CHANTIER. La construction d'un pôle énergétique au cœur de l'abbaye royale de Fontevraud (Maine-et-Loire), classée Monument historique, a été l'occasion pour l'édifice de faire un bond technologique et d'entrer dans le 21e siècle. La chaufferie bois, enterrée, et les locaux techniques attenants ont été conçus et réalisés par un groupement de PME. Renaud Bonnel, gérant de l'entreprise éponyme, nous éclaire sur ce chantier.
"Comment un Monument historique peut-il s'inscrire dans le futur ?", est une épineuse question à laquelle Renaud Bonnel, gérant de l'entreprise générale de bâtiment Bonnel, semble avoir trouvé une réponse. La PME a, en effet, participé à la conception et la réalisation d'un pôle énergétique dans l'enceinte de l'abbaye royale de Fontevraud, en Anjou. "Cela a été notre projet phare de 2012, et il a été très intéressant en termes d'image et de développement de compétences", annonce-t-il.
Car pour l'entreprise familiale qui emploie 120 personnes, dont la moitié dans la rénovation-réhabilitation de monuments historiques et l'autre moitié dans la construction neuve, le défi a été de taille. "Participer à une phase de conception était une première pour nous. Il a fallu trouver les fonctionnalités utiles liées aux fonctions de l'ouvrage : un quart seulement est dévolu à la chaufferie, le reste étant occupé par les services généraux", précise Renaud Bonnel. C'est en partenariat avec une autre PME, Hervé Thermique, mandataire du projet, que l'entreprise générale a remporté l'appel d'offres lancé en 2011 par la région Pays de la Loire. "Il a fallu travailler avec l'architecte en chef des Monuments historiques, assistant maître d'ouvrage sur l'opération", raconte le gérant.
Intégrer le développement durable au site de l'abbaye
Le projet devait répondre aux demandes du programme de conversion énergétique du programme "Fontevraud, cité durable", impliquant une division par deux de la consommation par rapport au niveau de 2011 et une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre. Le recours aux EnR était donc indispensable, tout en prenant en compte l'intégration paysagère du bâtiment, essentielle dans le site classé au niveau national, mais également au Patrimoine mondial de l'Unesco. "C'était un défi majeur, il n'y avait pas eu de construction neuve à Fontevraud depuis 1930", nous explique Renaud Bonnel. Autre contrainte, le délai de livraison afin d'assurer l'approvisionnement énergétique du site alors que les travaux avaient lieu dans un site encombré, recevant plus de 170.000 visiteurs par an, posant des problèmes pour les livraisons par camion. Le chantier a donc été mené tambour battant, en 12 mois.Découvrez le chantier en images dans les pages suivantes.
De nombreuses contraintes liées au site
Les étapes de déblaiement et de réalisation des fondations ont été particulièrement délicates, en raison de la nature historique du site, interdisant le recours à des fondations profondes de type pieux, et de la nature hydrographique du terrain, entouré de nombreuses sources. "Les services archéologiques ont imposé une limite de côte de 6 mètres d'excavation, d'où le choix du radier", précise le gérant de l'entreprise Bonnel. S'ajoutaient des contraintes d'exploitation du bâtiment, en relation avec la chaufferie : "Pour l'évacuation des fumées, il était hors de question d'installer une grande cheminée inox. Elles sont donc dirigées vers des filtres à particules en céramique avant d'être orientées vers une petite cheminée d'un bâtiment existant qui a été entièrement déconstruit et reconstruit, pierre par pierre". De quoi donner du travail aux spécialistes de ce matériau employés par la PME.
Nombreuses fonctionnalités
Outre ces équipements de chauffage, de deux fois 500 kW, le bâtiment accueille également des espaces de stockage utiles à l'abbaye, des bureaux pour les services techniques, une zone dédiée à la gestion technique d'un hôtel installé dans le prieuré Saint-Lazare et une installation de valorisation des déchets. Le pôle dispose d'un système de récupération des eaux de pluie pour les réutiliser. "Et la terrasse végétalisée sert de plateau scénique ou de gradin pour les animations organisées. D'où la nécessité d'installer des arrivées d'énergie", fait valoir Renaud Bonnel. Afin de faire face à tous ces défis, l'entreprise précise avoir embauché un jeune ingénieur : "En termes d'encadrement, nous nous sommes structurés", déclare le gérant, satisfait d'avoir réalisé ce chantier et de l'avoir remporté face à des grands groupes du BTP.
Fiche technique
Opération : création d'un pôle énergétique enterré au sein d'une abbaye royale du 12e siècle
Maître d'ouvrage : région Pays de la Loire et cabinet Grémont (architecte du patrimoine)
Bureau d'études : Hervé Thermique (génie climatique)
Entreprise générale : Bonnel (maçonnerie)
Autres intervenants : Borjon Piron (plâtrerie, carrelage)
Surface : 2.300 m²
Chaufferie : 2x 500 kW
Coût total : 5,5 M€
Maître d'ouvrage : région Pays de la Loire et cabinet Grémont (architecte du patrimoine)
Bureau d'études : Hervé Thermique (génie climatique)
Entreprise générale : Bonnel (maçonnerie)
Autres intervenants : Borjon Piron (plâtrerie, carrelage)
Surface : 2.300 m²
Chaufferie : 2x 500 kW
Coût total : 5,5 M€
Murs de soutènement
Les murs de soutènement de 30 cm d'épaisseur ont été montés sur plus de 6 mètres de hauteur. Ils reposent sur un radier, également de 30 cm d'épaisseur, pour répondre aux contraintes du sol (G12). Le gros œuvre de maçonnerie a totalisé 7.400 heures de travail. Le radier, à lui seul, a nécessité 470 m3 de béton armé, mis en œuvre grâce à deux pompes à béton et plus de 75 camions toupies.
En cours de réalisation
La chaufferie, en cours de réalisation, devait permettre l'intervention du chauffagiste la plus rapide possible.
Chaufferie réalisée
Les voiles intérieurs sont en cours d'achèvement, permettant le début de pose du plancher haut qui formera une terrasse végétalisée.
Coursive
Les liernes de renvois d'effort entre le mur de soutènement (à droite) et la structure centrale (à gauche). On aperçoit les ouvertures des futurs bureaux.
Etanchéité
Mise en œuvre de l'étanchéité avant isolation, gravidrain et terre végétale.
Chaufferie
Les deux chaudières bois de 500 kW sont alimentées par des ressources locales par des camions (20 rotations annuelles) en provenance de l'unité Anjou Bois Energie, située à 27 km. Environ 300 tonnes de granulés bois seront consommées par an. Le temps de retour sur investissement est évalué à 6 ans.
Panneaux photovoltaïques
La rue de desserte entourant le bâtiment enterré est recouverte de panneaux vitrés photovoltaïques qui permettent un éclairage de second jour tout en assurant l'autonomie énergétique de fonctionnement du bâtiment.
Discrétion
La toiture a été garnie de 40 cm de terre végétale engazonnée. Elle a été conçue pour supporter la charge d'un plateau scénique (500 kg/m²).