RESTAURATIONS. Les tickets de la loterie sont en vente depuis ce lundi 3 septembre et une partie des fonds servira à financer une mission de sauvegarde du patrimoine confiée à Stéphane Bern. Mais ce dernier exprime une certaine colère dans les médias sur le manque de moyens accordé par l'Etat ainsi que sur la loi Elan. Détails.
Les "Jeux du patrimoine" de la Française des Jeux (FDJ) sont lancés. Depuis ce lundi 3 septembre, il est possible d'acheter chez les buralistes des tickets à gratter d'une valeur de 15 € contre un gain espéré de 1,5 M€. Sur le prix du ticket, 1,52 € sera reversé à la Fondation du patrimoine. Autre tirage au sort, celui prévu le vendredi 14 septembre à la veille des Journées européennes du patrimoine : cette fois, FDJ organise un super loto exceptionnel proposant un jackpot de 13 M€ minimum ainsi que 50 codes Super Loto tirés au sort et permettant de remporter 20.000 € chacun. Prix de la grille : 3 € dont 0,75 € reversés pour la sauvegarde de monuments. Montant de la récolte espéré pour les vieilles pierres : 15 à 20 M€. Des chiffres qui auraient dû donner le sourire à Stéphane Bern, à qui le chef de l'Etat a confié la mission de sauver les édifices en péril. Cependant, le principal intéressé exprime son mécontentement dans la presse.
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Un bilan de la mission patrimoine à la fin de l'année
Dans les journaux du groupe Est-Bourgogne-Rhône-Alpes, il estime n'être qu'un "pantin". S'il se dit "satisfait d'avoir réveillé l'intérêt des Français pour cette cause", il souligne le paradoxe de la politique patrimoniale du pays : "J'entends qu'on est prêt à mobiliser 450 M€ pour rénover le Grand Palais à Paris. Et pendant ce temps, on me laisse me décarcasser pour trouver 20 M€ pour le patrimoine vernaculaire des petits villages…". L'animateur télé semble prêt à rendre son tablier d'ici à la fin de l'année, quand la première édition de la loterie sera passée et qu'un premier bilan pourra être dressé : "Si tout cela n'est qu'un effet d'annonce, je partirai. Je ne veux pas être un cache-misère". Stéphane Bern s'en prend également à certains élus et au projet de loi Elan. Ce lundi 3 septembre, sur RTL, il explique : "Au Parlement, les élus ont eu gain de cause contre les Architectes des Bâtiments de France et ils ont voté d'une seule voix pour la loi Elan. Ca fait 120 ans qu'ils veulent la peau des ABF, donc ils vont l'avoir". Car le texte prévoit que l'avis de ces architectes ne sera plus contraignant mais uniquement consultatif dans certaines situations. Le chargé de mission s'en émeut et craint que cela ne permette de "détruire des quartiers entiers". Jacques Mézard répond : "Il ne s'agit pas de supprimer l'avis des ABF, il s'agit, dans deux cas - antennes de téléphonie mobile et puis habitat indigne - de venir à un avis simple". Les sénateurs ont d'ailleurs modifié le texte au mois de juillet, satisfaisant une partie des revendications des architectes.
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Stéphane Bern contre les ministres
Le ministre de la Cohésion des territoires ajoute : "Je comprends parfaitement que Stéphane Bern considère que lui, pour sa mission, n'a pas suffisamment de moyens (…) mais il n'y pas que ces 15 à 20 M€ qui sont dirigés sur le patrimoine". Le membre du gouvernement rappelle le plan Action Cœur de ville qui mobilisera 5 Mrds € sur cinq ans pour revitaliser 222 villes moyennes. Insistant sur le rôle des élus locaux, il conclut : "S'il y a encore un grand patrimoine de qualité dans nos villes et villages, c'est grâce à l'action des collectivités locales. Les maires ne sont pas irresponsables. Ils ont besoin de l'avis des Architectes des bâtiments de France, ils n'ont pas non plus, dans certains cas, à se soumettre à un pouvoir excessif". De son côté, l'animateur précise avoir récemment échangé avec Emmanuel Macron : "On s'est parlé ce weekend, il m'a donné tout son soutien. Il m'a dit qu'il mettrait tout en œuvre pour que je réussisse et que la mission patrimoine soit un succès". Le président de la République pourrait-il donner raison à son chargé de mission à l'occasion du remaniement ministériel qui s'annonce, certaines sources évoquant les départs de Jacques Mézard et de Françoise Nyssen du gouvernement.