ARTISANS. En amont des Journées Professionnelles de la Construction qui se tiendront du 10 au 12 avril 2019 à Nice, les Unions nationales de la Capeb livrent les grands thèmes qui seront abordés. David Morales (président de l'UNA des métiers du plâtre et de l'isolation) et Jean-Jacques Châtelain (président de l'UNA Peinture-vitrerie-revêtements) évoquent les éléments qui les rapprochent… ou les divisent.
En dehors de la rétrospective de l'année écoulée et des actions menées par les Unions nationales artisanales (UNA), les participants aux Journées Professionnelles de la Construction, qui se dérouleront sur la Côte d'Azur du 10 au 12 avril prochain, pourront également assister à différentes présentations thématiques. Jean-Jacques Châtelain, président des peintres et vitriers, signale par exemple un focus sur les véhicules professionnels électriques, équipés pour les artisans, ou sur les outillages spécifiques. Des échanges seront également organisés autour de l'évolution des modes de négoce, notamment avec le président de la Fédération nationale de la décoration (FND). Son homologue des métiers du plâtre et de l'isolation, David Morales, évoque, pour sa part, la formation et un travail sur la communication des métiers de l'UNA.
De nombreux thèmes transverses seront traités, dont "l'artisanat de demain", la "maison écologique" ou le travail avec "les plateformes de vente". Il sera aussi question de sinistralité - qu'il s'agisse de tempêtes ou d'inondations - et de sécurité incendie. David Morales explique : "Les produits de la construction sont différents d'il y a quelques années. Il y a la présence de photovoltaïque sur les toitures. Les pompiers doivent donc prendre plus de précautions pour intervenir". La normalisation et l'évolution des DTU occupera une partie des journées : "Le DTU 25.41 plafonds en plaques de plâtre a vu entrer les cloisons alvéolaires et les plafonds chauffants-rayonnants. Ces produits deviennent traditionnels", précise-t-il. Concernant l'isolation, la mise en œuvre des isolants polyuréthane fera l'objet de la publication d'un guide, tandis que les plafonds modulaires disposeront d'une documentation spécifique. Les certificats d'économies d'énergie, dispositif en évolution constante, seront évoqués à Nice, tout comme la question de la numérisation des filières, avec le rôle d'ADN Construction dans le cadre du plan BIM 2022. Des sujets entamés par le Plan de transition numérique dans le bâtiment seraient à poursuivre, en les faisant descendre du niveau national vers les territoires. "Les jeunes entrepreneurs doivent prendre conscience que pour répondre aux appels d'offres, il faudra de la maquette numérique, on le leur demandera, ce qui est différent des marchés traditionnels. Il a un travail à faire dans toutes les Capeb régionales sur les questions de sous-traitance ou d'indépendance pour les entreprises qui ne disposent pas d'outils BIM", avancent les experts.
Des métiers qui ne dialoguent pas assez
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La problématique des interfaces entre plâtriers et peintres, qui fâchent parfois les deux corps de métier, sera évidemment abordée lors des Journées Professionnelles de la Construction. Jean-Jacques Châtelain relate : "La réception des supports entre peintres et plâtriers est un vieux débat. Le devis des peintres a augmenté parce que les plaquistes font moins d'interventions de préparation de surface. Or le DTU existe et il est clair, chacun doit faire son boulot. Un groupe de travail a donc été relancé, à l'initiative d'artisans du Midi où les habitudes de travail sont différentes. Il débouchera sur la rédaction d'une fiche avec conseils et idées de processus, et peut-être d'un fascicule de 'travail du support' contenant des bonnes pratiques". Une initiative qui aura de l'importance pour les plus gros chantiers où la multiplication des interventions et donc des coûts. David Morales répond : "L'interface est délicate entre plaquistes et peintres. Peut-être faudrait-il penser à travailler sur un DTU des interfaces entre les différents métiers ?". Le président des plâtriers poursuit : "Il faut apprendre à connaître le travail de l'autre et les produits qu'il utilise pour se coordonner". Les deux présidents d'UNA notent que les filières sont souvent très différentes, avec certaines où les industriels sont prépondérants, et d'autres où ce sont les négoces ou les fournisseurs d'énergie. Des mondes qui ne dialogueraient pas assez. Jean-Jacques Châtelain identifie, pour sa part, deux causes principales aux non-qualités parfois relevées : "Le coût et la perte de qualité de la main d'œuvre. Certains se dépêchent…"
Sur les déchets, les responsables de la Capeb sont également d'accord : le président de l'UNA des peintres signale qu'il y a un souci avec les déchetteries locales fermées aux artisans. "Il faut mettre à disposition des endroits pour récupérer leurs déchets !". Son homologue des plâtriers renchérit : "Jusqu'à maintenant, il était toléré que les artisans mettent leurs déchets en déchetterie, mais cela serait bientôt interdit ? Comment faire ? Lorsqu'on loue une benne à 10.000 €/an auprès de spécialistes des déchets, à qui refacturer ?". Un problème pour les professionnels, mais également pour les particuliers et pour les collectivités. Le passage d'un système de reprise gratuite des déchets à un système payant semble toutefois inéluctable. L'application Ecodrop semble, pour les professionnels, être une bonne idée qui trouvera son modèle économique.