouvertures côté rue sont limitées en nombre et en surface. Les vitrages sont également renforcés tandis que l'isolation, par l'intérieur, limite les risques de détérioration en cas de souffle d'explosion.
Cour d'école
Le côté opposé à la rue est en revanche largement ouvert et permet à la lumière naturelle de pénétrer dans le bâtiment.
Circulation intérieure
Les couloirs sont éclairés par des ouvertures de faible largeur afin de limiter leur prise au vent, et donc augmenter leur résistance à une éventuelle surpression.
Maître d'œuvre : Atelier Régis Gachon
Programme : réalisation d'une école maternelle (3 classes) et primaire (5 classes) avec restaurant scolaire et espace dédié aux activités périscolaires
Surface : 1.200 m² au sol, 1.900 m² en tout
Bâtiment : R+1
Coût : 2,8 M€ HT