La ville de Saint-Etienne est en pleine mutation. Le grand projet d’urbanisme «Saint-Etienne 2015» lancé en 2004 change progressivement le visage de la ville à travers notamment la Cité du Design, le Zénith ou encore la construction d’un nouveau quartier d’affaires. Retour sur la politique de la ville en mouvement avec Fabienne Cresci, chargée de l'Urbanisme.

La deuxième ligne de tramway, le Zénith de l’architecte Norman Foster ou encore la Cité du Design font partie du projet d’urbanisme «Saint-Etienne 2015». Ce vaste projet de renouvellement urbain lancé en 2004 est l’occasion de revenir sur la politique de la ville, en particulier avec l’arrivée récente de nouveaux élus au sein de la municipalité et du nouveau maire de Saint-Etienne, Maurice Vincent. Fabienne Cresci, directrice générale adjointe pour l’urbanisme et le développement, fait le point sur la situation de la ville.

Batiactu : Comment a évolué l’urbanisme de la ville de Saint-Etienne ?
Fabienne Cresci : Construite au 19ème siècle, la ville a été peu à peu agrandie par des extensions en périphérie sur les quartiers sud-est et nord par exemple (Montchovet, Beaulieu, la Métare, Montreynaud) et des annexions suburbaines (Terrenoire, St Victor, Rochetaillée). L’originalité de Saint-Etienne tient à son activité artisanale importante : le charbon, l’artisanat du fer et la rubanerie de soie. Ces principales ressources lui ont permis de se développer et ont façonné son espace : des quartiers centraux traditionnels, des collines urbanisées avec des constructions de type immeuble de passementerie, côtoient les quartiers périphériques construits dans les années 60/70 et les secteurs de plaine (le Marais par exemple), qui accueillent les industries lourdes. Les différentes crises économiques ont engendré de nombreuses friches industrielles, la paupérisation du centre-ville et la fragilisation sociale du parc immobilier. Entre 1990 et 1999, la ville a perdu 20.000 habitants et ce mouvement de baisse continue encore aujourd’hui. Saint-Etienne doit, comme les autres métropoles confrontées à une désindustrialisation importante, se concentrer sur le renouvellement urbain tout en valorisant son patrimoine existant comme un atout pour l’avenir. L’ambition est de reconstruire la ville sur elle-même.

Batiactu : Quelle est la politique du nouveau maire ?
Fabienne Cresci : Pour le nouveau maire, l’enjeu est de coupler une démarche de redynamisation économique et de qualité de l’habitat afin de rendre la ville attractive pour des populations qui l’ont quittée et pour des ménages qui cherchent à s’inscrire dans un parcours résidentiel. Les actions prioritaires sont la rénovation accélérée des quartiers et du parc d’habitat, et la production d’un parc adapté aux attentes de la population. Pour cela, le dispositif Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) qui se développe sur 4 quartiers est opérationnel depuis 2005. Il concerne deux quartiers des années 70 (Montreynaud et quartiers Sud Est) et deux quartiers anciens du centre-ville (Crêt de Roc et Tarentaize Beaubrun Séverine). La création d’un Etablissement Public d’Aménagement (EPA) depuis janvier 2007 permet d’amplifier cette mutation par la rénovation sur d’autres secteurs du centre-ville (Jaquard, Frères Chappe, St Roch et Centre). La production de logements neufs est estimée à 750 unités par an pendant 10 ans. L’attractivité commerciale de la ville centre et la qualité de la vie est un autre enjeu majeur. L’aménagement urbain qui a déjà permis la rénovation d’espaces publics de centre-ville et de places de quartiers va se renforcer, notamment par des interventions sur les espaces verts et les parcs. L’extension du centre ville semi-piétonnier et le développement des pistes cyclables et des modes doux s’inscrivent dans cette démarche. La qualité retrouvée des espaces publics est une des dimensions importantes de conquête d’une nouvelle attractivité de la ville centre. L’ensemble des projets sera conduit dans le souci de répondre aux exigences du développement durable (logement, bâtiments publics, aménagements urbains, …).

Batiactu : Quelle est la spécificité architecturale de la ville de Saint-Etienne ?
Fabienne Cresci : L’architecture de la ville est liée à la forte présence de l’industrie et de l’artisanat dès le 19 è siècle. On observe notamment des immeubles de passementiers notamment à flanc de colline, maisons de «maîtres» en périphérie du centre, des bâtiments industriels ou friches industrielles telles que celle de la Manufacture, ou de Manufrance en partie rénovée aujourd’hui. Il reste de vastes espaces à reconquérir, notamment sur le secteur plaine Achille, où des habitats traditionnels ont été rénovés dans le cadre de l’Opération de traitement de l’habitat ancien (OTHA) sur les secteurs ouvriers de la ville.

Découvrez quelques exemples de grands projets urbains à Saint-Etienne

Saint-Etienne en chiffres

19ème siècle : construction de la ville de Saint-Etienne
1995 : création de la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole
43 communes au sein de Saint-Etienne Métropole
2ème communauté d’agglomérations de la région Rhône-Alpes
6ème communauté d’agglomérations de France
400.000 habitants environ au sein de l’agglomération

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