UN PROJET, UNE PARTICULARITE - Le futur palais de justice de Caen présentera une géométrie simple et une solennité qui siéront à la mission de l'institution. Dessiné par BE Hauvette et l'atelier d'architecture Pierre Champenois, il veut donner l'image d'une Justice ouverte et accueillante, proche des citoyens.
Le tribunal de grande instance de Caen (Calvados), occupait jusqu'à présent un édifice néoclassique de la place Fontette, qui datait de la fin du 18e. Classé à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, pour ses deux escaliers, sa salle des Abeilles, ses façades et toitures, son péristyle et son vestibule, le bâtiment nécessitait une restructuration lourde : la moitié des planchers présentaient un défaut de solidité et les façades apparaissaient fragilisées. Un temps envisagée, l'opération de rénovation a finalement été écartée par le ministère de la Justice à cause de son coût. Décision a été prise de construire un nouveau tribunal au coeur de la ville. Et c'est l'agence BE Hauvette Paris (du groupe Baumschlager Eberle), associée à l'Atelier d'architecture Pierre Champenois, qui a été choisie.
"Le projet (…) exprime avant tout l'importance de l'institution", explique le cabinet BE Hauvette. La géométrie simple permet de dégager le rôle essentiel à l'égard de la société. "Tout a été question de durabilité : économique, énergétique et identitaire. Le volume compact a dicté le choix d'exportation de la salle des pas perdus à l'extérieur de la structure, afin de gagner de la place", explique Anne Speicher, gérante de BE Hauvette. "D'où une géométrie radicale et lisible", insiste l'architecte. La salle des pas perdus est donc suspendue, à l'extérieur de la structure, en porte à faux sur tout le pourtour, dégageant ainsi une vue panoramique sur la cité normande. Les bureaux, situés dans les étages supérieurs, bénéficient eux aussi de ce panorama en étant implantés en couronne extérieure. "Vu la compacité du volume, pour que tous les espaces de travail, et notamment les salles de réunion et de délibération, profitent d'un accès à la lumière naturelle, le projet intègre un atrium", prévient Anne Speicher.
Performance énergétique
Cet espace, aménagé sur toute la hauteur de l'édifice, a également pour vocation de jouer un rôle dans la régulation bioclimatique des espaces. Par une double stratégie, passive et active, le projet s'assure d'une basse consommation, conforme à la RT 2012 : façade en double peau et atrium permettent de réduire les déperditions et augmentent l'inertie thermique du bâtiment. Une pompe à chaleur géothermique avec sonde sur nappe d'eau souterraine vient compléter le dispositif en permettant de fournir chauffage en hiver et rafraîchissement en été. Les matériaux sélectionnés auront un faible impact environnemental, et la récupération des eaux de pluie ou la ventilation naturelle de la salle des pas perdus permettront de répondre à l'enjeu écologique.
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Un vaste projet d'urbanisme sur la presqu'île
"Le palais de Justice s'inscrit dans un plan plus large d'urbanisme de la presqu'île de Caen. Il y aura notamment une grosse bibliothèque multimédia signée Rem Koolhaas à proximité", explique l'architecte de BE Hauvette. Si le plan n'a pas encore été arrêté - trois projets ont été présentés - le cabinet d'architecture travaille déjà avec la ville de Caen dans le sens de son intégration. Le chantier de construction démarrera au troisième trimestre de l'année, pour s'achever dans deux ans, au troisième trimestre 2015.
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Plan masse
Le projet présente un plan d'une grande simplicité géométrique. Il est implanté dans la zone de la presqu'île de Caen, en bordure du canal qui relie la ville à la mer.
Rez-de-chaussée
Le bâtiment, très compact, fait appel à une structure de poteaux porteurs en béton sur la périphérie de la façade. Un atrium circulaire est ménagé au coeur de l'édifice.
R+1
La salle des pas perdus est implantée en porte-à-faux extérieur. Imaginée comme une césure structurelle et symbolique, elle offre une vue panoramique sur Caen et ses monuments, tout en donnant à voir "l'image d'une justice ouverte et accueillante".
Coupe
Le bâtiment vu en coupe. Il montre à la fois sa grande simplicité géométrique et l'importance de l'atrium central.
Atrium bioclimatique
Outre sa fonction dans l'apport de lumière naturelle aux salles de travail situées vers l'intérieur du bâtiment, l'atrium jouera également un rôle dans la régulation bioclimatique de la température grâce à sa ventilation naturelle.
Salle des pas perdus
La salle des pas perdus permet de profiter d'une vue panoramique sur Caen et ses monuments.
Salle d'audience pénale
Une salle d'audience pénale aux accents très géométriques.
Vue de nuit
Le tribunal joue des effets de transparence à la nuit tombée.
Partenaire public : Ministère de la Justice/Agence publique pour l'immobilier de la Justice
Partenaire privé : Cicobail/Caisse d'Epargne
Promoteur : Adim Normandie Centre
Architectes : BE Hauvette Paris (mandataire), Atelier d'architecture Pierre Champenois (associé)
Paysagiste : Sempervirens
Entreprise générale : Sogea Nord-Ouest
Autres intervenants : Egis bâtiments Centre-Ouest (fluides), Egis Concept - Elioth (conception environnementale), Prisme ingénierie (économie), Bureau Veritas (contrôle), Vinci Facilities (maintenance)
Surface : 9.242 m² de planchers
Coût de construction net : 21,1 M€
Calendrier : décembre 2012 (signature du contrat), 3e trimestre 2013 (début des travaux), 3e trimestre 2015 (mise en service).